THE WALKING UNDEAD
Chronique du film RÉINCARNATIONS (DEAD & BURIED)
Date de sortie : 1981
Genre : Horreur, Fantastique
Durée : 94 minutes
Réalisateur : Gary Sherman
L’article d’aujourd’hui portera sur le petit film d’horreur DEAD & BURIED de Gary Sherman, avec Dan O’Bannon et Ronald Shusett au scénario, qui porte le nom RÉINCARNATIONS en VF. Attention, à ne pas confondre avec THE RESURRECTED (chroniqué ici) réalisé par ce même Dan O’Bannon, qui lui n’a pas de titre VF.

La jaquette US du film ne s’y est pas trompé en mentionnant « from the creators of ALIEN » pour vendre le film. En effet, il valait mieux miser sur les scénaristes Dan O’Bannon et Ronald Shusett qui ont œuvré sur le film de Ridley Scott, plutôt que sur le réalisateur Gary Sherman qui n’a été aux commandes que de 4 autres films qui n’ont pas défrayé la chronique. Cela dit, soyons honnêtes, DEAD & BURIED non plus n’a pas beaucoup fait parler de lui malgré un succès correct au box office. Et pourtant, nous allons voir que ce petit film sans prétention est fort sympathique.
Comme pour LE RETOUR DES MORTS VIVANTS, et même THE RESURRECTED qui adaptait l’affaire Charles Dexter Ward de H.P. Lovecraft, le sujet principal du film est à nouveau…les morts-vivants. Pas vraiment les zombies tels qu’on les connaît, mais en tous cas des individus revenus de l’au-delà (si on extrapole un peu, c’est aussi ça l’affaire Charles Dexter Ward.)

Welcome to Potters Bluff, stranger !
Tout commence alors qu’un photographe venu de St. Louis prend des clichés d’une jeune femme sur la plage d’une petite bourgade, Potters Bluff. Celle-ci est rapidement rejointe par plusieurs personnes à l’allure étrange. Alors que rien ne laissait supposer une quelconque animosité envers le photographe (surnommé Freddie), la bande va pourtant décider de le brûler vif, comme pour empêcher toute identification. Mais à la surprise du shérif Dan Gillis (James Farentino) venu étudier le corps, « Freddie » ne va pas mourir sur le coup. Complètement défiguré, il va être admis en soins intensifs…jusqu’à ce qu’une infirmière décide de l’achever. Pourquoi s’acharner sur ce photographe que personne ne connait et qui passait juste en vacances à Potters Bluff ? Et il n’est pas le seul à déguster. Peu de temps après, c’est un marin bourré qui se fait passer à tabac jusqu’à ce que mort s’ensuive. Que signifie ces meurtres ? Et pourquoi tant d’habitants semblent de mèche pour les dissimuler ? C’est ce que va essayer de comprendre le shérif. Sauf que l’enquête va prendre un sacré virage quand Freddie va réapparaitre…pas du tout brulé, et visiblement…vivant ? Non ?

Freddie en steak haché
Évidemment comme Freddie n’était pas du coin et qu’il n’a pas été possible de l’identifier à cause de ses blessures, rien n’est sûr et au départ le shérif ne saura pas quoi en penser. Freddie lui-même ne semble pas se souvenir d’avoir été agressé et d’avoir fini à l’hôpital. Il ne semble même plus être photographe mais pompiste dans une station service du patelin.
Est-ce bien Freddie ? Est-il un zombie ? Si oui, pas du genre à bouffer des cerveaux parce qu’il se comporte comme quelqu’un de normal. Et bizarrement à présent, tous les individus de mèche pour commettre les meurtres semblent tolérer sans problème la présence de Freddie…comme s’il avait rejoint leur « groupe ».
Et je n’en dirais pas plus. DEAD & BURIED est un film qu’il vaut mieux découvrir sans trop savoir à quoi s’attendre. J’en ai peut être même déjà trop dit. D’une certaine manière, on pourrait voir le concept de ce film comme une version moderne du zombie haïtien qui ne se promène pas pour manger les vivants, mais se fond davantage parmi eux. À la différence qu’ici les morts sont tout à fait capables de se faire passer pour des vivants d’eux-mêmes. C’est une idée effrayante qui rend le suspense palpable et les révélations choquantes. Le spectateur a malgré tout une longueur d’avance et finit par comprendre le pourquoi du comment (il ne s’agit pas d’un twist final, le film ne cache pas si longtemps que ça ses secrets), mais ça n’empêche pas qu’il réserve des surprises ultimes. Parce qu’avec une idée pareille, vous vous doutez bien qu’on va avoir des surprises en apprenant qui est déjà mort et…depuis quand.

Freddie…en pleine forme ?
Au rayon des défauts du film, c’est un peu toujours les mêmes que pour THE RESURRECTED ou même LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS. Tous les acteurs ne sont pas super convaincants (il y a plusieurs petits rôles ou figurants qui n’ont rien tourné d’autre de leur carrière), la mise en scène n’a également rien d’original et l’esthétique globale de l’image fait un peu téléfilm.
Cependant, c’est un peu facile comme critique. Je me dois de le mentionner parce que le but d’une chronique n’est pas juste de donner un avis personnel, mais aussi d’informer les lecteurs de ce qui peut plaire ou déplaire, et s’ils veulent investir du temps et de l’argent dans une œuvre. Il est donc utile de préciser que le film fait un peu fauché. Cependant, ce n’est pas un reproche que je fais aux cinéastes responsables du métrage. Peut-être qu’ils auraient pu mieux faire, mais peut-être aussi qu’avoir un budget plus conséquent aurait aidé. On n’est pas dans le cas d’une BD où la liberté est totale pour découper les scènes comme on le souhaite. Et comparer des films aux budgets de 100 millions à d’autres au budget de 5 millions comme ce DEAD & BURIED, c’est toujours un peu délicat.

Tant de morts…
Le film parvient tout de même à se montrer effrayant avec quelques effets gores et maquillages réussis (signés Stan Winston quand même !), et une ambiance poisseuse et sinistre (qui au final bénéficie d’une image pas très jolie de téléfilm, que ce soit volontaire ou non). Si ce n’est pas parfait, il y a malgré tout quelque chose dans ces films de la fin des années 1970 et début 1980 qu’on a définitivement perdu, c’est cette ambiance un peu crade et lugubre qui provenait à la fois de la pellicule, des éclairages moins flatteurs qu’aujourd’hui, et donc d’une technologie moins poussée. Les films d’aujourd’hui sont plus beaux, oui…mais ont-ils tous besoin de l’être si on veut continuer de proposer de la variété dans les ambiances ? Est-ce qu’un film d’horreur fonctionne mieux avec une esthétique de pub pour parfum ? Je n’en suis pas sûr. Je dois avouer que ces films poisseux et sinistres me mettent plus mal à l’aise que ceux à l’image hyper léchée.

Vivants ou morts ?
Du coup ouais, c’est un peu moche, maaaaiiiis…ça a aussi son charme « rétro crado » qui donne une saveur particulière au film.
En conclusion, sans être extraordinaire, c’est une chouette série B sur le thème du mort-vivant, assez originale dans son traitement. Un petit film à découvrir.