STAR WARS : LA TRILOGIE ORIGINELLE
Dossier sur le phénomène STAR WARS au temps de la trilogie originelle
Date de sortie des films : 1977, 1980 et 1983.
Genre : Space opera.
Une époque où on savait faire des affiches de cinéma !
Parce que c’est tout simplement incontournable pour un espace dédié à la culture de genre, cet article portera sur la trilogie originelle de la saga STAR WARS. Berceau de la culture populaire, les trois films réalisés à la fin des années 70 et au début des années 80 vont devenir des objets de culte et générer à eux seuls un véritable ras de marée et un pur phénomène de société qui ne fera que s’imposer un peu plus au fil du temps et de la prolifération des produits dérivés.
Les enfants qui les découvrirent à l’époque demeureront éternellement des enfants, un peu comme si la valeur de leur découverte était telle, qu’elle méritait d’être préservée indéfiniment. Remontons à présent le temps, afin de se rappeler comment tout a commencé…
En fait, tout commença dans le vide intersidéral de l’espace infini…
Nous sommes en octobre 1977. Je suis un tout petit garçon, d’un âge qui ne laisse guère de souvenirs. Et pourtant…
Le mercredi 19, cinq mois après sa sortie américaine, le film qui se nomme encore LA GUERRE DES ÉTOILES sort sur nos écrans. Le samedi 22, mes parents lâchent le morceau : « Tu sais quoi ? Demain on va au cinéma, on va voir un film de science-fiction avec tout plein de robots et de vaisseaux spatiaux ?« . Le dimanche 23 aurait dû ainsi être le grand jour. Il n’en sera rien. En fin de matinée, puisqu’il commence à faire froid en cette pluvieuse journée d’automne, ma mère m’impose ce satané pull en laine orange et serré, honni entre tous. Aujourd’hui encore, je ne supporte pas la laine, qui me démange atrocement, et je ne supporte pas les vêtements qui me collent à la peau ! Évidemment, quand on a cinq ou six ans et que l’on veut manifester son mécontentement, on le fait rarement en construisant de savantes tirades argumentées du style « Diantre ! Ne comprenez-vous pas, chère maman, que ce textile râpeux et incommodant me picote ostentatoirement l’épiderme ?« .
… et tout se poursuivit dans le vide désertique d’une planète lointaine…
Et c’est donc face à mes gémissements désespérés que tombe la sentence : « Nous irons au cinéma sans toi. Puisque tu refuses de mettre ton pull et que tu fais des caprices, tu resteras à la maison avec ta grande sœur ?« . Après quelques heures de pleurs et de suppliques inutiles, je passe donc un des pires après-midis de mon existence, à regarder ma sœur (dont l’appétence pour les films de robots et de vaisseaux spatiaux est inexistante, tandis qu’elle préfère coller des posters de Claude François sur chaque mur de sa chambre) dans le blanc des yeux, alors qu’il pleut au dehors, et que la plupart des terriens sont en train de découvrir le phénomène cinématographique du siècle…
Je leur en voudrai longtemps pour cela, à mes parents…
Hélas, je n’étais pas au bout de mes peines : Le lundi 24, à l’école, une plus grande souffrance m’attend encore : Tous mes copains ont vu le film ! J’essais de glaner ça et là un maximum de renseignements sur cette chose qui devient, heure après heure, mon plus grand fantasme ! J’apprends ainsi que cette histoire parle de chevaliers de l’espace, d’un certain « Luc » et de son père « Machin Kénobi« . Il y a aussi une princesse et un abominable méchant. Celui-là, personne n’ose égratigner son nom de peur qu’il ne vienne se venger en personne : Il s’appelle « Dark Vador« …
La plus belle des collections est toujours celle que l’on n’aura jamais…
Mais la malédiction de ce pull orange de l’enfer va se poursuivre, pour encore bien longtemps. Car alors que les figurines articulées STAR WARS commencent à pulluler dans les cours de récré, que je découvre ébahi chez mes copains de l’époque tous ces magnifiques vaisseaux miniatures et autres créatures mythiques, la sentence, chez moi, demeure toujours la même : Comme par pure vengeance inconsciente, la réponse de ma mère s’impose de manière immuable : « Pas question d’acheter ces machins. Trop cher » (même résultat que pour le Goldorak articulé de 60 cm, qui ne passera jamais la porte…) !
Alors que le phénomène STAR WARS est en train de contaminer toute la planète, pour moi, personnellement, intimement, viscéralement, il est devenu le Graal, la quête ultime, le fantasme absolu.
Merci, Pif gadget !
Pendant des années, LA GUERRE DES ÉTOILES demeure ainsi, en ce qui me concerne, l’inaccessible rêve, placé sempiternellement en hors-champ. Je découvre son univers avec les jouets de mes copains, dans les pages de publicité insérées dans mes Pif gadget, et par le biais de quelques extraits à la télé. Et puis c’est tout…
Trois années interminables plus tard, le monde entier attend fébrilement un heureux événement, car… « L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE » ! C’est la suite ! « Maman, maman ! est-ce-que je peux le voir ? Est-ce que je peux, dis ?!!!« . Réponse âpre : « Oh ! Je ne sais pas. Tu n’es pas très sage en ce moment« …
Le film sort sur nos écrans le mercredi 20 aout. Nous n’y allons pas. Car il faut attendre mercredi prochain pour voir si je suis sage !
Le compte à rebours a commencé : sept jours de sagesse totale, ou bien je devrais encore me voir priver des étoiles pendant des années…
Le mercredi 27, ma mère me regarde un peu de travers. Intense réflexion… « Bon. Allez. On y va…« .
Comment est-ce que ça marche avec les malédictions ? Quel sort ce pull orange maudit avait-il jeté sur cette maman d’ordinaire si bienveillante ? Car lorsque nous arrivons à l’Ariel, le cinéma principal de la ville, après une incompréhensible série de bouchons routiers, le film a déjà commencé… Tant pis ! Passons outre les malédictions ! On y va quand même. « Allez Maman » !
La plus belle affiche de tous les temps…
Et comme je m’y attendais : La claque.
Dans la salle obscure, nous nous trouvons en catimini deux places au moment où Luke Skywalker recherche Yoda sur la planète Dagoba. Magique, effrayant, envoûtant.
Quelques dizaines de minutes plus tard, le perfide Dark Vador prend tous les héros au piège et combat le pauvre Luke en personne… avant de lâcher une « bombe », une phrase traumatisante qui va retentir aux quatre coins de la planète. Celle-là, aujourd’hui, tout le monde la connait, qu’il soit petit, grand, vieux ou même Hermite, il n’y a pas échappé : « Luke, je suis ton père ! « .
C’est lorsque le film se termine que ma mère semble enfin se réveiller de la méphitique malédiction : « C’est bon, on reste pour revoir le film en entier ! «
Ainsi, si je n’avais encore jamais vu la première partie de la saga, j’avais vu la deuxième une fois et demie !
Oedipe in the stars…
Trois ans plus tard, en octobre 1983, j’étais grand à présent. Et sage (enfin, à peu-près…). Et j’allais voir LE RETOUR DU JEDI avec mon grand frère. Rien que tous les deux. Le top ! Mais attention, une seule chose nous intéressait avant tout : Allait-on enfin le savoir ? Est-ce que Dark Vador était bien le père de Luke ? Pourvu que non !
Deux heures et quatorze minutes plus tard, Vador était bien le père (silence total dans la salle lorsque Yoda avait lâché la vérité !). Et ainsi se terminait la plus grande saga de tous les temps… Il faudra attendre encore deux ans, avec la sortie des VHS et les copies prohibées de « magnétoscope à magnétoscope » (à ma décharge, une cassette vidéo officielle coûtait à l’époque la bagatelle de 500 francs !), pour que je découvre enfin le premier épisode et que je me refasse intégralement la saga, en boucle. Puis en boucle, et puis encore en boucle…
Comme ils nous vendaient du rêve, quand même…
Ainsi fut mon expérience : Le désir généré par le manque. Une expérience intense, à la hauteur du phénomène. Le processus fut cruel et frustrant, mais la saga STAR WARS originelle s’imposa comme un idéal de cinéma absolu, à partir duquel j’allais rechercher éternellement le même type de sensations. Je collectionnais les revues spécialisées, Mad Movies, L’Écran Fantastique, Starfix, afin de me refaire le(s) film(s).
Hélas son créateur, George Lucas, avait généré une œuvre indépassable et aujourd’hui encore, la chose ne connait aucun équivalent et ni les autres trilogies, ni les séries TV, ni les romans ou les comics ne sont parvenus à l’égaler.
Mais toute une génération voulut ainsi préserver ces rêves d’enfance et, tel Peter Pan, elle refusa de grandir.
Quand on y pense, STAR WARS est une des premières œuvres postmodernes, dans laquelle se rejoignent tous les styles épiques et tous les acquis de la culture populaire. On retrouve ainsi les thèmes de la mythologie, de la chevalerie ancestrale (les Chevaliers Jedi, le Chevalier Noir, la Princesse Leïa), ceux de l’Heroïc Fantasy créée quelques décennies plus tôt par les écrivains Robert E. Howard et J.R.R. Tolkien (Le Prince des ténèbres, les trolls et autres lutins comme Yoda, les créatures mythiques et fantastiques, le vieux mage –Obiwan Kenobi étant le descendant direct de Gandalf le gris, lui-même inspiré de Merlin l’Enchanteur) ; La science-fiction spatiale et ses robots hérités de films comme PLANÈTE INTERDITE et bien évidemment 2001 l’ODYSSÉE DE L’ESPACE, les pulps et les super-héros des comics de l’aube, avec Flash Gordon en tête, les premiers romans de Space-Opera comme DUNE ou son ancêtre JOHN CARTER OF MARS, et enfin le western (incarné pas le charismatique Han Solo et ses flingues en bandoulière)… Ce sont tout de même les univers de l’Heroic Fantasy et du Space-Opera qui semblent être les plus représentatifs de celui de la saga STAR WARS. On ne peut ainsi décemment parler de « science-fiction », le récit se déroulant par ailleurs il y a plusieurs milliers d’années avant notre ère…
Le mélange des genres !
Ainsi, tout est dans STAR WARS, du moins dans sa trilogie initiale.
Les connaisseurs le savent et peuvent en discuter des heures durant : Il y a dans l’univers créé par George Lucas une toile de fond d’une richesse qui n’a rien à envier aux grands classiques, qu’ils soient de l’histoire du cinéma ou de la littérature, quand bien même l’élite intellectuelle peut faire comme si ce n’était pas vrai.
Par ailleurs, ces mêmes connaisseurs le savent aussi : la saga STAR WARS n’est pas le seul fait de Mr Lucas. Car s’il en est l’initiateur, le résultat définitif est le fruit du labeur additionné de plusieurs personnes : Il y a tout d’abord le producteur Gary Kurtz, un grand spécialiste des mythologies, qui offrira aux spectateurs, immédiatement après L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE, le fascinant DARK CRISTAL, à la trame similaire. Il y a aussi le dessinateur Ralph McQuarrie, qui a imaginé tous les visuels de la saga, ainsi que John Dykstra, Dennis Muren et Phil Tippett, trois des plus grands génies de l’histoire du cinéma dans le domaine des effets spéciaux. Il y a ensuite Lawrence Kasdan, scénariste, qui connaitra une carrière cinématographique florissante. Et il y a enfin Leigh Brackett, co-scénariste sur l’épisode IV. Cette grande dame de la science-fiction, par ailleurs immense scénariste pour le septième art (on lui doit tout de même LE GRAND SOMMEIL et RIO BRAVO !), avait été l’une des créatrices du genre Space-Opera en littérature, dans les années 50 et 60. La romancière décède avant que le script ne soit bouclé. Mais avec une telle réunion d’auteurs et de créateurs, on peut avoir le tournis : La saga STAR WARS, fondamentalement, c’est vraiment de la belle ouvrage…
Les premiers concepts de l’illustrateur Ralph McQuarrie.
Quels sont donc les thèmes majeurs qui se cachent dans la toile de fond de ce récit en apparence enfantin ? L’Œdipe, déjà. Surtout.
Lucas, Kurtz, Kasdan & Brackett se souvenaient de leurs classiques et c’est une évidence : l’acte postmoderne de la saga des étoiles ne se joue pas que dans la forme, et offre à qui le veut une relecture de fond sur certains grands thèmes littéraires.
Mais l’idée géniale de la saga, celle qui lui procure toute sa force (c’est le cas de le dire !), lui vient de la transposition dans l’espace des thèmes les plus simples, les plus génériques. Ainsi lancés dans les étoiles, les thèmes fondamentaux, voire simplistes, les archétypes de toujours, acquièrent une nouvelle dimension. Ils sont sacralisés et deviennent un mythe. Et par extension, une mythologie.
C’est d’ailleurs le cas du thème de la Force, transposition fantaisiste de celui de la « Religion », à deux doigts d’en créer littéralement une nouvelle !
Un couplet de la chanson du générique du feuilleton SAN KU KAÏ (véritable itération -cheap- de la saga STAR WARS au pays du soleil levant) nous mettait à la même époque, certes un peu maladroitement, la puce à l’oreille : « Dans l’espace, la guerre est sublime ! » Ou la preuve que, transposés dans un cadre sans limites aux proportions abstraites, notre vision des choses prend une toute autre valeur… C’est ainsi que les thèmes ancestraux acquièrent une nouvelle résonnance. À ce titre, George Lucas à d’ailleurs toujours fait le mariole. Voici ses mots : « J’ai fait des études universitaires de religions comparées et d’anthropologie. Et la meilleure manière d’étudier l’archéologie de l’esprit humain, c’est la mythologie« . Quand on voit le résultat (l’affrontement du bien contre le mal avec la lumière pour l’un et les ténèbres pour l’autre), on aurait tendance à considérer ces propos comme du barratin de pacotille (et les intellos ne s’en privent pas), avec des idées infantiles en guise de recette. Pourtant c’est indéniable : Ces thèmes sont les vecteurs d’une incroyable armada de questions sous-jacentes liées à nos civilisations. Et l’architecture sociale, politique et philosophique de la galaxie STAR WARS développe une passionnante toile de fond.
Le Rancor, dragon terrifiant d’une planète lointaine et inhospitalière…
C’est ainsi que notre saga cinématographique se substitue à L’ILIADE et L’ODYSSÉE, ou encore aux LÉGENDES ARTHURIENNES et autres NIEBELUNGEN en termes de mythologie moderne.
Et c’est vrai que lorsqu’on y pense, les événements résonnent différemment lorsqu’ils sont racontés sous le vernis du fantastique. Ainsi, s’il ne viendrait pas à l’idée de nos enfants de se documenter sur les terribles effets de nos civilisations, ils s’y précipitent dès lors qu’ils sont transposés dans le cadre des contes et des mythologies.
Et finalement, alors que l’on apprend à l’école que certaines nations en opprimèrent des plus faibles et que les conséquences en furent terribles, le commun ne s’en émeut pas toujours comme il le devrait. L’idée que l’Union Soviétique, par exemple, annexe la moitié de l’Asie et emprisonne des milliers d’innocents dans les goulags sur de simples suspicions de complots politiques souvent imaginaires et délirants, tombe rapidement à plat pour beaucoup d’entre nous. Mais pour un enfant, ce même type d’idée résonne de manière édifiante dès lors que l’on voit un vaisseau grand comme une planète, dirigé par une terrible civilisation impérialiste, annihiler une pauvre peuplade d’êtres primitifs armés d’un bâton !
L’aura mythologique de la saga STAR WARS est donc une réalité. Et comme toute mythologie qui se respecte, son univers va s’étendre. Cela commence avec des livres, un peu comme si, finalement, la littérature reprenait ses droits…
Des romans comme s’il en pleuvait !
Bien que je sois fan de STAR WARS depuis la première heure, je n’ai lu que fort peu de romans issus de la franchise consacrée. Je me souviens vaguement des livres officiels racontant les films avec quelques éléments supplémentaires, écrits par George Lucas lui-même il me semble. Et aussi du fameux CYCLE DE THRAWN, avec son fascinant Jedi fou.…
À l’époque qui précède celle du rachat de la license par Disney, ce sont en moyenne cent quarante romans qui sont publiés chaque année, dont certains racontent des événements survenus entre deux films, où dans un passé, voire un futur plus ou moins lointain.
Certains projets sont si ambitieux qu’ils sortent du cadre de la littérature pour associer divers médias, comme LES OMBRES DE L’EMPIRE, publié en 1996, qui se décline sous la forme d’un roman, d’un jeu-vidéo, d’un album musical original et d’un comic book ! Et j’en viens pour le coup au médium qui intéresse beaucoup les fans de la saga, en dehors du cinéma et de la TV, c’est-à-dire celui des comics.
Les éditions LUG et leurs couvertures qui nous ont fait rêver !
Comme ce fut le cas avec les romans, tout commença avec l’adaptation officielle du premier film (qui fut néanmoins nommé « épisode IV », puisque George Lucas avait, dès le début, prévu que la saga se déroulerait en trois trilogies distinctes dans le temps), rebaptisé depuis UN NOUVEL ESPOIR. Dans son giron, une série de comics vit le jour chez le prestigieux éditeur Marvel Comics, spécialiste des super-héros. Cette série vintage était réalisée par les grands noms de l’époque dans le domaine des comics mainstream. Des scénaristes tels que Chris Claremont (le grand architecte des X-men), Archie Goodwin (le brillant rédacteur en chef des revues CREEPY, EERIE et VAMPIRELLA) et Roy Thomas (le père des adaptations de CONAN LE BARBARE durant toute la décennie 70’s), de même que des dessinateurs comme Howard Chaykin, Walter Simonson, Dave Cockrum et Carmine Infantino, se bousculèrent aux commandes de cette adaptation officielle.
TITANS : Entre la saga STAR WARS et les super-héros Marvel, choisis ton camp ! Comment ça tu prends les deux ?
Tous les gamins de l’époque se souviennent de cette série, car elle était publiée chez nous dans le magazine TITANS des éditions LUG. Ainsi, dès que l’adaptation du premier film fut bouclée, les auteurs de Marvel inventèrent de nouvelles histoires.
Avec le recul, relire ces « oldies » (oui, il s’agit bien d’un terme technique qui nous évite de dire « vieilleries moisies », parce qu’il s’agit vraiment d’un style narratif de comics old-school parfaitement naïf et ampoulé !), respectivement rééditées depuis dans une collection d’albums cartonnés par Delcourt puis Panini Comics, nous réserve une surprise : Écrites entre les épisodes IV et V, ces histoires faisaient leur chemin et anticipaient un futur film complètement différent ! Luke et Leïa (futurs frère et sœur) flirtaient ainsi plus que de raison et, plus on se rapprochait du film suivant, plus l’histoire de la série s’en éloignait…
C’est ainsi que maître Lucas décida d’arrêter le massacre et mit un terme à ces comics au moment de la sortie de l’épisode VI !
Ayant gardé les TITANS de mon enfance, j’essaie parfois de les relire. J’avoue qu’ils me tombent facilement des mains et que l’ensemble n’est pas très bon. Pourtant, la magie opère lorsque je relis les noms des personnages et des lieux qui résonnent comme on les entendait à l’époque dans la traduction française au cinéma. Han Solo s’appelait encore Yann Solo, de même que l’on entendait le délicieux Z6PO (ou « Sispéo« ) à la place de l’horrible C3PO. Et Dintouine n’était pas encore Tatooine…
DARK TIMES. Une des meilleures séries STAR WARS au pays des comics.
Quelques années après l’abandon de la série Marvel, un autre éditeur, Dark Horse, reprit le flambeau.
Mais les choses étaient désormais différentes. Tout était sous le contrôle de l’œil de Moscou de la planète Lucas, et les auteurs devaient subir le carcan dès qu’il fallait imaginer de nouvelles histoires. Un rigoureux cahier des charges était rédigé et chaque nouvelle invention était observée à la loupe, de sorte que les auteurs criaient victoire dès qu’ils parvenaient à imposer une nouvelle idée, un nouveau vaisseau ou une nouvelle panoplie. En revanche, leurs créations furent plus tard largement amorties par Lucasfilm lorsque le producteur les réinjecta dans sa nouvelle saga. Savez-vous, par exemple, que le fameux double-sabre laser que Dark Maul brandissait dans l’épisode I avait été créé, bien avant, dans un comicbook de l’éditeur Dark Horse (grosse surprise pour l’artiste Christian Grosset, qui découvrit sa propre création à l’écran sans même avoir été prévenu !) ?
Les fans allaient naturellement aimer ces nouveaux comics, et de magnifiques histoires virent le jour, comme par exemple celle de la série DARK TIMES, la préférée de votre serviteur. Les spécialistes parlaient alors « d’Univers étendu STAR WARS »…
Mais le 3 janvier 2013, Dark Horse perdait de nouveau la licence au profit de Marvel Comics !
À présent, la continuité officielle de « l’univers étendu » a effacé toutes ces productions Dark Horse, qui sont devenues des sortes de « What If » (des versions non officielles se déroulant dans une continuité distincte) puisqu’elles ont été rangées dans le tout nouveau tiroir baptisé « STAR WARS LEGENDS« . Et c’est frachement dommage, car la plupart des séries Dark Horse sont les meilleures jamais écrites autour de la saga !
STAR WARS LEGENDS : Les essayer, c’est les adopter.
En 1999, bien des années après la sortie du RETOUR DU JEDI, George Lucas remit le couvert avec une nouvelle trilogie (en réalité une prélogie, puisque ce furent les épisodes I, II, et III)) attendue en son temps comme le Messie. Ce fut la douche froide pour beaucoup de fans de l’aube, car nous nous sentîmes trahis par le fait que le créateur de notre Graal sacré nous prenait pour des idiots en remplissant le passé de la saga d’incohérences en tout genre et d’idées bassement mercantiles et hystériques.
Puis l’empire Disney racheta la license STAR WARS (pour la modique somme de 4 milliards de dollars…) et il y eut une troisième trilogie beaucoup plus mauvaise encore (malgré la présence de J. J. Abrams, fils spirituel de Steven Spielberg et déjà réalisateur du fantastique reboot de la saga STAR TREK aux commandes). On y retrouvait pourtant une partie du staff de la trilogie initiale, des acteurs (Harrison Ford, Mark Hammil, Carrie Fisher, Peter Mayhew, Anthony Daniels & Kenny Baker, Billy Dee Williams et même la voix de James Earl Jones qui prononçait jadis les mots de Dark Vador) au compositeur attitré de la saga John Williams, en passant par le scénariste Lawrence Kasdan et le modèle visuel des illustrations historiques de Ralph McQuarrie (dont certaines dataient de 1976). On y retrouvait à peu-près tout, mais au service d’une série de scripts catastrophiques…
Et puis il y eut les séries TV, auxquelles on pourra consacrer un ou plusieurs articles tant elles sont déjà nombreuses.
Une autre peinture préliminaire de Ralph McQuarrie. Génie visionnaire de la saga.
Nous achevons à présent cette rétrospective de la première trilogie STAR WARS et de ses dérivés.
Quant à moi, gamin, adulte, geek, cinéphile, lecteur, BDphile, mélomane, visiteur de musées, fils, père, ancien étudiant en arts plastiques devenu professeur, pur enfant des étoiles de 1977 ayant jadis refusé de grandir de peur de voir ces étoiles se ternir, je continue d’aimer cette saga et de suivre chacune de ses nouvelles itérations sur les écrans, pour le pire et pour le meilleur. Car aujourd’hui plus personne ne peut m’en empêcher, et que l’enfer s’abatte sur tous les pulls oranges…
Je dédie humblement cet article aux chroniqueurs de Mad Movies, de L’Écran Fantastique et de Starfix, qui ont su allumer la flamme et me communiquer la passion des films de genre.
See you soon !!!