– Tarte Tatin et Scooter de l’Espace ! –

Notre nanar 5 étoiles se paye une restauration en 4K digne de son éclat !
Flash Gordon attaque à bord de son scooter de l’espace !!!

Matez-moi ça, madame !

19 thoughts on “FLASH GORDON – LE FILM”
  1. … Mè ce n’est pas un nanar du tout, m’enfin !?
    Évidemment que tout est voulu et très précisément orienté : pourquoi, sinon, être allé pêcher la plus que charnelle Ornella muti en princesse nymphomane, ou même avoir travesti Timothy Dalton en Robin Des Bois d’opérette ?
    Loin de trahir l’oeuvre originale, visuellement parlant, De Laurentiis et ses comparses ont très fidèlement rendu l’univers du Comic d’origine, constitué du gloubi-boulga type de l’époque, mélange d’ignorance crasse et de traditions patriarcales et guerrières moyenâgeuses, pleines d’idéal naïf, associées arbitrairement aux nouvelles notions scientifiques qui promettaient déjà d’envahir le quotidien. Il n’y a pas une once de prétention au réalisme, dans l’adaptation : comme dans le Comic, les impossibilités sont gommées d’office tant on ne s’y intéresse pas, pourvu que l’action soit épique ! C’est un véritable Space-Opera, tant le Romantisme du tout est outrageusement mis en avant (motivations des intervenants, look pacotille assumé des décors, mise en scène entièrement dévolue aux personnages et au spectaculaire de leurs actions, Etc…), au détriment de la moindre « vraisemblance » scientifique.
    Mais pas scénaristique : l’univers de Mongo, cette congrégation constituée d’une planète centrale environnée de ses satellites-vassaux, n’est pas plus absurde que les melting-pots très improbables et manichéens mis en scène dans Star-Wars, Star-Trek et compagnie. Aucune « vraisemblance » là non plus, juste un parti-pris subjectif, de la part des auteurs et de notre part aussi, d’y associer de-facto une forme de lecture plus « réaliste » : les enjeux dramatiques appuyés, les décors dépouillés de joliesse trop évidente, un déroulement de l’action étudié pour accentuer une tension… Et si Flash peut se balader d’une « Lune » à l’autre en scooter de l’espace -ce qu’il m’a fait rêver, ce machin !!-, hé ben peut-être est-ce parce que la technologie de l’empereur permet ce genre de prodige : les capacités naissantes de l’I.A. ne vous semblent pas un peu de l’ordre du magique (cauchemardesque, mais c’est un autre débat…), à vous ?!
    De Laurentiss voulait faire des sous, persuadé que le public se ruerait sur cette production très opportuniste. Malheureusement pour lui (et heureusement pour nous !), le fait d’avoir quasi donné carte blanche à tous ses talentueux collaborateurs a abouti à cet Ovni cinématographique, à l’esprit Camp très assumé (sinon jamais Brian Blessed -oh my !- n’aurait été affublé d’un costume pareil !!) qui, non content de moquer de manière très adulte et cultivée le goût traditionnel des Américains pour l’aseptisé, en leur exposant sans paravent -sinon le bling-bling du décorum- tous les discours suggestifs et déviants (voire souvent réactionnaires) inhérents à leurs productions « tous publics » les plus célèbres, leur propose en plus une lecture définitivement Latine dans sa caution libertaire de ces mêmes travers, transfigurés ici par cette absence d’hypocrisie textuelle, et très spectaculairement exposée (Ming/Aura, Ming/Dale, Aura/Flash/Barin, les prisonniers à demi-nus, les mœurs décidément sexistes et machistes (et donc, logiquement Homophiles/Homophobes) des Hommes Des Arbres, le traitement très adolescent attardé de la femelle (prostituée sexuelle ou vierge intouchable) ainsi que la toute puissance du mâle, outrageusement et très physiquement exhibée par Vultan (ô joie !).
    Tout en brassant des thèmes présents dans nos mythologies depuis l’aube des temps, et en les transposant sous cette forme quasi-inusité de « Blockbuster » à TRÈS large spectre (…), l’omniprésence de la musique « symphonique » de Queen renforçant encore un langage cinématographique volontairement simplifié pour laisser la part belle aux « tableaux » (comme dans tout bon opéra traditionnel), le film offre un spectacle résolument jouissif et nouveau, pour l’époque ; pourvu qu’on soit amateur de farce énorme, le héros nous indiquant clairement, par son rôle si transparent au sein des évènements et son imperméabilité à ceux-ci, comment appréhender l’histoire. On est là pour se distraire, et de la manière la plus fantaisiste. Le brushing inamovible, par exemple ; mais ça vaut aussi pour tous les personnages : une « convention » de lecture mise en place dés les premières images, via le pupitre extra-terrestre de contrôle… EN ANGLAIS !
    Il n’est pas possible d’entretenir de doutes sur le volontaire de tout ce qui fait la spécificité de ce film, trop d’aspects pointant tous dans la même direction : mise en scène systématiquement théâtrale, dialogues tour à tour ampoulés et/ou ridicules (mais toujours pleins de signifiant souterrains…), outrances colorées des costumes et décors, superficialité des personnages, réduits à de simples caricatures, simplification extrême et traduction enfantine (en accord avec le médium d’origine) de la totalité du contexte S.F. de l’histoire, Etc…
    Par contre, je comprends complètement qu’on puisse détester : il faut une certaine sensibilité -très cadrée, pour le coup, par les auteurs, visiblement tous au faîte d’une certaine culture Historique Homophile transgressive- pour pleinement apprécier l’ensemble, ou alors avoir un regard particulièrement jeune, et dépourvu d’expérience dans le genre, au visionnage. Ce récit simpliste ne nécessite pas d’en apprécier touts les aspects pour s’amuser aux affres de ces ahuris en goguette cosmique.
    « Culte » ne fait pas vraiment parti de mon vocabulaire, quand je me réfère à une création quelconque ; mais cette pièce-montée-là fait partie de ces films que j’ai le plus revus, au fil des années : l’humour des sous-entendus, si raccords avec ma sensibilité assez orientée (!) n’étant pas étranger à mon plaisir de spectateur.
    … Mais aussi, j’avoue, la gueule pas possible de Brian Blessed, rare véritable personnage de BD en chair et en os plus vrai que nature -les nombreuses anecdotes ayant parsemé sa vie confirmant sa « démesure » gaguesque…- qu’on est jamais aperçu sur grand écran.

  2. Alors je partage certains de tes avis (j’adore également ce film ! Je me marre comme une bête et je kiffe grave son volet kitsch assumé et sans limites). Mais tu n’arriveras pas à m’enlever de l’esprit que c’est du pur nanar quand même. Parce que, même si les auteurs ont voulu le résultat en le faisant exprès (et franchement j’ai un gros doute sur la moitié), ils n’avaient quand même pas les moyens de leurs ambitions. Là où çe restera toujours un nanar pour moi, c’est parce que le manque de moyens en rapport avec le sujet limite quoiqu’il en soit le résultat. Si vraiment c’était une parodie, ça se verrait plus, comme avec le ROCKY HORROR PICTURE SHOW par exemple (et pourtant je lui préfère largement FLASH GORDON !). Mais je suis d’accord aussi : Si tout était vraiment premier degré, il n’y aurait pas Danilo Donati, probablement trop subtil pour ne pas s’être aprçu du niveau de kitsch de sa direction artistique !
    Alors moi je dis que le film est un ovni parce que justement il se balade entre deux univers : Entre la parodie et le pur nanar. Il vole quelque part entre les diverses étoiles sans jamais pouvoir être classé distinctement.

  3. Faudrait peut être que je revoie ce film que j’avais juste trouvé ridicule à une lointaine époque, alors que le concept de nanar m’échappait d’ailleurs.

    1. Non, il est franchement hyper fun et unique en son genre. Mais le nanar, par principe, c’est le film qui n’a pas les moyens de ses ambitions. C’est le film qui veut être LE SEIGNEUR DES ANNEAUX avec trois acteurs et deux grottes en cartons. Pour moi, FLASH GORDON souffre du contraste entre l’ambition de son producteur Dino DeLaurentiis, qui veut faire un STAR WARS bis, et le fait qu’il n’ait absolument pas les moyens d’y parvenir. Du coup, toute l’équipe du film se retrouve à devoir faire un STAR WARS en carton. C’est comme ça que je le vois. Après, oui, tu vois que c’est assumé par une équipe qui préfère s’amuser plutôt que de trop se prendre au sérieux.

  4. Matt, si tu l’as trouvé ridicule la première fois (et que tu n’y es plus revenu depuis), il y a peu de chance que ça te parle d’avantage aujourd’hui : il ne s’agit pas d’absolument y voir un Grand Film -ce qu’il n’est pas vraiment. C’est juste un magnifique exercice dans l’art de faire rire tout en faisant rêver, mais dont l’attrait est terriblement restreint par ses choix esthétiques, situationnels, scénaristiques, Etc… Sans oublier son sous-texte. À ce niveau de spécialisation (subtile et moins subtile, voire carrément publicitaire !), il faut vraiment avoir des atomes crochus avec les créatifs aux commandes (et là je parle de vécu et/ou de forts points communs intimes…), pour fonctionner au film, sous peine de rester à la remorque. Ça n’a rien d’un « incontournable » et, si on n’est pas sensible à la sauce du truc, ça n’est pas si grave : on peut très bien s’en passer. J’ai fait ma vie sans Le Parrain, Citizen Kane ou Voyage Au Bout De L’Enfer, et je ne m’en porte pas plus mal.
    Tornado, le seul argument qui pourrait (éventuellement, mais j’en doute) soutenir ta perception est qu’il t’a manqué certaines clés, très culturellement circonscrites, la première fois que tu l’as vu ; et tes retours à l’oeuvre, à la recherche de ce qu’elle ne possède pas, ont cristallisé ce ressenti « nanar ». Je ne les possédais, pour ma part, que très peu lors de mon premier visionnage (à la télé : j’avais quinze ans, je crois, et ne savais pas du tout à quoi m’attendre) et, cependant, mon goût (assez inné et surtout très précoce) pour le transgressif/suggestif a fait que j’ai clairement ressenti la volonté politiquement incorrecte qui présidait à cette démonstration pailletée. D’abord, évidemment, tous les plans sensuels « gratuits » les plus évidents, le slip de cuir de Vultan étant, bien sûr, le plus agressif du lot et, pour un garçon en pleine bourre hormonale branché mecs, un choc érotique d’autant plus violent qu’il exprimait -enfin- une réelle authenticité virile Homophile, loin des clichés en vogue (…), pleins de gitons « efféminés », et à laquelle je pouvais m’identifier. À côté, la robe fendue jusqu’à l’aisselle (!!) de Aura fait figure de timide exhibitionnisme banal, par exemple. Ensuite les incessants traits d’humour, déviant systématiquement le sérieux de chaque scène en y ajoutant un commentaire presque méta, et toujours comique, bien mieux amené et appréciable que les laborieux paragraphes qu’on nous assène à l’heure actuelle. « … On se croirait invités à une réception à l’hôtel de ville ! »…! Exactement le sentiment du spectateur, en contemplant ce décor clinquant sensé être la cour de l’empereur de l’univers ; et pourtant on fonctionne : c’est QUOI tous ces guignols déguisés ?!
    Un nanar véritable, forcément amateur à de nombreux points de vue, car pas maitrisé en tant que création mais se prenant tout de même un peu au sérieux (Plan Nine, Abyss, Prometheus, Interstellar, Etc…) ne pourrait avoir été réalisé avec autant de soins, ne serait-ce même que par cette propension à la traduction systématiquement comique/grandiloquente de la moindre scène. Allons : même les Hawkmen poussent des cris de mouettes, quand ils sont touchés !! C’est tellement énorme que c’en est indécent ; ce qui est, précisément, un autre aspect du genre Camp.
    Peut-être Dino De Laurentiis s’attendait-il, lui, à autre chose : culturellement, il était déjà de l’ancienne époque, et tout le décorum outré du film de 1980 aurait pu passer pour autre chose que de la blague, pure et simple même si inspirée, dans les années cinquante ; le sujet S.F. justifiant automatiquement l’énormité de la mise en images, forcément « exotique », des univers représentés. Mais le film étant contemporain de Star-Wars et Cie, il est inconcevable que cela relève de l’erreur ou de l’expérimentation. Et aussi, ce qui lui ajoute ce cachet unique, est qu’il y a eu une corrélation miraculeuse -ça arrive souvent, en création- entre le rendu « cheap » des effets spéciaux (De Laurentiis trimballe une réputation d’économe radical, dans ce domaine, préférant minimiser les frais.) et la direction scénographique du tout, délibérément « légère » dans la forme et résolument moqueuse dans le fond. Les deux se renforcent : le Kitch des nuées et des vaisseaux multicolores complimentant parfaitement l’outrance théâtrale et caricaturale du comportement des héros.
    Au pire, je soupçonnerais presque les décideurs d’avoir, une fois le sujet du film bien défini entre leurs mains, et avant d’en commencer la production, préféré l’aborder sous cet angle parodique/coquin afin de minimiser les risques probables, rapport à son succès en salle, conscients qu’ils étaient de leur impossibilité à battre la concurrence dans un genre ayant tout récemment changé de formule -en tous cas pas au niveau de la forme.

    1. C’était aussi il y a 20 ans, et j’avais d’autres choses à voir. Je n’avais pas de patience ou d’appréciation pour les films ratés ou nanardesques.

      1. Ben apparemment c’est compliqué. Pour Bruno le film a l’air vraiment réussi ! Pour d’autres, il est lamentablement raté.
        Pour ma part, c’est vraiment un ovni. Je le qualifierais volontiers de nanar flamboyant ! Le film a vraiment quelque chose qui en fait un spectacle jouissif. Mais je me répète : Ma sensibilité me dit que le film est vraiment à cheval entre une ambition et un résultat totalement en décalage. Une ambition démesurée par un producteur paradoxalement pingre, qui n’a donc pas les moyens de ses ambitions. Après, l’esprit du film lui-même (sa réalisation, ses acteurs, son scénario), est juste complètement fou. Mais le résultat, j’en suis convaincu, est totalement différent que ce qui était au départ sur le papier. Impossible de me convaincre que tout était voulu comme ça dès le départ.

        Après, je sais pas. Peut-être effectivement dois-je le revoir en le prenant à la manière de Bruno ? Peut-être en l’abordant différemment, y verrais-je quelque chose que je n’y avais pas vu jusqu’ici ? Cet esprit « camp » délibéré ?
        Difficile, quoiqu’il en soit, se souscrire à l’idée que le film soit « fait exprès comme ça » quand il a l’air aussi bancal.

  5. Si c’est ton ressenti, tu as certainement de bonnes raisons : je crois avoir compris que tu possèdes un solide bagage « technique », en rapport avec la « structure » de tout ce qui constitue la création cinématographique ; et peut-être des errements patents de ce côté-là nourrissent-ils ta perception, et passent à l’as en ce qui me concerne.
    Une analyse spontanée beaucoup moins évidente pour moi, qui ne peut prétendre à cette approche que pour ce qui est vraiment flagrant. Pour les films, j’ai tendance à absorber le tout en une fois, globalement, quand je fonctionne ; et à n’identifier ce qui m’a plu, au delà de ce qui est évident, qu’à force de réflexion.
    À contrario, quand je n’aime (vraiment) pas, je sais immédiatement pourquoi ; mais c’est vrai que c’est plus souvent en rapport avec un « déséquilibre » (perçu surtout inconsciemment) au niveau du signifiant, et des choix -plus ou moins honnêtes- présidant à la façon dont on me le transmet, plutôt que dû à des maladresses de constructions/langage cinématographique purs (même si je n’apprécie pas non plus). Par exemple : Tarantino m’a sciemment baladé dans son Road-Movie vaguement Roots pendant les trois quarts de sa Nuit En Enfer pour, dans les dernières minutes, me plonger en plein Buffy Contre Les Vampires ; et je dois dire que je n’ai pas apprécié.
    Bon, étant donné que le film t’amuse -ce que je pense sincèrement être son but le plus objectif- la catégorie dans laquelle tu le ranges importe peu, finalement. Ou alors Space-Péplum-Opera, option Gay Friendly 80’s ?!

    1. Hahaha ! Et que dis-tu de Camp-Space-Péplum flamboyant ? 😀
      Mais oui, le film m’amuse énormément. Beaucoup plus qu’un ROCKY HORROR PICTURE SHOW ou même qu’un FLESH GORDON, pour tout dire.
      La preuve : C’est le premier article que j’ai choisi pour le blog (le premier article du blog, tout court !). Et c’était déjà un des premiers articles que j’avais donnés à Bruce au moment de la création de Bruce Lit (celui-ci en est une version grandement améliorée). Et on a décidé dès le départ, avec Matt, de n’écrire sur C.A.P que des articles sur des oeuvres qu’on aime. Jamais le contraire (on n’écrit pas d’article pour démolir une oeuvre).
      Le fait-est que j’adore le genre nanar (je vais encore faire plein d’articles nanar sur C.A.P). De là à trouver que FLASH GORDON est un nanar parce que j’ai un regard particulier sur le film dans ce sens (parce que je le prends comme ça dès le départ), c’est possible aussi.

      1. Pour ma part en lisant l’article comme ça (vu que je me souviens pas assez du film) je dirais que les dialogues délirants et incestueux ne peuvent pas être passé sous le nez du réal sans qu’il le remarque…
        Du coup peut être que ça se voulait un film d’aventure/action avec de l’humour décalé (comme un blockbuster d’aujourd’hui) mais que même les parties censées être sérieuses sont devenues ridicules à cause du manque de moyens. Et donc au final t’as un truc parfois volontairement comique et parfois pas du tout.
        Possible aussi que l’humour voulu soit complètement timbré et d’un goût douteux, ce qui rend le truc ahurissant.

  6. Tornado, si tu admets adorer les « nanars », il y a de forte chance que tu y trouves certaines qualités qui, selon les cas (pas tous, forcément), en font de vrais œuvres à part entières, et non de réels ratages, quitte à être les seules représentantes de leur genre. Dans ce cas-là, tu devrais les aborder dans un état d’esprit différent, je suis d’accord.
    Matt : l’humour que tu trouves timbré et d’un goût douteux est l’essence même du Camp, et ici dans ses illustrations les plus « grand public ». Une approche burlesque de certains des « travers » comportementaux condamnés officiellement par nos sociétés et, cinématographiquement parlant, évidemment pas les plus populaires, même si très souvent exploités « en biais » par nos chers réalisateurs.
    Dans le genre, mais sans filtre, essaye Pink Flamingos, de John Waters. LÀ, on est vraiment dans l’essence du truc OUARFF ! Pas « mon » truc (pas assez de distance), mais résolument clair comme discours (critique) et volonté : se moquer en choquant et en s’amusant.
    Après, ça n’est pas l’humour du premier venu : on est tous câblés différemment, la perception étant un truc franchement tributaire de trop d’influences diverses (extérieures et intérieures) pour être facilement analysable et/ou cataloguée « bonne » ou « mauvaise ». Je ne pourrai jamais apprécier un Slasher, par exemple, quelle que soit ses qualités : je serais incapable d’endurer le suspense et/ou de ne pas souffrir mille morts avec chaque zigouillage de rigueur. Sam Raimi ou Peter Jackson, avec leurs œuvres des débuts, me passent complètement par dessus la tête : je n’y trouve aucun intérêt, alors que des foules de fans continuent d’en redemander. Mais comme je suis, moi aussi et comme tout le monde, inféodé (malgré moi) à ce que je suis intrinsèquement, additionné de tout ce que j’ai assimilé au fil du temps, je ne peux m’empêcher d’avoir, parfois, une lecture complètement différente de la plupart de mes contemporains et, ainsi, chaque fois que je me suis penché sur le pourquoi de mes avis contraires -et relativement marginaux au sein des critiques officielles et générales-, hé ben j’ai souvent trouvé des raisons valides à mes affections et/ou désaffections.
    Je suis sûr de moi en ce qui concerne l’essence du film Flash Gordon : c’est un film de genre, maitrisé dans son discours et sa réalisation volontairement « décalée » ; mais, selon vos critères à vous, vous avez parfaitement le droit de le qualifier de nanar, si vos arguments vous paraissent tenir la route. À mes yeux, The Thing est burlesque et grotesque, et cela très manifestement sans l’avoir voulu ; donc, selon ma perception des choses, un nanar de première ; mais ça n’est évidemment pas l’avis de la majorité.

    1. Et bien : Depuis que j’écris des articles et que je discute des oeuvres chroniquées avec ceux qui les lisent, je n’ai eu de cesse de devoir renoncer à mes certitudes !
      Si j’aime le genre nanar, c’est parce que les films sont décalés, drôles (la plupart du temps involontairement) et qu’ils sont dans le genre que j’aime (fantastique, SF, fantasy, etc.). Du coup, ils deviennent culte. Un jour j’essaierai de vous parler de NIGHT OF THE GHOULS d’Ed Wood, de SUPERMAN CONTRE LES FEMMES VAMPIRES ou de DESTINATION PLANÈTE HYDRA !
      Je suis en vacances en fin de semaine. Je vais me refaire FLASH GORDON. Et je vais tâcher de le regarder en l’abordant dans un esprit camp pour voir.

  7. Encore faut-il s’entendre sur la définition d’un nanar. Tout le monde ne le définit pas de la même façon donc après ça devient des débats inutiles.
    En fait là ou je comprends le point de vue de Bruno, c’est que FLASH GORDON ne semble pas mal foutu jusqu’au bout. les costumes, mêmes ridicules, ont l’air d’avoir été confectionné avec soin. Un nanar (pour moi) c’est fauché et ça enchaine des plans bourrés de faux raccords, éclairés différemment d’un plan à l’autre parce qu’il y a un énorme manque de compétence technique (et aussi de budget, mais pas que.) C’est en général aussi mal joué. Du coup on se bidonne parce que c’est du niveau d’un spectacle pour enfants alors que c’est fait par des adultes avec malgré tout un peu de pognon mais qui semblent pas du tout maitriser leur truc et des acteurs au talent…très discutable.
    FLASH GORDON parait trop soigné niveau production dans un sens. Et il y a plein de bons acteurs.
    Mais d’un autre côté certains qualifient GODS OF EGYPT de nanar pété de thunes. Parce que c’est idiot et ridicule. Mais y’a des moyens et de la maitrise technique. Donc bon…pas facile de discuter déjà si on ne s’entend pas sur la nature d’un nanar.
    THE THING n’est pour moi pas un nanar même pour quelqu’un qui n’aurait pas peur et trouverait les effets grotesques et drôles, déjà parce que la peur c’est tellement subjectif que tu peux pas ranger un film dans un genre sous prétexte qu’à toi il te fait aucun effet. Il faut des trucs objectivement mal foutus. C’est pour ça que moi je mentionne souvent de terribles manques de moyens et un aspect technique ultra fauché qui se ressent dans la plupart des plans. THE THING est très bien filmé, c’est pas du niveau d’un spectacle pour enfants. Les décors crédibles, les acteurs bons. Ok si on trouve les effets de « peur » ratés et ridicules le film ne marchera pas. Mais nanar ? Non. Il faut un truc plus objectif que ça.
    Sans doute que STARCRASH rentre plus facilement dans la case « nanar » que FLASH GORDON. Acteurs pas très doués ou mal dirigés (ils se comprenaient même pas sur le plateau entre les italiens et les américains), décors et maquettes…hum…quand même en dessous des trucs de FLASH GORDON^^, etc.

    Mais après je pense aussi qu’il y a des films assez inclassables. Ou plein de talents sont réunis mais que ça accouche d’un truc involontairement drôle ou ridicule parce que simplement le média du cinéma ne se prête pas à une transposition d’un comics au premier degré.

    1. Je me rangerais volontiers à ta dernière remarque (« films assez inclassables. Ou plein de talents sont réunis mais que ça accouche d’un truc involontairement drôle ou ridicule parce que simplement le média du cinéma ne se prête pas à une transposition d’un comics au premier degré »).
      Pour moi, le nanar c’est le résultat d’un décalage entre le projet et le résultat. C’est le film qui n’a pas les moyens de ses ambitions. C’est pour cette raison que je range FLASH GORDON dans la case nanar : Dino de Laurentiis voulait faire un STAR WARS-level, mais toute l’équipe qu’il a réuni pour le faire n’avait pas les moyens de le faire. Et que l’équipe en ait profité pour s’éclater ne change finalement pas les choses de ce point de vue : Ça reste un spectacle complètement nanardesque en ce que le niveau de kitsch est trop en décalage avec le projet. Et puis de toute manière, c’est ce que j’ai essayé de dire dans l’article, pour adapter au premier degré un truc aussi périmé que le comics d’Alex Raymond, il faut adapter et changer plein de choses.
      Donc, je vais essayer de revoir le film avec une approche camp. Mais dans mon esprit, je ne suis pas certain que ça change mon opinion sur l’aspect nanardesque de la chose.
      Mais, là où je veux rassurer Bruno, c’est que ma « perception » de la notion de nanar n’a rien de méchant. J’éprouve une grande affection pour certains nanars très attachants (que je préfère largement à plein de films plus sérieux et plus « réussis »). Et je le dis aussi dans l’article : Si peut-être tout est voulu dans FLASH GORDON, le résultat demeure quand même très bancal, très spécial, très bizarre, et c’est finalement ça qui rend le film unique et fascinant !
      Quand aux oeuvres camp en général, on voit mieux que c’est fait exprès quand même. Avec John Waters ou avec le ROCKY HORROR PICTURE SHOW, on voit mieux que le délire est volontaire. Même si on n’a pas forcément cette sensibilité au départ (mais je pense l’avoir quand même un peu. Je ne suis pas gay mais j’ai toujours bien aimé ce délire que je côtoie pas mal. Même si effectivement il y a des choses que je ne peux sans doute pas comprendre de la même manière).

      1. C’est vrai qu’il y a cette notion importante aussi de l’involontaire, où tu sens que c’est pas ce qui était voulu. Du coup ça fait marrer.
        ça arrive que dans certains films on puisse douter. Notamment quand ça devient tellement WTF que tu te dis que c’est forcément fait exprès…mais du coup tu comprends plus l’intention du réalisateur parce que le début semblait sérieux. Du coup c’est involontaire ou pas ? Le réalisateur est fou ou pas ?

        1. Et j’ajoute qu’il ne faut pas confondre le nanar avec le navet !
          Le navet, c’est un film raté parce qu’il est nul. Qu’il ait les moyens ou pas, il est juste raté.
          Le nanar boxe dans une autre dimension : C’est un film qui a les yeux plus gros que le ventre. Et c’est le décalage entre ce qui est voulu et ce qui est finalement produit qui crée l’amusement, tout en lui procurant une certaine magie « décalée ».

  8. Bon ! J’ai revu le film, ça y est.
    Alors je me suis bien mis en position de le regarder au 2nd degré, avec l’esprit camp en tête.
    Je suis d’accord, j’ai bien vu le 2nd degré en question. On sent bien que tout le monde s’éclate d’ailleurs, et assume le côté barnum bling bling joyeusement artificiel. Tout le volet coquin est également très détaché. Très burlesque.
    Maintenant ça reste un spectacle hyper-ultra-kitsch, qui ne peut absolument pas en sortir.
    Du coup je me dis qu’un spectateur comme Bruno et un autre comme moi, on a tous les deux raison : C’est à la fois burlesque et nanardesque. C’est un ovni qui zigzague sans cesse entre les deux. Mais ça reste un super spectacle ! Je n’ai pas vu passer les quasi deux heures.
    Ça a dû être quelque chose le tournage, quand même. Entre un producteur qui voulait faire son STAR WARS et une équipe qui a fait son « Moulin rouge dans l’espace », ça devait être croquignol !

    1. Brian Blessed (toujours lui…) a notamment raconté une anecdote particulièrement rigolote -je ne retrouve plus la vidéo, et c’est dommage parce que c’est bien plus gaguesque, conté avec son emphase théâtrale.
      Pour la scène de l’abordage du vaisseau Atlas par les Hawkmen, la préparation du plateau a pris un temps de dingue : rien n’est Numérique, bien sûr, et la mise en place des feux d’artifices et autres effets pyrotechniques de l’époque, des fonds colorés, des éclairages, des câbles où suspendre les nombreux figurants sensés voler, Etc… sous entend une organisation monstrueuse et -surtout- beaucoup de fric. Brian Blessed trépigne d’impatience de se ruer au milieu du chaos programmé, armé de son M-16 de pacotille…
      Vient le « ACTION » du directeur et tout se déclenche en même temps : les acteurs glissent sur leurs câbles, atterrissent (tant bien que mal…) sur l’aile/plateau du vaisseau, les explosions multicolores se succèdent conformément à ce qui est prévu… Et un Vultan déchainé déboule, arme au poing, en gueulant comme un veau :  » ZOUUUM ! ZOUUUM !! POUM ! POUM !! TA-TA-TA-TA-TA !!… » !! Et au milieu du bordel, De Laurentiis qui accours :  » COUPEZ ! COUPEZ !! ».
      Tout s’arrête ; la scène est foutue et tout est à refaire. Le producteur (à priori plus amusé que contrarié) se dirige vers Brian Blessed, qui ne comprend pas se qui se passe :  » Brrrian, Brrrian (accent Italien prononcé, apparemment)… Il n’y a pas besoin de faire les bruits ! On ajoutera le son après, au montage… ». Hilarité générale, et un acteur shakespearien (pas mal mortifié, quand même) qui s’est fait là un souvenir impérissable.

  9. Voilà. Cette anecdote montre bien les deux versants assez extrêmes du films, avec d’un côté une ambiance de tournage à la rigolade, un état d’esprit bien fun et léger, et de l’autre un total manque de compétences professionnelles pour la réalisation d’un blockbuster SF ! Ce joyeux bordel se ressent du coup vachement au visionnage !

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