Ces Paroles Débiles Qu’on trouve Géniales !
Playlist / Top 10 : 10 CHANSONS AUX PAROLES DÉBILES QU’ON TROUVE GENIALES !
Genre : Rock
Type de dossier : Focus sur un thème musical particulier
Contenu : Playlist de 10 chansons (et 1 bonus)
Artistes : 10 chanteurs ou groupes différents (et 1 bonus)
Comment ça c’est débile ???
L’histoire du rock est jalonnée de tubes que l’on a fredonnés des milliers de fois sans jamais chercher à comprendre ce que ça racontait vraiment. Car il s’agit d’une musique si pulsionnelle qu’il faut reconnaitre que ce n’est pas celle que l’on choisit d’écouter avant tout pour le sens du texte.
Ainsi, une foultitude de grands classiques du rock et de la musique pop trainent des paroles indigentes si on les prend séparément, c’est-à-dire en dehors de leur musicalité, et plus d’un tube planétaire est construit sur une simple pulsion, souvent amoureuse, que l’amour soit vache ou qu’il soit passionnel. Moult chansons ne racontent ainsi pas grand-chose dans le fond, et se résument souvent à un contenu littéraire du genre « Baby I Love You, I Love You Baby, Be Bop A Lula » !
Toutefois, le miracle du rock, c’est que justement tout se joue dans l’interprétation, la passion et l’intensité que l’on y met, ce qui permet de transcender les textes les plus laconiques, pour ne pas dire les plus ineptes. Une simple phrase ridicule, voire idiote, peut donc soudain s’animer et vibrer d’une intensité qui n’y était pas au départ. Ou quand l’interprétation prend le pas sur le contenu sémantique…
La liste qui va suivre exposera dix chansons (et un bonus) dont le miracle est justement qu’elles sont construites sur un texte lamentable en lui-même, mais qui, porté par l’interprétation du chant et de la musique, devient purement jouissif. Prises dans le rythme, dans la tessiture de la voix, dans la fureur et la hargne des guitares, dans le groove de la basse, dans le fracas des percussions, ces paroles débiles deviennent soudain terriblement excitantes et irrésistibles. C’est le miracle du rock.
Comprenons-nous bien : Cet article est un plaidoyer pour les chansons simples et efficaces et une déclaration d’amour pour le rock (même si votre serviteur aime tout autant d’autres genres). On peut évidemment trouver pires paroles et pires chansons. L’exercice « d’équilibriste » consiste donc ici à trouver des chansons qui peuvent paraître ineptes si ont traduit le texte littéralement, mais qui contrebalancent cette impression par une musique et une interprétation qui défouraille tout.
Alors soyons clairs : Ces 10 titres, je les adore, je les vénère, je les aime d’amour ! je les trouve géniaux !
Précisons une dernière fois qu’il s’agit d’une liste tout à fait personnelle, dans laquelle vous regretterez probablement l’absence des Beatles, des Stones ou de quelque autre évidence. Ainsi, n’hésitez pas à proposer la votre dans les commentaires.
Let’s go !
1 : Elvis Presley : TREAT ME NICE (1957)
Ça marche à tous les coups : En règle générale, je ne cherche jamais à traduire les paroles d’une chanson que j’adore. Mais lorsque ça m’arrive, les bras m’en tombent quasiment à tous les coups : Les paroles en question sont d’une surprenante… nullité ! Mention spéciale à cette merveille née du film JAILHOUSE ROCK qui, six ans à peine après les débuts fracassants du King, imagine sa biographie romancée avec, en guise de premier tube de la star, ce séminal TREAT ME NICE. La chanson nous conte la relation conflictuelle d’un couple dans lequel le mec engueule sa femme comme du poisson pourri puisqu’il estime qu’elle n’est pas sympa avec lui. Œil pour œil, dent pour dent !
Ici, Elvis parvient à conférer une intensité chaude et troublante à un texte franchement glauque, grâce à une attitude nonchalante et un détachement à travers lequel on a l’impression de le voir inventer la « cool attitude » ! Au final, il réussit à prendre les paroles à rebrousse-poil et il nous fend le cœur. Absolument génial.
Le pitch :
« Je sais qu’on t’a dit
Que ce n’est pas bien de se moquer
Alors si tu es froide
Je vais vraiment être froid
Si tu ne veux pas que je sois froid comme de la glace
Traite-moi bien ».
2 : Steppenwolf : BORN TO BE WILD (1968)
Si vous cherchez LA chanson séminale et emblématique du rock dans laquelle on mélange allègrement sexe, drogue, rock’n roll et bécanes, c’est sans doute BORN TO BE WILD. C’est d’ailleurs tellement mélangé là-dedans qu’on finit par ne plus savoir de quoi ça parle exactement…
Ce qui est rigolo, c’est que cette apologie du « Vivre Rock » (intensément) était interprétée en playback avec une mollesse extrême par John Kay et sa bande !
Bon, n’empêche qu’il s’agit là de l’hymne d’une génération qui, à l’époque, avait réconcilié les hippies et les rockers à travers un film culte dont il était le titre principal : EASY RIDER. Et il s’agit également de l’hymne des bikers, accessoirement. Qui plus-est, le second couplet de la chanson a donné son nom à tout un courant qui allait bientôt remuer la planète : le « Heavy métal ». Rien que ça !
Le pitch :
« Mets en marche ton moteur
Fonce vers l’autoroute
Cherche l’aventure
Et tout ce qu’on trouvera sur la route
Oui chérie, vas-y, fais en sorte que ça se produise
Prends le monde dans une étreinte d’amour
Fais feu de tous tes pistolets à la fois
Et explose dans l’espace
J’aime la fumée et la foudre
Le tonnerre du lourd métal (Heavy metal Thunder)
Faisant la course avec le vent
Et le sentiment que je suis dessous
Oui chérie vas-y fais en sorte que ça se produise
Prends le monde dans une étreinte d’amour
Fais feu de tous tes pistolets à la fois
Et explose dans l’espace
Comme un vrai enfant de la nature
Nous sommes nés, nés pour être déchainés
Nous pouvons grimper si haut
Je veux ne jamais mourir
Nés pour être déchainés
Nés pour être déchainés ».
3 : Creedence Clairwater Revival : I HEARD IT THROUGH THE GRAPEVINE (1970)
Tout fan absolu de Marvin Gaye que je sois, j’ai une affection particulière pour la reprise de son sublime I HEARD IT THROUGH THE GRAPEVINE par les Creedence. Onze minutes de bonheur béat survolant une rythmique de bucherons en chemises à carreaux.
C’est l’histoire d’un mec qui sent que sa nana va le quitter, et qui va voir l’ex de cette nana pour savoir lequel des deux elle a le plus aimé. Tout ça sur une intuition venue de son petit doigt…
Le refrain :
« Chérie, chérie, je sais
Mon petit doigt me l’a dit
Que tu n’es plus à moi pour très longtemps bébé, ouais ouais ouais ouais
Que tu me laisses partir
J’ai dit que mon petit doigt me l’a dit Ooh !
Mon petit doigt me l’a dit
Que tu n’es plus à moi pour très longtemps
Mon petit doigt me l’a dit ».
4 : ZZ Top : KO KO BLUE (1972)
Quand je veux écouter une rythmique du feu de dieu, je sais où je peux la trouver : Chez ZZ Top, évidemment ! Ils en ont tout un stock et cette KO KO BLUE est une pépite de riffs saccadés qui me faisaient bouger la tête de l’arrière vers l’avant quand j’avais les cheveux longs. Quand j’avais des cheveux, en fait. Ils me manquent, là, d’un coup…
Bon, je ne suis pas très bon en anglais mais apparemment ça parle d’un mec qui veux baiser, peut importe avec qui puisqu’il fait nuit et qu’on n’y voit rien (à moins qu’il soit aveugle)…
Le pitch :
« Si je pouvais la voir
Tu sais que j’essaierai de lui plaire
Oh ma Ko Ko
Ne me demande pas pourquoi
Elle a mis le feu à mon âme
Oh ma Ko Ko bleue
Oh ma Ko Ko bleue
Tu es le chaud, le froid, je roule
Jusqu’à minuit
Sur une crème glacée, tu vois ce que je veux dire
Je pense que j’ai la saveur que tu aimeras ».
5 : ACDC : LET THERE BE ROCK (1977)
Arf ! Rien que le fait de savoir que j’écris sur ce morceau, j’ai les poils qui se hérissent ! Rarement le rock m’a autant mis la banane qu’avec ce titre-là et ses six minutes survoltées, hachées menues, ponctuées de montées, de descentes, de breaks et de reprises fulgurantes, de variations, variations sur la rythmique, sur les solos… En bref, c’est monstrueux !
Quant aux paroles, c’est n’importe quoi ! Les mecs nous balancent un gloubiboulga ressemblant vaguement à un manifeste du rock, mais ça ne va nulle part ! Jugez plutôt :
« Au Commencement
Retour en 1955
On ne savait rien à propos des concerts de rock’n roll
Et toute cette jive
L’homme blanc avait le sentimentalisme
L’homme noir avait le blues
Personne ne se rendait compte de ce qu’ils étaient sur le point de faire
Mais Tchaïkovsky a appris la nouvelle
Et il a dit :
Que le son soit
Et le son fut
Que la lumière soit
Et la lumière fut
Que la batterie soit
Et la batterie fut
Que la guitare soit
Et la guitare fut
Oh ! Que le rock soit
Whoah ! ».
6 : Ram Jam : BLACK BETTY (1977)
Ram Jam : Typiquement le groupe d’un seul tube, mais quel tube ! Dans sa version complète de quatre minutes, la chanson est le type même du morceau de bravoure. Certes, c’est ultra-mixé et les rockers puristes boudent un peu ce genre de tube trop beau pour être honnête, qui s’offrait d’ailleurs le luxe de passer en boite de nuit au beau milieu des tubes disco de l’époque !
Bon, évidemment, niveau parole, ça vole bas. Et même plutôt très bas si on se contente de les « lire » sans la musique. Mais encore une fois, deux ou trois phrases suffisent pour que la chanson s’envole très haut si l’ensemble est joué avec du cœur, et que tout prenne sens.
Le pitch :
« Oh ! Betty noire, bam ba lam
Woah ! Betty noire, bam ba lam
Elle me fait vraiment de l’effet, bam ba lam
Tu sais que ce n’est pas un mensonge, bam ba lam
Elle est si stable, bam ba lam
Et elle est toujours prête, bam ba lam
Woah ! Betty noire, bam ba lam
Woah ! Betty noire, bam ba lam ».
7 : Police : NEXT TO YOU (1978)
La plupart des fans de Police portent plusieurs de leurs tubes aux nues, mais jamais NEXT TO YOU, le premier titre qui ouvre le premier album du groupe. Pour ma part, il s’agit de mon préféré, et de loin. En tant que batteur, j’ai toujours adoré le jeu de Stewart Copeland et je trouve qu’il n’a jamais été aussi bon que sur ce morceau irrésistible.
Et pourtant, les paroles… Enfin bref, à ce stade de l’article, vous voyez où je veux en venir…
Le pitch :
« J’ai connu mille filles ou peut-être plus
Mais je ne me suis jamais senti comme ça avant
Et je n’ai aucune idée de ce qui m’arrive
Je suis sous ton contrôle, jette-moi au moins un regard
Qu’est-ce que je peux faire ?
Tout ce que je veux c’est être près de toi
Qu’est-ce que je peux faire ?
Tout ce que je veux c’est être près de toi ».
8 : The Knack : MY SHARONA (1979)
Cette chanson pourrait être l’emblème de tous les jeunes gars qui veulent perdre leur pucelage. Sous-entendus salaces et montée de l’excitation : tout y est. Et pourtant, les paroles sont à deux balles !
Encore une fois, on s’en fout, parce que ça défouraille et que ça envoie du bois. Batterie, basse, guitare, c’est la totale. Et même si on a perdu son pucelage il y a un bail, on retombe à l’âge pubère à chaque écoute. Incroyable, non ?
Le pitch :
« Oh ma jolie petite première, jolie première
Quand me donneras-tu un peu de temps, ma Sharona ?
Ooh tu fais ronfler mon moteur, ronfler mon moteur
Appuie sur le champignon et franchit la ligne, Sharona !
Ne t’arrête jamais, continue
C’est mauvais esprit
Mais on s’en fout quand on est jeune
Ma ma ma i yi woo
M m m ma sharona ! ».
9 : Manu Chao : JE NE T’AIME PLUS MON AMOUR (1998)
Le titre pourrait vaguement donner l’impression que Manu Chao reprend le concept de Gainsbourg pour son JE T’AIME MOI NON PLUS mais il n’en est rien.
Ici, le plus latino des chanteurs français aligne quasiment une seule phrase pendant deux minutes sur le principe d’une boucle de huit pieds alternant « Je ne t’aime plus mon amour » et « Je ne t’aime plus tous les jours« . Ça a l’air bête dit comme ça, mais en réalité de quoi est-ce que ça parle ? Car, qu’y a-t-il de plus difficile dans l’amour que de lutter contre le temps et la routine de ces petits rien qui pourrissent le fruit ? Ici, musique et paroles s’unissent, dans leur plus simple appareil, afin de conceptualiser l’idée que l’amour, au jour le jour, est une épreuve quasi-impossible à relever. C’est ainsi que tous les couples passent par des phases d’alternance entre l’affection et le rejet de l’autre, en boucle…
Arriver à en dire autant en si peu, c’est quand même assez impressionnant !
Le pitch :
« Je ne t’aime plus mon amour
Je ne t’aime plus tous les jours
Je ne t’aime plus mon amour
Je ne t’aime plus tous les jours
Je ne t’aime plus mon amour
Je ne t’aime plus tous les jours
Parfois j’aimerais mourir tellement j’ai voulu croire
Parfois j’aimerais mourir pour ne plus rien avoir
Parfois j’aimerais mourir pour plus jamais te voir
Je ne t’aime plus mon amour
Je ne t’aime plus tous les jours
Je ne t’aime plus mon amour
Je ne t’aime plus tous les jours
Je ne t’aime plus mon amour
Je ne t’aime plus tous les jours ».
10 : Iggy Pop : SHAKIN’ ALL OVER (1999)
Cette chanson est un autre grand standard du rock. Au départ créée par le groupe Johnny Kidd & the Pirates (en 1960), elle devient cultissime grâce à la reprise électrisée des Who dans leur légendaire LIVE AT LEEDS en 1970. Décalqué un nombre incalculable de fois (Vince Taylor, The Yardbirds, Guess Who, Billy Idol…), ce tube éternel trouve, à mon humble avis, sa version définitive avec Iggy Pop dans l’interprétation qu’il propose dans le tardif et très classieux AVENUE B en 1999.
A part ça, la chanson en elle-même ne raconte rien, si ce n’est les tremblements que l’on peut ressentir lorsqu’on est excité par sa partenaire. C’est complètement couillon, mais quand c’est bien beuglé et porté par un riff de l’enfer, c’est génial !
Le pitch :
« Quand tu remues près de moi
Des secousses m’agitent de partout
Des tremblements le long de ma colonne vertébrale
Des secousses dans les os de mes genoux
Des frissons dans les os de mes cuisses
Comme si…
J’étais partout agité de secousses ».
Et voilà donc tout le paradoxe dans lequel nous baignons depuis des lustres : Nous adorons, nous trouvons absolument géniales des chansons dont les paroles, prises en dehors de leur mise en musique, sont complètement débiles. Sauf que non en fait. Car le miracle nait de ce que ces paroles deviennent par le prisme de l’interprétation qu’en proposent ses musiciens. L’apparent simplisme des mots est soudain transcendé, prolongé, sublimé par le son et les frissons qui s’ensuivent, et l’on comprend ainsi que les mots seuls n’étaient évidemment pas complets.
Je répète néanmoins que cette appréciation est très personnelle et que chacun a sans doute une liste bien différente des autres, avec probablement des paroles bien plus nulles encore ! Je vous laisse donc construire la votre car, assurément, en sept décennies de musique pop, rock, de hard-rock, de heavy et autres death métal, ce n’est pas « les chansons géniales avec des paroles débiles » qui manquent !
Petit bonus pour terminer notre tour d’horizon :
That’s all, folks ! !