
HOMME ET LOUP, JOUR ET NUIT présente :
– WOLFEN –
Chronique du film WOLFEN
Rubrique HOMME ET LOUP, JOUR ET NUIT
Date de sortie du film : 1981
Durée : 115 minutes
Genre : Fantastique, horreur, thriller.

Cet article est inscrit dans le cycle dédié aux films de loup-garous que nous appelons HOMME ET LOUP, JOUR ET NUIT (c’est lui qui ouvre le bal !). Soit un sous-genre à part entière du cinéma fantastique et horrifique qui contient en son sein un panel assez conséquent de films importants.
Nous reviendrons de temps en temps vous présenter d’autres films de la rubrique. Mais chaque chose en son temps. Aujourd’hui, nous retournons en 1981 afin de remettre, sous la lumière de la pleine lune, une terrifiante histoire de loups et d’indiens au cœur du Bronx…
Pour entamer la lecture de l’article dans les meilleures dispositions, quoi de mieux que d’écouter la BO de James Horner en même temps…
Le pitch : À New-York, dans le Bronx, un riche promoteur et sa femme sont sauvagement assassinés dans un quartier abandonné, proche de la ruine. L’inspecteur Wilson (Albert Finney) est appelé à sortir de sa retraite afin de mener l’enquête, qui abouti rapidement à une surprenante révélation : La tuerie serait l’œuvre d’un loup !
Alors que les morts continuent de s’amonceler dans le même quartier, Wilson se rapproche d’une communauté d’ouvriers indiens, ceux-là même qui construisent les buildings de la ville et qui semblent connaitre les origines de la mystérieuse bête…

Un casting bien dans son époque.
WOLFEN est un film américain réalisé par Michael Wadleigh. Le scénario s’inspire du roman homonyme de l’écrivain Whitley Strieber.
Michael Wadleigh est un réalisateur à la carrière peu prolifique dont WOLFEN constitue la seule et unique incursion dans le domaine de la fiction, le cinéaste étant essentiellement connu pour son cultissime documentaire retraçant le festival de Woodstock (WOODSTOCK – 3 JOURS DE PAIX ET DE MUSIQUE), réalisé en 1970.
La distribution fleure d’ailleurs bon la fin des 70’s et le début des 80’s, avec ses acteurs emblématiques tels Gregory Hines (aperçu au même moment chez Mel Brooks et sa FOLLE HISTOIRE DU MONDE, il brillera de mille feux dans SOLEIL DE NUIT en 1985) ou Edward James Olmos (que l’on verra l’année suivante dans BLADE RUNNER). Le premier rôle est néanmoinns confié, sous l’insistance de Wadleigh lui-même, au vétéran Albert Finney, connu notamment pour son rôle de bâtard échoué dans la noblesse dans l’iconoclaste TOM JONES de 1963.
Avant toute chose, WOLFEN est une étonnante déclinaison effectuée sur le mythe du loup-garou. Une version unique en son genre, qui explore le sujet avec originalité et mysticisme, renouvelant complètement l’approche de la mythologie lycanthrope.
Du début à la fin, le mystère demeure sur les origines et sur l’identité réelle de ces loups cachés au cœur de la ville et, même si le film suggère qu’ils puissent être des fantômes, réceptacles de l’âme des indiens et des animaux jadis exterminés par l’homme blanc et son industrie, il appartient au spectateur de se faire sa propre opinion. Cette approche abstraite et inédite du genre fantastique offre à WOLFEN l’opportunité d’être revu indéfiniment, tout en lui procurant un pouvoir d’attraction et de fascination optimal.

Des indiens et des (magnifiques) loups…
En second lieu, WOLFEN se démarque du genre “loup-garou” par son approche naturaliste. De fait, en montrant les “monstres” sous la forme de véritables loups et non d’êtres hybrides comme dans les autres films de lycanthropes (où ils apparaissent la plupart du temps “à moitié-homme, à moitié-loup”), le film marque également son attachement à un autre sous-genre du cinéma fantastique alors en vogue : celui des “animaux tueurs”, qui avait démarré en fanfare avec LES DENTS DE LA MER en 1976 (bien qu’il faille remonter aux OISEAUX d’Hitchcock pour en trouver la matrice, voire aux films de SF des années 50 mettant en scène des insectes mutants géants), et qui avait été suivi par toute une vague de films basés sur les attaques d’animaux belliqueux, la plupart nanardesques (à coup de piranhas, crocodiles ou autres rats, géants ou non). En ce sens, WOLFEN est lui-même un produit hybride, à cheval entre ces deux sous-genres du cinéma fantastique.
La présence surnaturelle des loups est notamment suggérée par un procédé totalement novateur pour l’époque, filmé en caméra subjective. Ces scènes de poursuite, où le spectateur voit (et entend) le déroulement de l’action à travers la perception sensorielle distinctive des loups, ont marqué les esprits car Michael Wadleigh expérimentait les effets de la caméra infrarouge afin de suggérer cette présence – et cette menace – extra-humaine. Un procédé qui sera repris tel quel par le réalisateur John McTiernan pour les besoins de son PREDATOR en 1987.
Vision subjective en infrarouge…
Enfin, WOLFEN est puissamment enraciné dans une certaine vision du cinéma car, à le revoir aujourd’hui, on se dit que ce type de cinéma a complètement disparu. Comme s’il marquait un peu la fin d’une époque, où les acteurs n’étaient pas choisis pour leur physique mais pour la justesse de leur personnage, où les films prenaient le temps de raconter leur histoire sans chercher à remplir un cahier des charges, où l’on réalisait tout simplement un long métrage au service de son histoire, et non l’inverse.
C’est ainsi que WOLFEN nous parle du choc des cultures, des méfaits de la colonisation et des affres de la civilisation industrielle, quand les fantômes de l’Amérique ancestrale sont voués à se nourrir des rebuts de l’homme moderne. Et c’est ainsi qu’au-delà de cette métaphore sociopolitique, l’élément fantastique selon WOLFEN est un fantastique diffus, presque alternatif, tandis que l’atmosphère envoûtante de la mise en scène (appuyée par le score de James Horner) s’évertue à ménager les effets horrifiques tout en laissant aux protagonistes le temps d’exister, et d’articuler autour de ces derniers tout le suspense et l’intérêt de l’intrigue. Le résultat est réaliste sans être complètement naturaliste, épuré sans être terne, et surtout extrêmement crédible.
Et pourtant, Michael Wadleigh désirait un film de 2H30 dont le montage lui échappera complètement au final, ce qui le contrariera au point de lui faire quitter le métier de réalisateur ! En ce sens, WOLFEN incarne bel et bien la fin d’une certaine vision du cinéma, aujourd’hui totalement éteinte…

L’art de filmer un décor naturel afin de le rendre totalement inquiétant et terrfiant…
Mais au fait, y a-t-il eu un précédent ?
Mais oui !
Personne n’en parle jamais et pourtant, en 1979, Arthur Hiller réalise MORSURES (NIGHTWING), avec Nick Mancuso et le grand David Warner dans les rôles principaux, sur une musique d’Henry Mancini. Le film transpose dans le désert du Nouveau-Mexique le même sujet que celui de WOLFEN, avec une atmosphère et un parti-pris tout à fait similaires. On y retrouve le même sous-texte sur le peuple indien et son instinction face au colonialisme, son harmonie avec la nature violemment remplacée par l’industrie de l’homme blanc moderne et son existence réduite à l’état de “fantôme” errant sur ses propres terres dévastées. Sauf qu’ici la métaphore prend non pas l’apparence d’un loup-garou mais d’un vampire (David Warner nous campe d’ailleurs une parfaite variation moderne de Van Helsing, le pire ennemi de Dracula !). Un vampire tout aussi naturaliste que les loups de WOLFEN puisqu’il apparait sous la forme d’une “simple” nuée de chauve-souris !
Si WOLFEN est sans aucun doute un cran au-dessus, NIGHTWING témoigne lui aussi d’une époque où le film d’horreur fusionnait avec le mysticisme, où “l’animal tueur” et le “monstre issu du folklore gothique” ne faisaient également qu’un. Certes, la décennie des 70’s aura été riche en films traitant du génocide indien sous toutes ses formes, mais la filiation entre NIGHTWING et WOLFEN témoigne d’une orientation encore distincte, qui disparaitra en un éclair.

Part 1 : NIGHTWING… Part 2 : WOLFEN…
WOLFEN ouvre néanmoins la voie d’une période riche en films de lycanthropes. Un sous-genre qui verra plusieurs de ses chefs d’œuvre éclore entre 1981 et 1984.
La seule année 1981 nous offre à elle-seule trois films emblématiques de la lycanthropie, avec WOLFEN, LE LOUP-GAROU DE LONDRES et HURLEMENTS. Et la série s’achève en beauté en 1984 avec LA COMPAGNIE DES LOUPS (et perdure même quelques années avec d’autres films mineurs, comme par exemple PEUR BLEUE, d’après Stephen King en 1985). Pour le coup, notre rubrique HOMME ET LOUP, JOUR ET NUIT vous donne rendez-vous, tantôt, pour éclairer les autres films…
Quand la nature reprend ses droits…
See you soon !!!
ça fait longtemps que je l’ai vu celui-là. Je crois que je l’avais trouvé un peu long et mou. Mais bon j’étais plus jeune et le parti pris avait du me surprendre, et puis maintenant tous les trucs que j’ai trouvés lent, je les réévalue parce que j’en ai marre des trucs épileptiques et la lenteur ça fait du bien parfois^^
Tiens faut que je revoie la trilogie GINGER SNAPS. J’en ferai peut être un article dans cette sous-catégorie (si j’ai le droit de m’incruster dans ta catégorie^^)
C’est surtout le premier le plus réussi avec son parallèle entre le passage à l’âge adulte et la transformation en prédateur féroce (et chez une jeune femme pour changer), mais bon les suivants se regardent bien aussi dans mon souvenir. Mais justement ça date un peu mes souvenirs, faut que je revoie tout ça.
Bon par contre ça va être « femme et loup, jour et nuit » hein…c’est malin ça, d’avoir genré la catégorie !^^
Tu n’auras qu’à écrire « FEMME ET LOUP… présente », ça fera un clin d’oeil rigolo ! ^^
GINGER SNAPS : J’avais tenté le début et je n’avais pas accroché du tout. Le ton du film je crois. Ça ne faisait pas film. C’était filmé de façon spéciale il me semble, genre caméra amateur ou found footage. Enfin je dois avouer que je n’en garde aucun souvenir, sinon que je n’aimais pas ça.
Euh non, ce n’est pas filmé de manière spéciale.
Le ton…au début ça fait teen movie vu que c’est une ado qui est mordue est que sa transformation est mise en parallèle avec la puberté et ses premières règles. Mais bon ça finit de manière assez sombre.
Après ça peut faire un poil téléfilm, ce sont des petits films. Mais moi je suis fan.
Le 2 est assez sordide avec la deuxieme soeur qui est infectée et qui est internée de force pour une cure de désintox alors que la drogue qu’elle prend, c’est pour retarder sa mutation.
Le 3 n’a rien à voir, c’est genre un siècle avant, avec les memes actrices, et l’une des deux devient un loup garou aussi dans un fort paumé au milieu de l’hiver canadien.
Faudra que je réessaie, alors… Ou bien j’attends ton article 😀
Quant à toi, il n’y a, à mon avis, aucune raison de bouder ton plaisir pour WOLFEN, qui te plaira sans doute beaucoup plus aujourd’hui.