LE GIRLS WITH GUNS : L’AGE D’OR
Chronique des films de kung-fu hongkongais du genre « girls with guns »
2éme partie : L’âge d’or
Date de sortie des films : 1987-1993.
Genre : Arts martiaux, comédie, action
Nous avons vu en première partie la génèse de ce sous-genre du cinéma d’arts martiaux hongkongais. A présent que des actrices ont été mises en avant dans divers films produits par des cadors de l’industrie, le Girls with guns est né et les actrices ayant une formation de danse ou des connaissances en arts martiaux sont davantage demandées pour exploiter le filon.
La relève
La relève de Michelle Yeoh et Cynthia Rothrock, ce fut principalement Cynthia Khan, Yukari Oshima (plus tard connue sous le pseudo Cynthia Luster) et Moon Lee.
Cynthia Khan (de son vrai nom Yang Li-tsing) doit son nom de scène à la popularité de Cynthia Rothrock et Michelle Khan (le pseudo de Michelle Yeoh qu’elle a abandonné par la suite.) Elle était danseuse et pratiquante de Taekwondo et jouera majoritairement des rôles de policière.
Quant à la sino-japonaise Yukari Oshima, elle a appris un style de karaté, le Gōjū-ryū en étant l’élève de Sonny Chiba (Chiba Shin’ichi de son vrai nom), célèbre artiste martial japonais qui a percé également au cinéma dans les années 70. De petite stature mais avec un visage un peu plus masculin, Yukari a souvent eu des rôles de garçon manqué ou d’antagoniste.
Moon Lee n’a pas de formation aux arts martiaux à ma connaissance mais reste une danseuse compétente, très souple, que la magie du cinéma se charge de rendre convaincante. Son faciès d’ange toute mignonne l’a généralement cantonnée à des rôles d’héroïne.
Il convient également de citer Michiko Nishiwaki, la bodybuildeuse japonaise dont j’ai parlé rapidement en première partie, même si elle fera peu de films. C’est un peu l’antithèse de Moon Lee : son regard dur ou séducteur et sa carrure plus masculine feront d’elle une candidate idéale pour les rôles de femme fatale.
Continuons donc notre exploration de ce genre à travers 7 nouveaux films.
ANGEL (1987) de Teresa Woo & Raymond Leung
Commençons par ANGEL. ANGEL, c’est le début d’une trilogie (aux histoires indépendantes) importante dans le genre du Girls with Guns. Le succès du premier film va engendrer un nombre incalculable de films avec le nom « angel » dans le titre. De quoi se perdre et ne plus savoir quel film est la suite de quoi. Si en plus on aborde les renommages intempestifs pour le marché occidental (ce film s’appelle aussi IRON ANGELS, MIDNIGHT ANGELS, FIGHTING MADAM, etc.), on est vite largués. Mais le fait le plus notable de ce film, c’est qu’il va propulser en tête d’affiche 2 des nouvelles actrices mentionnées plus haut : Moon Lee et Yukari Oshima, auxquelles se joint pour l’occasion Elaine Lui.
Le pitch : les forces de l’ordre lancent un raid dans le Triangle d’Or pour détruire des champs d’opium afin de couper les revenus d’une organisation mafieuse. En guise de représailles, Yeung (Yukari Oshima), un des chefs de l’organisation, ordonne l’assassinat des agents ayant participé au raid. Les méthodes employées sont si efficaces que la police se retrouve débordée et doit faire appel aux Angels. Les Angels, c’est un peu Charlie et ses drôles de dames (sauf qu’il y a un mec aussi : Saijo Hideki. Et l’équivalent de Charlie s’appelle John.)
Ils ne se sont pas embêtés pour les noms d’ailleurs : les 3 « angels » portent le nom des acteurs : Moon, Elaine et Saijo. Experts en infiltration, espionnage, combat rapproché et armes à feu, ce trio va devoir mettre un terme à la vendetta de Yeung et l’empêcher de mener à bien un mystérieux plan destiné à couvrir les pertes de revenus de leur trafic d’opium.
Nous sommes en présence d’un film efficace qui n’enchaine pas bêtement les scènes de baston. Si le scénario est simple, il est rondement mené. On assiste à des scènes d’infiltration, de filatures, d’espionnage, et on ne s’ennuie jamais. Le rythme du film est un modèle du genre. La comparaison avec un JAMES BOND ou CHARLIE’S ANGELS (version TV des années 1970) n’est pas fortuite. Et il ne s’agit pas d’une critique. Le concept, si bien fichu, est très divertissant. Evidemment tout ça n’est pas réaliste (comme les JAMES BOND d’ailleurs.) Gadgets, super radars planqués dans des montres, objets piégés, sont autant d’éléments propres au genre du film de « super espion ». Yukari Oshima endosse le rôle de la « super méchante » sadique qui torture ses prisonniers et cabotine avec son rire maléfique.
Le métrage n’oublie pas les petites touches d’humour quasi inévitables pour ce genre de production mais à l’inverse de beaucoup d’autres, il sait ici se faire discret lorsque les enjeux sont sérieux et n’intervenir que dans les moments plus calmes (avec notamment le personnage un peu déluré d’Elaine Lui, le comic relief du trio.)
Les anges contre une démone
ANGEL ne propose pas énormément d’action, mais que ce soit les scènes de fusillades ou de combat rapproché, elles sont introduites organiquement pour servir l’intrigue (ce qui n’est pas toujours le cas dans ce genre de cinéma prétexte à la baston.) Et si les affrontements sont parfois courts, ils tapent dans le mille. Les coups font mal, Yukari Oshima est complètement malade et le combat final entre elle et Moon Lee (assistée d’Elaine Lui) est d’une brutalité surprenante. Les réalisateurs choisissent de frapper fort plutôt que de faire s’éterniser les combats.
Ce ne sera peut être pas le Girls with Guns qu’on retiendra si on cherche des duels emblématiques entre personnages charismatiques mais en tant que film, il est solide et divertissant.
IN THE LINE OF DUTY 3 de Brandy Yuen et Arthur Wong (1988)
Ce film, intitulé soit YES, MADAM 2 soit IN THE LINE OF DUTY 3 (après qu’ils aient décidé de faire de ROYAL WARRIORS et YES, MADAM les opus 1 et 2) introduit une nouvelle actrice prolifique du genre : Cynthia Khan.
Le pitch : Rachel Yeung (Cynthia Khan) est une nouvelle recrue dans la criminelle chargée de surveiller un inspecteur japonais (Fujioka Hiroshi) très énervé et en dehors de sa juridiction. Ce dernier veut venger un collègue assassiné par un couple de braqueurs meurtriers (Stuart Ong et Michiko Nishiwaki.) Ils vont finir par collaborer pour les arrêter. Les tueurs en question sont particulièrement brutaux et n’ont rien à perdre (l’homme ayant un cancer en phase terminale.) Ils ont également un dangereux complice (Dick Wei) auprès duquel ils trouveront de l’aide lorsque la police deviendra trop entreprenante. Chacun finira par devoir assouvir une vengeance personnelle lors des affrontements contre la police.
En parlant des affrontements, ces derniers sont particulièrement violents et intenses, et souvent fatals. On n’est clairement plus dans les métrages privilégiant l’humour comme ceux qu’on a pu voir dans la première partie.
Cynthia Khan affrontera évidemment Michiko Nishiwaki à de multiples reprises. Michiko héritera même du rôle de la méchante principale sur la fin. D’ailleurs cette fois, elle ne se contentera pas de nous montrer ses talents ou ses muscles mais…la totale. Oui, le film contient également une scène érotique torride entre les deux tueurs, chose rare dans ce genre de cinéma. Mais au-delà de renforcer le ton sérieux et plus adulte, cette scène donne aussi un peu de profondeur aux méchants qui vivent intensément comme s’il n’y avait pas de lendemain. En lieu et place d’un rire maléfique de caricature, Michiko versera même une larme sur l’oreiller après la fameuse scène de sexe. Le film se garde bien tout de même de nous les rendre sympathiques (ce sont des tueurs sans pitié) mais on sent bien qu’ils sont humains, et que plus rien d’autre ne compte pour eux que leur pulsion de vie destructrice.
Cynthia Khan doit gérer un couple de tueurs qui se bat avec l’énergie du désespoir et un inspecteur japonais en roue libre
L’atmosphère est soignée également. Les nombreuses scènes de nuit, les fusillades dans des night clubs et la musique un peu jazzy rapprochent l’ambiance du film de celle du manga CITY HUNTER.
Les défauts de cet opus ? Quelques scènes comiques qui n’ont rien à faire là et qui dénotent avec le ton violent du film. Oui je viens de dire que ce n’était pas comique et qu’on s’éloignait de la formule de la kung-fu comedy, et c’est le cas. C’est même d’ailleurs parce que le film est si efficace dans sa brutalité et sa noirceur que les passages comiques arrivent comme un cheveu sur la soupe. Un choix étrange qui fait perdre quelques points au film. Mais cela reste un Girls with guns tout à fait recommandable et sans doute l’un de mes préférés pour son intensité.
IN THE LINE OF DUTY 4 de Yuen Woo-ping (1989)
Si ce nouvel opus de la saga IN THE LINE OF DUTY n’est toujours pas une suite à proprement parler (chaque histoire est indépendante), Cynthia Khan reprend ici son rôle de l’inspectrice Rachel Yeung. C’est donc la première fois que la numérotation dans le titre a un sens.
Le pitch : Luk (Yuen Yat-chor), un ex-clandestin, se retrouve mêlé bien malgré lui à une fusillade impliquant la police et des trafiquants. Soupçonné à tort d’être lui-même un trafiquant par l’officier Donny (Donnie Yen) et pourchassé par les vrais criminels qui veulent récupérer une preuve pouvant incriminer un membre de la CIA, il va trouver de l’aide auprès de l’inspectrice Yeung qui croit en son innocence.
Yuen Woo-Ping à la réalisation, c’est un gage de qualité des scènes d’action. Si vous ne connaissez pas Yuen Woo-Ping, c’est un chorégraphe d’action très réputé à Hong Kong mais aussi en dehors (C’est lui sur TIGRE ET DRAGON mais aussi MATRIX, KILL BILL.) Pour ce film, il met les bouchées double, et il n’y pas d’humour lourdingue à l’horizon.
Il y a plusieurs bons points dans ce film : d’une part, l’utilisation de Luk, un type sympathique (qui sait se battre parce qu’on est dans un film de kung fu) qui sert de fil rouge. Ce n’est pas lui le premier rôle, mais on s’attache à ce pauvre bougre qui voit son ami se faire tuer et sa mère kidnappée simplement parce que les truands pensent qu’il détient une preuve contre eux. C’est un bon moyen de maintenir l’attention du spectateur plutôt que de toujours se focaliser sur un inspecteur sans peur et sans reproche. Concernant les officiers de police d’ailleurs, Cynthia Khan partage la vedette avec un jeune Donnie Yen, un peu crétin et impulsif (au début.) Et ça va être à Cynthia de le convaincre de faire équipe pour sauver Luk et arrêter les truands.
Le brave Luk et le duo d’enquêteurs de choc
Un autre bon point évidemment, c’est les scènes d’action. Le film va à 100 à l’heure et enchaine courses-poursuites, cascades et combats sur le toit de véhicule en marche ou dans une cage d’ascenseur et j’en passe et des meilleures. Mais, chose incroyable comme je le disais, sans oublier l’élément humain puisqu’on reste scotché pour voir comment les personnages vont s’en tirer.
Et finalement dernier bon point : si l’histoire est comme toujours assez simple, elle réserve des surprises. Comme je l’ai dit, un membre de la CIA est impliqué dans les magouilles des trafiquants. Ce qui signifie qu’il peut y avoir des ripoux au sein des forces de l’ordre.
Un reproche à faire au film ? Pas vraiment, si ce n’est qu’on pourra regretter un peu que Donnie Yen ait tendance à voler la vedette à Cynthia Khan dans un film estampillé Girls with Guns. Mais le bougre débutait sa carrière et comptait bien se faire une place au panthéon des acteurs hongkongais. Et ce n’est pas un défaut à proprement parler. On a malgré tout notre lot d’affrontements avec Cynthia, que ce soit contre le grand méchant ou un garde du corps féminin (Fairlie Ruth Kordick, une gweilo blonde.) Du tout bon donc pour ce 4ème opus cette « fausse » saga.
THE OUTLAW BROTHERS de Frankie Chan (1990)
Pour commencer, ce film n’est pas toujours catalogué comme un Girls with Guns. De quoi ? Je triche ? Oui et non. On est à 100% en présence d’un film de Yukari Oshima et techniquement elle a plus de temps d’écran que Cynthia Rothrock dans RIGHTING WRONGS. Si elle n’a pas le premier rôle, elle vole la vedette aux fameux « outlaw brothers » du titre, en tous cas au niveau des combats. Mais voilà, des « girls », en gros, il n’y en a qu’une. Voire une et demie…
Je tenais cependant à en parler parce que ce film contient certaines des meilleures scènes de tatane de Yukari et c’est aussi un film où elle n’a pas un rôle de méchante ou d’héroïne tragique qui meurt avant la fin (parce que oui, ça lui arrive souvent dans ses rôles.)
Disclaimer : attention, les noms des protagonistes sont ridicules.
Le pitch : James (Frankie Chan) et Bond (Max Mok) sont deux partenaires spécialisés dans le vol de voiture de luxe. Leur business tourne bien parce qu’ils travaillent pour un type raisonnable (dans le milieu des criminels, comprendre : qui n’essaie pas de les poignarder dans le dos.) Ils finissent par se faire remarquer par la police et notamment l’inspectrice Tequila (Yukari Oshima.) Celle-ci n’essaie pas de coffrer le duo de voleurs mais plutôt de se rapprocher d’eux pour découvrir le commanditaire derrière. Mais à un moment donné, les voleurs vont piquer la voiture de trop (contenant de la cocaïne) aux mauvaises personnes. Et police et escrocs vont devoir s’allier contre des assassins.
Bon, soyons honnêtes, le scénario n’a pas grand intérêt. Rien de honteux non plus, c’est le cas de beaucoup de films de ce genre. Mais c’est parfois mal rythmé. Le film souffre d’un bon coup de mou en deuxième partie de métrage avant le final explosif. Toute la première partie du métrage fonctionne très bien et on n’a pas le temps de s’ennuyer. C’est léger mais en aucun cas déshonorant (nous ne sommes plus dans les films sombres et violents cependant.) L’humour fait parfois mouche et on se croirait dans un film de Jackie Chan mêlant kung fu et comédie. Mais il faut attendre un bon moment avant l’arrivée des vrais antagonistes du film pour relever les enjeux et rendre le final plus épique. Sans parler de la petite romance kitsch inutile qui se développe entre Tequila et James.
Les Outlaw brothers, Michiko, Yukari…et la mode du survêtement
Concernant les combats par contre, ils sont superbement chorégraphiés et très nerveux et dynamiques. Yukari Oshima est complètement déchainée et nous prouve une fois de plus sa maitrise de l’art de la tatane et du high kick dans les gencives. D’ailleurs, c’est surtout elle et Frankie Chan qui portent l’action du film. Bond (Max Mok) ne se bat pas des masses et disparait presque dans la seconde partie du métrage. Et ne parlons pas des cascades. C’est simple, ça n’existe plus ce genre de trucs au cinéma tellement c’est dangereux. Les acteurs se jettent dans les escaliers, passent à travers des vitres et tombent d’un étage. En gros, niveau spectacle, c’est du bon divertissement bien chorégraphié et filmé.
Le principal souci c’est ce choix de se concentrer sur un début de romance entre James et l’inspectrice plutôt que, par exemple, nous présenter un peu mieux les truands menés par Michiko Nishiwaki (encore elle, oui.) Cette dernière ne participe d’ailleurs quasiment pas au combat final, ce qui est regrettable.
Le final reste exaltant et très bien mis en scène avec Frankie Chan et Yukari Oshima qui se partagent la vedette pour vaincre les artistes martiaux occidentaux (Jeff Falcon et Mark Houghton) au service de la bad girl Michiko.
En bref, on passe un bon moment, mais ç’aurait pu être mieux rythmé.
SHE SHOOTS STRAIGHT (JUSTICE SANS SOMMATION) de Corey Yuen (1990)
On abandonne un moment Moon Lee, Cynthia Khan et Yukari Oshima pour s’intéresser à Joyce Godenzi. Qui c’est Joyce Godenzi ? C’est une actrice sino-australienne, miss Hong Kong 1984 et épouse de Sammo Hung depuis 1995. Elle a tourné peu de films, et majoritairement des productions de celui qui deviendra son mari, comme ce SHE SHOOT STRAIGHT qui nous intéresse ici.
Le pitch : Mina Kao (Joyce Godenzi) vient d’épouser Chung Bo (Tony Leung Ka-fai) et d’intégrer la famille Wong (quelque peu envahissante) dans laquelle toutes les femmes sont policières depuis plusieurs générations et mettent un point d’honneur à ce que ça continue. Heureusement pour elle, Mina est policière. Une rivalité va naitre cependant entre elle et sa belle-sœur Ling (Carina Lau) au point que ça va impacter leur travail sur le terrain. Lorsque Chung Bo est assassiné par des braqueurs vietnamiens déjantés menés par Yuen Wah, et que la vie de Mina elle-même est menacée le jour de l’enterrement de son époux, c’en est trop. Mina et Ling, rapprochées par le deuil, se donneront pour mission de venger Chung Bo.
Retour de Corey Yuen à la réalisation pour un nouveau Girls with Guns après YES, MADAM et RIGHTING WRONGS. Et si on se souvient bien, malgré les défauts de ces films, les combats restaient excellents. Et rien d’étonnant à cela quand on sait que Corey Yuen est un chorégraphe de scènes d’action. Qui dit Corey Yuen dit bonnes chorégraphies, bonne mise en scène et rythme efficace. De plus ici, aucun humour malvenu et la tension dramatique ainsi que les séquences tragiques sont bien fichues grâce au jeu convaincant des actrices. L’utilisation de la famille Wong est intéressante. Elle fait parfois penser à une mafia surveillant de près ses intérêts et outrepassant les lois pour protéger leurs membres. Les affaires de famille constituent un fil rouge autour duquel s’articulent les rebondissements, ce qui change un peu. La vengeance n’est pas la seule motivation, mais aussi l’acceptation au sein d’une famille en deuil.
Voir Tang Pik-wan (une actrice et chanteuse d’opéra des années 50) dans le rôle de la matriarche de 65 ans tantôt mettre une droite à un officier prétentieux, tantôt dégainer son arme, c’est également quelque chose (elle décèdera hélas un an après la sortie du film.) Contrairement à d’autres films qui traitent les morts tragiques un peu par dessus la jambe juste pour donner un prétexte à une vengeance contre les salauds, ici l’emphase est mise sur l’émotion lorsque le diner d’anniversaire de la belle-mère de Mina est troublé par l’annonce de la mort de son fils. Les actrices vont pleurer, se soutenir, et on y croit.
Brutalité, sensibilité, et tatane dans ton nez
Plusieurs scènes d’action sont mémorables dans ce film : le braquage du night club où on découvre toute l’équipe de tueurs vietnamiens et leur complice féminine Yuen Ying (Agnès Aurelio, une gymnaste philippine n’ayant tourné que 5 films), la violente embuscade qui coûtera la vie à Chung Bo et fait prendre un tournant plus sombre au film jusque là certes violent mais pas dramatique, et bien sûr l’affrontement final, que ce soit contre Yuen Wah et ses hommes ou le duel mémorable entre Joyce et Agnès.
L’équipe de bad guys rappelle un peu celle de ROYAL WARRIORS, des soldats unis par un serment de fraternité qui les rend impitoyables. Mais ils sont mieux exploités puisqu’on les voit bosser en équipe.
Toujours simple niveau scénario mais toujours généreux en action et bien filmé. Un bon Girls with Guns.
THE DRAGON FIGHTER de Tony Liu (1990)
Celui-ci, il s’agit d’un film mettant en vedette des stars un peu moins prolifiques du genre, à savoir Sibelle Hu (aperçue dans MY LUCKY STARS), Michiko Nishiwaki et Carrie Ng.
Le pitch : On suit au départ le quotidien d’un gang de trafiquants de drogue hongkongais dirigé par Long Si (Eddy Ko) et son bras droit Ding (Francis Ng) qui va se retrouver attaqué de toutes parts par plusieurs adversaires. D’abord la police en la personne de madame Ho (Sibelle Hu), puis une japonaise (Michiko Nishiwaki) et ses hommes cherchant à assouvir une vengeance, la fiancée de Ding Jessica (Carrie Ng) dont l’engagement envers Ding ne semble être qu’une couverture, et enfin un mystérieux assassin (Alex Fong.) Au milieu de tout ça, on trouve un escroc à la petite semaine (Alex Man) qui vit avec son petit cousin de 8 ans surnommé « monstre ». Tout ce petit monde va se retrouver réuni par un concours de circonstances. La mort de « monstre » va entrainer une réaction en chaine qui va faire se rencontrer toutes les personnes cherchant à faire tomber Long Si.
Le film débute de manière assez inhabituelle. On pourrait penser que les protagonistes sont les membres du gang mafieux (un peu comme dans un film de gangsters de type LES AFFRANCHIS) puisqu’on les voit faire face à des règlements de compte, perdre un complice aux mains de la police (qui devient un témoin à éliminer), etc. Et la police est plutôt en retrait. Mais au final c’est davantage un film avec des protagonistes éparpillés dont les destins vont se rejoindre.
Si la structure narrative peut paraître un peu bordélique au début (puisqu’on ignore les motivations des 3/4 du cast), c’est aussi ce qui retient notre attention. On veut comprendre quels sont leurs rôles et ce qui va les réunir. Les objectifs de chacun vont se rejoindre pour en faire des alliés dans un final explosif dont tous ne sortiront pas vivants.
Sibelle Hu n’est pas la comédienne la plus impressionnante dans le domaine de la baston et des cascades. Elle a tourné dans pas mal de policiers mais elle est souvent doublée pour le combat rapproché. Elle sera plus à l’aise avec des flingues dans ce film. Michiko ne parlait pas bien cantonais, et donc ses rôles étaient souvent secondaires. Ici elle ne joue pas une méchante pour une fois, mais elle a peu de dialogues. Elle a quelques scènes de kung fu, tout comme Carrie Ng. Néanmoins, toutes 3 sont convaincantes dans leur rôle. Le reste du casting est excellent avec notamment un Francis Ng qui s’en donne à cœur joie dans le rôle du salaud de service.
Une flopée de personnages. Dans le sens de lecture : L’escroc « tendon de boeuf » (Alex Man) avec madame Ho (Sibelle Hu), Jessica (Carrie Ng), la tueuse japonaise (Michiko), et Long Si (Eddy Ko) avec son bras droit Ding (Francis Ng.)
Les scènes d’action sont plutôt bien introduites dans l’histoire et il y en a un sacré paquet (courtes, mais efficaces.) C’est une bonne série B, mais je dirais que parmi les points faibles il y a le trop grand nombre de personnages, et tous ne sont pas développés. Je ne parle pas de développement psychologique profond (on s’en fout dans ce genre de film) mais par exemple je n’ai toujours pas compris à quoi jouait le tueur joué par Alex Fong. Ok c’est le pote de l’escroc inoffensif joué par Alex Man, mais pourquoi le voit-on tuer des gens depuis le début ? C’est son job en gros j’imagine…mais il n’a aucun lien avec Long Si. Il gravite autour des personnages principaux et se retrouve parachuté là comme protagoniste pour aider les personnages féminins. Hum…ça sent un peu le rôle masculin forcé.
On pourra aussi regretter que certaines scènes d’action (surtout de poursuites en fait) soient légèrement accélérées. C’est une pratique à laquelle les meilleurs réalisateurs n’ont pas recours en général, parce que ça se voit. Certains passages ou les personnages se courent après risquent de vous faire penser à du Benny Hill (j’exagère mais vous voyez l’idée.)
En gros c’est pas mal mais il y a des défauts. Pas le meilleur Girls with guns (même si y’a un paquet de guns dans celui-là !)
ANGEL TERMINATORS 2 de Tony Liu et Chan Lau (1993)
ANGEL TERMINATORS 2, c’est c’est un de ces fameux films avec « angel » dans le titre mais qui n’a rien à voir avec la choucroute (même si on le trouve aussi sous le titre de THE BEST OF LADY KICKBOXERS, qui n’a guère plus de sens.) Ce n’est pas la suite du premier ANGEL TERMINATORS non plus, même si le premier se regarde bien aussi (sacrément trash quand même le premier. Des gens drogués de force, qui se font pisser dessus…berk !) Je préfère le second film pour son côté moins dégueu même s’il partage un fond assez sombre. C’est un film qui réunit Yukari Oshima, Moon Lee et Sibelle Hu.
Le pitch : Chitty (Moon Lee) et sa bande de potes viennent accueillir leur amie Bullet (Yukari Oshima) qui sort de prison. Celle-ci est en froid avec son père, Bao (Jason Pai), officier de police et partenaire de Dayima (Sibelle Hu.) Les deux officiers de police enquêtent sur un certain Dasang, commanditaire de plusieurs braquages qui ont fini en bains de sang. Chitty et Bullet vont se retrouver entrainées dans cette affaire après que la bande de Dasang ait forcé une de leurs amies à se prostituer.
A ce stade de l’article, vous connaissez la formule. Action, fusillades, kung-fu. Ce qui différencie ce film est la dimension dramatique bien présente. Non, vous n’allez pas verser une larme évidemment, mais certaines scènes intimistes comme la discussion sur les toits entre Chitty et Bullet fonctionne bien et nous fait apprécier ces personnages de jeunes femmes livrées à elles-mêmes et dont une amie est victime de prostitution forcée. C’est un film où on ressent un sentiment d’injustice assez fort surtout après la mort d’un personnage important, ce qui rend le final vengeur plus jouissif. Le film nous prend par les sentiments pour nous offrir un final cathartique où Moon Lee est survoltée et va concurrencer Yukari au niveau des prouesses martiales pour défoncer du bad guy pendant que Sibelle Hu préfère flinguer les truands à tout va. Les combats sont nerveux et les fusillades sanglantes. On regrettera tout de même un peu la surenchère d’explosions surtout lorsque Sibelle utilise un fusil à pompe (m’enfin c’est quoi comme munitions qui fait ça ?)
Action, tragédie…et un fusil à pompe qui fait tout exploser
Les actrices sont pour le coup très crédibles dans leur rôle. Si souvent elles cabotinent dans les films orientés « forces spéciales » ou « espionnage », ici elles ont des rôles plus réalistes. Yukari est convaincante en rebelle garçon manqué en conflit avec son père et Moon Lee en copine plus joyeuse mais qui va faire face à une descente aux enfers. Certes, les sujets graves restent en surface (jeunes désœuvrés en conflit générationnel et avec les autorités, danger de la rue avec les criminels et la prostitution), mais cela contribue malgré tout à donner un cadre plus réaliste que le tout venant. Ça ne tient pas à grand chose, mais voir le quotidien de gens « normaux » impacté par les activités de criminels, ça rend tout de suite ces criminels plus antipathiques. Bon par contre le final n’est pas du tout réaliste puisqu’une fille comme Chitty (qui n’a rien d’une policière) se retrouve armée jusqu’aux dents. Mais à ce stade là, on s’en fout. On a eu notre dose de drame et on veut voir les méchants se faire défoncer.
En bref, c’est un bon Girls with Guns, à ranger dans la catégorie des plus tragiques.
Le combat du jour : Joyce Godenzi VS Agnès Aurelio dans SHE SHOOTS STRAIGHT
CONCLUSION
Ce genre de cinéma n’est pas là pour faire réfléchir, c’est vrai, mais si je l’aime c’est parce qu’il est généreux et enterre facilement les ¾ des films d’action modernes pauvrement chorégraphiés et au montage hyper découpé empêchant tout recul sur la qualité des combats. On sent l’envie de bien faire, d’offrir un spectacle impressionnant, même si c’est parfois avec 3 bouts de ficelle. Les acteurs sont à fond, et les combats et cascades vont souvent très loin.
Evidemment, je l’ai dit, tout ceci a été possible « grâce » à un certain mépris des risques qu’il peut paraitre inapproprié de glorifier. Pas mal de cascadeurs de l’époque ont été sévèrement blessés (Moon Lee et Sibelle Hu ont même été brulées gravement lors du final de DEVIL HUNTERS en 1989 à cause d’une erreur pyrotechnique. Ça ne les a pas empêchées de revenir dans plein de films par la suite cela dit, tel ANGEL TERMINATORS 2 dans lequel elles n’ont pas de séquelles visibles. Pas froid aux yeux les miss !)
Les pauvres Sibelle Hu et Moon Lee en feu dans la cascade pyrotechnique loupée de DEVIL HUNTERS
Le recours aux doublures était pourtant répandu mais peut sembler un peu hasardeux parfois (certains coups de pied seront reçus par une doublure mais la scène suivante l’actrice elle-même plongera dans les flammes. Peut-être que les comédiens tenaient à faire eux-mêmes certaines cascades ?) On peut trouver que c’était un peu exagéré pour du cinéma, que le jeu n’en valait pas la chandelle, mais c’est aussi parce que ce genre de choses ne serait plus possible aujourd’hui que le spectacle procuré par ces films n’a pas pris une ride. Ne boudons pas notre plaisir et faisons en sorte que ces gens ne se soient pas blessés pour rien en appréciant le produit final.
Le Girls with Guns a bénéficié d’un dévouement assez incroyable de la part de ses jeunes actrices grâce auxquelles on trouve des films comme ceux chroniqués ici qui en mettent encore plein la vue. Et même si parfois les histoires peuvent faire un peu nanar, ils remplissent leur contrat de bon divertissement.
Les films disponibles à la vente sur le marché français :
-LE SENS DU DEVOIR 3 et 4 (DVD HK Video)
-JUSTICE SANS SOMMATION (DVD HK Video)
-THE DRAGON FIGHTER (Blu-ray Spectrum Films)
-ANGEL TERMINATORS 2 (Blu-ray Spectrum Films)
Mon affiche hommage au genre