BIG BEND
– 1° PARTIE –
Dossier sur la discographie de David Gilmour
Sujet de l’article : La discographie de David Gilmour, avec Pink Floyd et en solo.
Genre : Musique, Pop-rock, Rock progressif
Contenu : Article émaillé d’images et de vidéos youtube
illustration en haut de l’article : © Ed Illustratrice
BIG BEND – 1° partie : Vous êtes ICI.
BIG BEND – 2° partie
AVERTISSEMENT : Ces articles ne sont pas à lire d’une traite. Ce sont des dossiers qui contiennent parfois près de vingt chansons. Ils sont conçus pour servir de sujets de découverte, et compiler des best-of de chansons triées sur le volet. L’idéal est d’y revenir, et de découvrir l’ensemble en prenant son temps.
Afin d’en rendre la lecture plus fluide, cet article a été divisé en deux parties.
Le jeune David : Un physique d’une beauté absolue dont le principal intéressé ne se souciait guère !
©Ed Illustratrice
Cet article est dédié à la carrière de David Gilmour. Nous y égrainerons en tout une trentaine de chansons (une quinzaine ici, et autant sur la deuxième partie), dans l’ordre chronologique de leurs enregistrements.
L’idée n’est pas de réaliser un palmarès exhaustif, mais d’avoir le panorama d’une carrière longue dune soixantaine d’années, en retenant, sinon les titres emblématiques, voire les plus marquants, au moins ceux qui le définissent le mieux au fil du temps.
Cet article n’est pas élitiste. Il a pour but de faire découvrir l’artiste. Il contient donc autant de chansons connues que de titres rares ou plus confidentiels.
Un autre article reviendra sur les contributions des membres de Pink Floyd aux albums des autres. Un autre encore nous permettra de découvrir l’héritage du guitariste chez les générations suivantes. Nous aurons donc l’occasion d’y entendre une autre facette de David Gilmour…
Le saviez-vous ?
Les nombreuses collaborations de notre homme sur les albums des autres…
À l’heure où j’écris ces lignes, David Gilmour, l’homme à la black strat, est un vénérable rocker de près de 80 printemps. Bien qu’il fut le second guitariste du groupe Pink Floyd (après le départ de Syd Barrett au terme du premier album) il en est rapidement devenu l’âme (et si on disait que Roger Waters (basse) en était le cerveau, Nick Mason (batterie) le cœur et Richard Wright (claviers) les veines ?). Il remplaça ainsi Barrett (lui c’était le front(-man)), son ami d’enfance, dès le second album, pour ensuite être le seul à demeurer sur tous les titres, jusqu’à l’album final publié en 2014.
Gilmour, c’est la voix de Pink Floyd que l’on entend sur les tubes les plus connus du groupe, à commencer par MONEY et ANOTHER BRICK IN THE WALL (PART. 2). Car si tous les membres du groupe chantaient (à l’exception de Nick Mason), c’est bien son organe qui reste emblématique.
Mais l’essentiel, lorsque l’on évoque cet homme, c’est son jeu de guitare.
David Gilmour est aujourd’hui reconnu comme l’un des grands guitaristes de l’histoire du rock, au son, à la tessiture et au style spatial et cristallin immédiatement reconnaissable.
Longtemps snobé par l’élite musicale pour son manque manifeste de virtuosité technique, parce qu’il n’a jamais été démonstratif, jamais complexe, jamais véloce, jamais extraverti (antithèse totale des hard-rockers et autres guitar-heros survoltés), sans aucune velléité de se jeter dans un concours de celui qui ira le plus vite et qui balancera le plus de notes possible, il a gravi lentement mais sûrement les échelons de la renommée. Et il n’a cessé de se rapprocher des premières places du classement des magazines spécialisés qui font autorité en la matière à travers le monde. En 2018, Rolling Stone le classe sixième meilleur guitariste de l’histoire, alors qu’il a également été nommé meilleur joueur de Fender de tous les temps dans un sondage effectué par le magazine Guitarist, devant d’autres musiciens légendaires, notamment Jimi Hendrix et Eric Clapton. Une sacrée ironie tant il fut souvent raillé dans l’ombre de ces géants (qu’il considère d’ailleurs comme ses modèles).
Le temps a fait son office et moi, votre humble chroniqueur, je peux alors me dire que je ne m’étais pas trompé en le choisissant comme mon idole dès mon plus jeune âge !
David Gilmour en BD ? Ça existe dans l’album PINK FLOYD EN BANDE DESSINÉE aux éditions Petit à Petit (ici par le dessinateur Gilles Pascal)
Soyons clair : S’il fallait vraiment choisir ses meilleurs titres, ce seraient tous des titres de Pink Floyd, et probablement puisés en une seule décennie, celle des 70’s. Car ses albums solos ne peuvent rivaliser avec ces années-là, et son parcours avec Pink Floyd en tant que leader, après le départ de Roger Waters, encore moins.
C’est quand même étonnant : Alors qu’il avait absolument tout pour lui, que le destin lui avait tout offert, la beauté absolue (à deux doigts d’emballer Brigitte Bardot, le bougre !), une voix exceptionnelle, opulente (de GREEN IS THE COLOUR à WELCOME TO THE MACHINE, en passant par ECHOES chanté à l’unisson avec Richard Wright, la tessiture est impressionnante), et donc l’un des plus beaux jeux de guitare de l’histoire du rock, alors qu’il aurait pu tout obtenir, il n’a jamais autant brillé qu’avec Pink Floyd.
Cinq albums solos réalisés en pointillés à partir de 1978, en marge de la discographie floydienne, une palanquée de participations discrètes chez d’autres d’artistes qu’il accompagne souvent en tant que producteur et musicien accompagnateur (il joue de la guitare par ci, par là), et basta.
La légendaire arme secrète du Gilmour : la black strat !
David Gilmour ne brille donc ni par le charisme, ni par la prolixité. Mais c’est un musicien unique, qui est parvenu à trouver son expression la plus aboutie dans son travail collaboratif au sein de son groupe, grâce à la complémentarité artistique stimulante de chacun de ses membres.
Écouter Gilmour, c’est se laisser porter par tout un univers, une entité musicale faite d’émotion pure, une signature où le malaise étrange côtoie souvent le sublime. C’est une musique envoûtante, facile d’écoute, immédiate dans son rapport avec l’auditeur. C’est un idéal sonore au service d’une œuvre inégale, mais traversée de fulgurances inoubliables. Ses accords sont parait-il aussi simples à jouer que difficiles à reproduire tant il est le seul à savoir les faire sonner comme il le fait (et c’est d’ailleurs le cas des autres membres de Pink Floyd).
Afin de brosser un tableau complet, la liste qui va suivre égraine donc la totalité de son parcours, albums solos compris.
A SAUCERFUL OF SECRETS – MORE – UMMAGUMMA
Trois albums pour s’échauffer et trouver son style…
À partir de quel moment David Gilmour s’est-il démarqué au sein de Pink Floyd ? A SAUCERFUL OF SECRETS ? MORE ? UMMAGUMMA ? ATOM HEART MOTHER ?
MORE est enregistré en 1969. C’est le troisième album de Pink Floyd, mais c’est sa première bande-originale de film (un film réalisé par Barbet Shroeder, l’histoire d’un couple de junkies qui tourne mal lors d’un séjour à Ibiza). Jusque-là, et notamment dans A SAUCERFUL OF SECRETS (le second album du Floyd), Gilmour singeait un poil le style de Barrett pour rester dans la continuité. C’est donc avec MORE qu’on l’entend commencer à s’émanciper. Il y livre par ailleurs ses premières parties de guitare vraiment remarquables. On retiendra particulièrement CYMBALINE, superbe ballade où il impose réellement sa voix pour la première fois. En live, CYMBALINE est l’un des premiers titres que le groupe se met à étirer dans de longues versions improvisées (incluant le passage bruitiste systématique, qui disparaitra au fil des années 70), avec plus de parties de guitare encore. Notre homme, lentement mais sûrement, y développe ses aptitudes…
Version studio
Le double album UMMAGUMMA (1969) est celui de Pink Floyd que j’aime le moins, à cause du deuxième disque où chaque membre enregistre ses créations individuelles aux relents de musique hallucinogène périmée. Mais au milieu de ce marasme se trouve une bouffée d’oxygène : THE NARROW WAY PART.3.
L’idée était donc que chaque musicien propose la moitié d’une face de 33 tours, en écrivant, composant et jouant tout seul. Avec la suite THE NARROW WAY, Gilmour met donc un pied dans l’écriture des textes (ce ne sera jamais son point fort), et dans la démonstration de ses aptitudes de multi-instrumentiste puisqu’il y joue la guitare, la basse et même la batterie. Longtemps, je me demandais pourquoi Nick Mason jouait aussi mal de la batterie sur THE NARROW WAY PART.3, avant d’apprendre que c’était Gilmour !
Enfin, voilà quoi. C’est un enregistrement qui ressemble plus à une démo qu’à autre chose. Mais c’est néanmoins la naissance d’un David Gilmour capable de créer ses propres chansons, où son style particulier s’affirme encore un peu plus.
Pas mal pour une démo, à part la batterie…
ATOM HEART MOTHER
La mythique pochette d’ATOM HEART MOTHER, par Storm Thorgerson, le concepteur attitré du groupe, du collectif Hipgnosis
ATOM HEART MOTHER (1970) est le premier album de l’histoire du rock à contenir un titre remplissant toute une face de 33 tours, et l’une des pierres fondatrices du rock progressif, qui mélange rock et musique classique sur de longues compositions complexes.
Voici donc le premier album d’une série qui va marquer son époque, puisqu’il sera suivi des plus grands albums du groupe avec MEDDLE, THE DARK SIDE OF THE MOON, WISH YOU WERE HERE et ANIMALS qui, tous à leur façon, creuseront le filon du rock progressif. Jusqu’à THE WALL.
ATOM HEART MOTHER est néanmoins celui qui a le plus mal vieilli (malgré la participation du grand ingénieur du son qu’était Alan Parsons). La composition du titre-fleuve qui donne son nom à l’album est en partie dévolue à Ron Geesin et non aux membres du Floyd. Elle fait aujourd’hui office de laboratoire d’expérimentation et, malgré de beaux passages, souffre encore d’un contexte où le groupe continue de se chercher après le départ de Syd Barrett.
La seconde face comporte trois chansons très intéressantes (IF, SUMMER ’68 et FAT OLD SUN), respectivement écrites par Waters, Wright et Gilmour, car elles sont encore pensées sur le principe d’UMMAGUMMA (chaque musicien pilote sa propre création), mais avec plus de libertés et surtout beaucoup plus de maitrise. Sur FAT OLD SUN version studio, Gilmour y joue encore l’ensemble basse/batterie/guitare. En live, le morceau subira le même étirement que CYMBALINE, avec de belles improvisations à la guitare. Les éditions EARLY YEARS, qui comportent moult enregistrements issus des fameuses PEEL SESSIONS de la BBC, nous donnent aujourd’hui l’occasion de redécouvrir ces prestations.
Version live
Ces trois premiers titres que nous venons d’écouter synthétisent, avec le recul, une sorte de proto-Pink Floyd, aux longues explorations dévolues aux textures sonores. Ils montrent bien l’évolution d’un Gilmour avec ses innovations les plus emblématiques, notamment ce son spatial et ces effets de slide et de Lap Steel. Ils sonnent avec le recul comme les brouillons qui donneront bientôt BREATHE IN THE AIR sur DARK SIDE OF THE MOON. Certains puristes préfèrent ces titres des années 60 à ceux des années 70 (ils sont certes aventureux, encore très psychédéliques, un poil plus spontanés et donc plus directement rock). Tous les goûts sont dans la nature…
OBSCURED BY CLOUDS
Une petite BO, en passant…
C’est après ATOM HEART MOTHER que les choses sérieuses commencent. L’album MEEDLE, enregistré en 1971, est le premier chef d’œuvre qui ouvre cette incroyable décennie dans laquelle Pink Floyd va se hisser au firmament de l’histoire du rock. Nous éclairerons cet album magnifique dans les articles dédiés aux autres membres du groupe.
Entre MEDDLE et THE DARK SIDE OF THE MOON se trouve OBSCURED BY CLOUDS (1972), album plus modeste constitué de simples chansons courtes, qui constitue leur troisième bande originale de film, après MORE et ZABRISKIE POINT (le film s’intitule en fait LA VALLÉE, encore une histoire de hippies réalisée par Barbet Shroeder). L’album en lui-même est une petite récréation, d’autant plus rafraichissante qu’elle propose des chansons écrites en collectivité. Pour BURNING BRIDGES, par exemple, Roger Waters écrit les paroles et Rick Wright compose la musique (une association suffisamment rare pour la faire remarquer !). Et dans la chanson, Gilmour & Wright chantent ensemble (à tour de rôle, puis à l’unisson). Depuis MEDDLE se dessine cette alchimie unique qui va sceller la collaboration harmonieuse entre les deux artistes, ce qui va peu à peu créer des conflits au sein du groupe et notamment par rapport à Roger Waters. Nous aurons l’occasion d’en reparler au fil des articles consacrés à Pink Floyd et à chacun de ses membres.
BURNING BRIDGES nous offre également trois solos de guitare, un premier réalisé à la black strat, les deux autres à la pedal steel. Pour ceux qui aiment les balades planantes et les parties de guitare éthérées (plus loin dans l’album, MUDMEN est une déclinaison instrumentale du même morceau. Nous y reviendrons dans un autre article)…
Trois solos ! trois solos de guitare déments en quelques minutes !
THE DARK SIDE OF THE MOON
L’album de tous les superlatifs…
Nous en arrivons à présent au monument THE DARK SIDE OF THE MOON.
C’est à partir de là que Waters s’accapare l’écriture de tous les textes (et qu’il devient l’un des plus grands paroliers de l’histoire du rock), créant le premier concept-album véritablement abouti du genre, davantage que ne l’avaient été avant lui SERGENT PEPPERS des Beatles, TOMMY des Who ou encore DAYS OF FUTURE PASSED des Moody Blues (certainement le plus convaincant des trois en la matière). C’est aussi à partir de cet album que le grand guitariste qu’est devenu David Gilmour décolle définitivement et son solo sur TIME est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands solos de l’histoire du rock (je sais, on se répète, mais il est admis de toute manière que THE DARK SIDE OF THE MOON est l’album de tous les superlatifs…).
Ici on va néamoins choisir BREATHE.
Au départ, il s’agit d’une compo écartée de l’album MUSIC FROM THE BODY, bande originale bruitiste co-réalisée par Waters & Geesin pour un documentaire TV sur le corps humain. Recyclée pour THE DARK SIDE OF THE MOON, elle acquiert une toute autre dimension sous l’impulsion de Rick Wright, qui développe les accords en s’inspirant du KIND OF BLUE de Miles Davis. Pour le reste, c’est l’omniprésence de Gilmour qui frappe l’auditeur. Son chant, qui est arrivé à maturité, est une merveille d’émotion, tandis que ses parties de lap steel et ses envolées de slide apportent une coloration incroyable au morceau. Typiquement le genre d’inovation qui agira sur l’auditeur comme une révélation, lequel auditeur recherchera alors éternellement à capter les mêmes sensations, devenant officillement fan de Pink Floyd en général, et de Gilmour en particulier (puisque tous les goûts sont dans la nature, il existe également une armée de gens qui décrèteront qu’à partir de là, Pink Floyd c’est commercial et c’est nul (notamment parce que l’album, richement mixé, est enrichi de la participation très soul de nombreux choristes) – il faut de tout pour faire un monde)…
Je propose d’écouter la chanson dans un montage où elle est encadrée par SPEAK TO ME et THE GREAT GIG IN THE SKY. Ce n’est pas comme ça dans l’album, mais ça permet de l’écouter sans la couper de manière abrupte.
YOU GOTTA BE CRAZY est un long morceau que Pink Floyd expérimente en concert à l’époque où il joue THE DARK SIDE OF THE MOON.
Au départ, pour notre article je voulais choisir DOGS, le titre-fleuve de l’album ANIMALS (1977). Car il s’agit non seulement de l’un de mes titres préférés de Pink Floyd, mais aussi parce qu’il fait partie des quelques compositions dévolues à Gilmour. Et puis, en y réfléchissant, mon choix s’est reporté sur YOU GOTTA BE CRAZY. Il s’agit en fait de la version primaire de DOGS, expérimentée en concert pendant des années avant d’être remaniée dans sa version définitive sur l’album de 77. Je l’ai choisi car c’est un titre live qui rend parfaitement justice au talent scénique de Gilmour dans la meilleure période du groupe, aussi bien pour les parties de guitare que pour la performance vocale. Mais aussi parce qu’il s’agit d’une version restée très longtemps inédite, et que j’ai accueillie les larmes aux yeux lorsqu’elle a enfin été proposée dans les bonus des éditions EXPERIENCE puis IMMERSION BOX de WISH YOU WERE HERE.
Pour l’anecdote, ce titre, ainsi que tous ceux du LIVE AT WEMBLEY de 1974, furent en leur temps démolis par l’élite de la presse rock, au moment où cette dernière décidait soudain que, Pink Floyd, ce n’était bien que du temps de Syd Barrett… L’album qui suivit, WISH YOU WERE HERE, fut donc flingué à son tour (on en rigole encore…). Un effet mouton a perduré jusqu’à aujourd’hui car cet écho persiste et YOU GOTTA BE CRAZY continue d’être boudé par l’intelligentsia prout-prout version rock. Inutile de dire que j’en réfute l’idée : Cette prestation en particulier, à la fois proche et distincte de celle qui sortira sur ANIMALS, qui trouve l’équilibre miraculeux entre sensation planante et énergie rock, est somptueuse en tout point. Une merveille.
WISH YOU WERE HERE
Best album ever…
Nous avons dédié sur C.A.P tout un article sur l’album WISH YOU WERE HERE (1975). Impossible, néanmoins, de consacrer un article sur David Gilmour sans passer par ce titre incontournable qu’est SHINE ON YOU CRAZY DIAMONDS, best music ever pour votre serviteur.
Il existe moult versions de ce morceau, en entier ou pas, acoustique ou électrique. Et encore, on espère toujours un coffret IMMERSION pour l’album ANIMALS, où pourrait se faufiler l’un des nombreux concerts de l’époque, dans un enregistrement en bonne et due forme, puisque la multitude de versions pirates qui ont jadis écumé les bootlegs, nous ont fait baver à travers des versions démentes de SHINE ON YOU CRAZY DIAMONDS avec, hélas, un son à coucher dehors…
On va donc se reporter sur une version live des années 2000, issue du concert REMEMBER THAT NIGHT (2007), avec Richard Wright aux claviers, David Crosby & Graham Nash aux chœurs, et Dick Parry (déjà présent dans la version d’origine) au saxophone (il y aura aussi Robert Wyatt et David Bowie sur d’autres titres). À cette époque, Gilmour s’envole pour une carrière solo enfin florissante, et amène avec lui Rick Wright afin de préserver l’âme du Floyd dans une série de tournées stratosphériques…
Idem pour la chanson WISH YOU WERE, que l’on peut écouter dans sa version d’origine sur l’article consacré.
Gilmour est un grand représentant de la guitare électrique, mais quid de sa version acoustique ?
WISH YOU WERE HERE est un album de Pink Floyd datant de 1975. Mais à l’origine, c’est une chanson que Roger Waters avait écrite car il souhaitait ressouder les liens entre les membres du groupe autour d’un thème : celui de l’absence, cristallisé par la figure de Syd Barrett, dont le cerveau était parti en fumée de LSD quelques années plus tôt et qui réapparaitra furtivement, par surprise, de manière dramatique et cruellement ironique, lors des sessions d’enregistrement consacrées à son souvenir…
En 2002, David Gilmour a donné un concert en majeure partie acoustique, au Royal Albert Hall. Surprenant tout le monde en tournant le dos à la grosse machine floydienne habituelle, le guitariste effectuait un retour en grâce inattendu (notamment en commençant par la magnifique version umplugged de SHINE ON YOU CRAZY DIAMONDS !). Dans un tel contexte, la présence de la ballade WISH YOU WERE HERE était forcément incontournable.
DAVID GILMOUR
On se demande si c’est de l’humilité, ou si la pochette est vraiment moche ?
Avec l’album ANIMALS de 1977, la nouvelle mutation de Pink Floyd est en marche : Roger Waters prend le pouvoir et crée quasiment tout seul l’intégralité des morceaux (seul le titre DOGS est composé par Gilmour). Richard Wright ne chante plus et Gilmour de moins en moins. Waters finira par y croire et par l’affirmer : Pink Floyd, c’est lui…
On a vu dans l’article consacré pourquoi WISH YOU WERE HERE était très souvent considéré comme le sommet de la discographie floydienne : Alors que Roger Waters se passionnait de plus en plus pour l’écriture des textes et le développement des concepts thématiques, les autres membres du groupe préféraient quant-à eux s’adonner aux expérimentations sonores et aux longues plages musicales collectives. WISH YOU WERE HERE est l’album qui trouve le meilleur équilibre entre ces deux horizons distincts.
Pour le coup, en 1978, Wright et Gilmour ont des envies d’escapade et se lancent tous les deux dans leur album solo respectif. Wright signe un WET DREAMS feutré et aseptisé, branché jazz très smooth, tandis que Gilmour opte pour un album de guitariste laid back, un peu froid également, composé d’une alternance de chansons et d’instrumentaux mettant en valeur son style arrivé à maturité.
DAVID GILMOUR (titre de l’album, donc) n’est pas un grand disque. C’est toutefois mon préféré parmi les cinq albums solos que réalisera l’artiste entre 1978 et 2024. C’est le plus authentique, le plus direct, le plus Gilmour…
La chanson SO FAR AWAY ne plaira certainement pas aux rockers puristes, qui la percevront comme une bluette guimauve à la noix. De mon côté c’est une ballade irrésistible, surtout qu’elle restitue parfaitement toutes les textures sonores (guitare et voix) qui me font tant aimer le monsieur. Et je la prends comme elle est : Une chanson planante, chaleureuse, cristalline et lumineuse. Quelque part une sorte de brouillon pour le futur chef d’œuvre que sera COMFORTABLY NUMB, d’ailleurs composé à l’époque en même temps que RUN LIKE HELL, mais pas encore assez abouti au moment de postuler pour cet album (à croire que le destin de ces deux chansons était d’aller à THE WALL).
Version studio (il existe également une version live)
THE WALL
Encore un chef d’œuvre !
Lorsque je réécoute aujourd’hui l’album THE WALL (1979), je suis époustouflé par cette succession de chansons, notamment sur le premier disque, qui sont autant de chefs d’œuvre. Laquelle dois-je garder, entre ANOTHER BRICK IN THE WALL, MOTHER ou GOODBYE BLUE SKY, où notre Gilmour brille à chaque fois comme autant d’étoiles ?
Et si l’on découvrait encore d’autres raretés ?
En 2012, avec la sortie du coffret IMMERSION, le fan découvrait, ébahi, une armada de démos et de versions alternatives de tous ses titres préférés. Parmi cette pléthore de bijoux exhumés, mon favori est cette version alternative de EMPTY SPACES, ici renommé YOUNG LUST (sur l’album c’est le titre suivant qui se nomme YOUNG LUST), probablement parce qu’à ce stade de sa conception, l’album se cherchait encore.
Une fois n’est pas coutume, c’est l’organe vocal de Gilmour (qui chante en alternance avec Waters) qui m’intéresse, car il signe cette version préliminaire d’une magnifique voix rock.
Mon second choix, en ce qui concerne THE WALL, s’est porté sur MOTHER, car du coup je peux vous faire découvrir la version que l’on entend dans le film réalisé par Alan Parker en 1982. Une version également très différente de celle de l’album.
C’est un des nombreux titres (comme par exemple avec COMFORTABLY NUMB) où Gilmour & Waters alternent encore le chant, pour une émotion maximale. Et, bien sûr, l’un des nombreux titres qui permet d’entendre un magnifique solo de guitare…
THE FINAL CUT
Un album de Roger Waters avec David Gilmour dedans…
Conçu comme la suite de THE WALL, THE FINAL CUT (1983) est davantage un album solo de Roger Waters déguisé en album de Pink Floyd qu’un véritable opus du groupe. À ce stade, Waters est seul aux commandes, il a viré Rick Wright lors de l’enregistrement de THE WALL et agit avec les deux derniers membres comme s’ils étaient des musiciens de studio. Nick Mason ne termine d’ailleurs pas les enregistrements et, pour la toute première fois depuis son arrivée au sein de la formation, Gilmour (qui enregistre se parties de guitare dans un studio distinct !) ne chante aucune des chansons de l‘album (à part l’avant-dernier titre qu’il chante à moitié). Il livre pourtant certains de ses plus beaux chorus et celui qu’il lâche sur le titre THE FINAL CUT est carrément beau à pleurer. De l’émotion faite guitare électrique, tout simplement sublime (à l’époque du lycée, j’ai littéralement chialé un bon paquet de fois sur ce passage).
Le guitariste n’appairait pas dans le clip immonde jadis disponible sur une VHS miteuse…
ABOUT FACE
Il est beau gosse, mais l’album n’est pas terrible…
En 1984, Pink Floyd est en passe de se dissoudre. Gilmour se tourne une nouvelle fois vers une tentative solo et la réalisation d’un album résolument rock.
Il s’entoure de grosses pointures et se lance dans l’écriture et la composition de quasiment tous les titres de ses chansons, requérant l’aide de Pete Thonwsend (le guitariste des Who) sur certains morceaux.
Même si l’album ABOUT FACE sera certifié disque d’or en 1995, son succès lors de sa sortie en 84 est extrêmement relatif.
La liste de chansons est très hétérogène et certains morceaux ont plutôt mal vieilli, notamment ceux qui sonnent un peu rock FM. Mais il y a quelques bons titres. MURDER, notamment, qui évoque l’assassinat de John Lennon, est un assez bon cru. En live, Gilmour tente un registre très rock auquel son public n’était jusque là pas habitué (surtout lorsqu’il empoigne la guitare électrique, dans la seconde partie du morceau).
Version studio
Version live
Comme nous l’avons précisé en introduction, nous reviendrons dans un prochain article parler des contributions du sieur Gilmour (et des autres membres de Pink Floyd) aux albums des autres. Il semble néanmoins indispensable d’en glisser au moins une ici, histoire de voir un peu de quoi il retourne.
C’est dans la première moitié des années 80, alors que Pink Floyd est en pleine rupture, que David est le plus actif de ce côté-là. On le voit effectivement jouer de la guitare de tous les côtés, notamment sur les albums de quelques jolies chanteuses, alors qu’il est en plein divorce…
On retiendra comme échantillon son double-solo assez impressionnant sur PINK AND VELVET, un titre de l’abum du groupe Berlin COUNT THREE & PRAY. L’album est un pur produit des 80’s (on entend encore son tube TAKE MY BREATH AWAY sur la BO du film TOP GUN…). On y croise une ptéthore de guests (Ted Nugent et Giorgio Moroder, entre autres) et il est produit par le même Bob Ezrin qui avait produit THE WALL auparavant.
On fait une pause ? Je vous donne à présent rendez-vous pour la deuxième partie de l’article !
See you, soon !