JACKIE CHAN
S’il y a bien un artiste martial et cascadeur qui a marqué le cinéma, c’est bien Jackie Chan. Doit-on encore le présenter ? Bon…puisque cet article lui est dédié, autant commencer par le début. Ce dossier se veut une présentation de l’acteur, réalisateur et cascadeur qu’est Jackie Chan en se penchant un peu sur son parcours, ses influences et certains de ses films.
Jackie Chan est un acteur et cascadeur chinois qui a commencé à tourner des films dans les années 1970 et qui est toujours actif (même si à 70 ans aujourd’hui, il fait moins le fou.) J’ai connu l’engouement autour de ses films. Et j’ai connu aussi le déclin de cet engouement (qui correspondait à la sortie de certains de ses films tournés aux USA) avec des gens qui se sont mis à se dire que ce qu’il faisait, c’était de l’esbroufe et qu’il n’était surement pas un artiste martial aussi talentueux que Bruce Lee. Alors déjà…c’est n’importe quoi d’affirmer qu’il fait de l’esbroufe tant l’homme est un des cascadeurs les plus dingues et dévoués de l’histoire du cinéma. Et quant à savoir s’il est aussi bon au combat que Bruce Lee, ma foi je n’en sais rien, mais j’ai envie de dire qu’on s’en fout ! On parle de cinéma, ici.
A propos de Bruce Lee, ce dernier a d’ailleurs fait appel à Jackie Chan pour recevoir des coups dans ses films lorsque le jeune Jackie n’était que cascadeur. On peut le voir se prendre une raclée dans OPÉRATION DRAGON notamment. Lorsque Jackie évoque sa rencontre avec le petit dragon, il a cette jolie histoire en tête : il paraîtrait que Bruce Lee aurait mal retenu son coup lors d’une scène et qu’il se serait précipité vers Jackie pour savoir s’il allait bien une fois la scène terminée. Tout content d’être dans les bras de Bruce Lee, Jackie aurait simulé avoir très mal pour se faire choyer. Bruce lui aurait fait des signes toute la journée pour savoir s’il allait mieux.
Mais oui, il est là regardez !
Par la suite Jackie Chan aura failli se tuer des dizaines de fois en exécutant lui-même des cascades complètement dingues avec peu ou pas du tout de sécurité pour éviter le désastre. Ainsi il s’ouvrira le crâne dans une scène de MISTER DYNAMTE (ARMOUR OF GOD) lorsqu’une branche d’arbre cèdera sous son poids et lui causera 6 mois d’hospitalisation (la plus grosse blessure de sa carrière), se fera ouvrir l’épaule par une pale d’hélicoptère dans POLICE STORY 3 et se brisera le cou dans une chute sans filet depuis une tour dans LE MARIN DES MERS DE CHINE (PROJECT A.)
Un tel dévouement à son art force le respect, et frôle même la folie tant parfois cela ne semblait pas nécessaire d’aller si loin (mais selon Chan, c’est plus simple que de réfléchir à comment tourner la scène avec un filet sans qu’elle perde en réalisme. Moui…c’est une façon de voir les choses.) On se demande comment il a pu rester en vie si longtemps tant il a maintes fois joué avec la mort. Mais bien sûr, contrairement à la légende, il a parfois eu recours à des doublures ou des filets de secours (plus principalement dans certaines films américains où les règles de sécurité ne toléraient pas certaines choses.) Si l’authenticité de certaines scènes les rendent incroyablement réussies, cela reste évidemment normal que les risques de danger sur un plateau de tournage soient aujourd’hui beaucoup plus régulés. Mais à Hong Kong dans les années 80, c’était n’importe quoi (pour notre plus grand bonheur de spectateur.)
Ouais…tout ça, il l’a fait avec danger de mort
Ce qui me permet de rebondir sur un des principaux intérêts des films de Jackie Chan : le spectacle. Mais attention ! Pas n’importe quel spectacle. On ne va pas se mentir, à quelques exceptions près dans des films comme CRIME STORY, NEW POLICE STORY ou dernièrement THE FOREIGNER dans lesquels il a eu l’occasion de montrer ses talents d’acteur dramatique, la plupart du temps les films de Jackie sont des kung-fu comedy ou des films d’action dont le scénario tient sur un timbre poste.
Seulement voilà, dans pas mal de films d’action modernes, on a pris l’habitude de pratiquer le découpage des scènes. Le sur-découpage même je devrais dire. Un plan filme un pied taper un autre pied, un autre plan filme une main frapper le visage…et les acteurs en réalité ne font pas plus de bagarre que ça. Ces plans sont juste montés les uns à la suite des autres dans un rythme effréné pour donner l’illusion d’un combat super rapide…sauf qu’à force on en voit toutes les ficèles, ce n’est pas toujours bien fait, le sur-découpage ou la mode « caméra à l’épaule qui remue beaucoup pour faire office de cache misère » peut devenir vomitif, etc. Résultat, la plupart des scènes d’action des films de Jackie Chan restent à ce jour encore bien plus bluffantes que n’importe quelle baston de super héros. De la même manière que des cascades de Buster Keaton restent impressionnantes. Car souvent c’est réalisé en une seule prise, en plan large, on voit l’acteur en entier et on se dit « mince, c’est balèze…et dangereux. » Et je ne cite pas cette star du muet pour rien, car Jackie Chan lui-même était très fan de comédie visuelle de ce genre datant de l’ère du cinéma muet.
De l’humour à la Buster Keaton et des enchaînements martiaux en une seule prise
Alors évidemment, on ne peut pas demander à tout acteur d’être un cascadeur ou artiste martial hors pair, donc il est inévitable d’utiliser le découpage séquentiel du cinéma pour filmer des scènes d’action. Mais certains réalisateurs semblent ignorer que filmées ainsi, les scènes d’action ne peuvent pas représenter l’intérêt du film, et ils en font des tonnes pour un résultat indigeste.
Et par ces anecdotes réfléchies, je peux ainsi vous dévoiler l’intérêt de ces films sans faire l’apologie de la violence bête et méchante : les films de kung-fu, et particulièrement ceux de Jackie Chan, ce n’est pas du divertissement débile, c’est du spectacle rempli de prouesses humaines et de comédie toute droit empruntée au cinéma muet et à ces stars comme Buster Keaton, Charlie Chaplin, Harold Lloyd ou encore Gene Kelly que Jackie mentionne (pas étonnant quand on voit ses cascades dans LES 3 MOUSQUETAIRES de George Sidney).
Encore plus de cascades
Je vais donc vous parler à présent de mes films préférés mettant en scène le monsieur. Il faut noter que cette sélection est complètement subjective, basée sur mes préférences et aussi mes scènes favorites qui peuvent l’emporter sur le meilleur scénario. Bon et puis…il faut savoir que les VF sont à éviter. Sauf si vous avez la nostalgie de l’époque où vous avez découvert ces films. Mais il y a deux problèmes. Le premier bien sûr, c’est que les doubleurs se lâchent et disent n’importe quoi. On peut souvent constater que lorsqu’en VO le personnage se contente de crier « aaah », on a droit en VF à « houlàlà, attention, c’est pas bon ça, aïe aïe aïe ! ».
Mais plus grave, le second problème c’est aussi que les versions originales ont souvent 5 ou 10 minutes de plus qui ont été coupées au montage pour les versions occidentales. Et que les musiques diffèrent aussi.
Les deux versions peuvent avoir un intérêt si vous êtes fan de VF ringardes, mais en gros c’est presque des films différents en fonction de la piste sonore que vous choisissez. Vous voilà prévenus.
Les restaurateurs adeptes du kung-fu
SOIF DE JUSTICE ( WHEELS ON MEALS) de Sammo Hung (1984)
A Barcelone, une jeune femme du nom de Sylvia (Lola Forner) est recherchée par deux camps : le majordome de son père qui veut lui signaler qu’elle a 15 jours pour réclamer son héritage, et des hommes payés par son oncle qui veut la faire disparaître, elle et sa mère, pour que l’héritage lui revienne. Le majordome en question engage le détective privé Moby (Sammo Hung) pour retrouver Sylvia. Thomas (Jackie Chan) et David (Yuen Biao), deux amis de Moby qui tiennent un fast-food ambulant, vont se retrouver mêlés à tout ça et ne vont pas trop se faire prier pour aider la jeune femme…qu’ils trouvent fort jolie (normal, c’est Lola Forner, ancienne miss Espagne de 1979.)
Le trio Jackie Chan/Sammo Hung et Yuen Biao n’en est pas à sa première collaboration. Sammo Hung était un des piliers de la Nouvelle vague hongkongaise des années 1980, ayant grandement contribué à renouveler les films d’arts martiaux. Jackie Chan, Yuen Biao et lui ont tous trois étudié à l’Académie d’étude du théâtre chinois de Hong Kong et ont souvent collaboré ensemble.
La demoiselle en détresse et les 3 idiots à la rescousse
Niveau scénario, ce n’est pas bien compliqué. Il faut sauver la demoiselle en détresse de vilains escrocs. Mais ce n’est pas grave, c’est un film qui mélange habilement comédie et action, avec de bonnes cascades et un long final aux combats épiques dans le château des truands. Il s’en dégage un bon feeling d’aventure délirante.
La première partie du film nous montre donc Thomas et David, deux colocataires qui tiennent ensemble un camion de fast-food et l’accent est surtout mis sur la comédie avec des situations burlesques impliquant leur voisin coureur de jupons qui essaie d’échapper à sa femme, leurs stratégies pour trouver des clients et des visites à l’hôpital psychiatrique du coin (avec son lot de patients déglingués) pour rendre visite au père de David.
Les situations cocasses rappellent un peu des gags de Laurel & Hardy et on rigole de bon cœur. Puis arrive Sylvia, dont la mère est également à l’hôpital et semble amoureuse du père de David. Les deux amis vont se lier d’amitié avec Sylvia après quelques déboires et va débuter une course poursuite impliquant tous les personnages : Moby qui cherche Sylvia et demande de l’aide à ses amis, des truands qui poursuivent Sylvia, d’autres qui kidnappent sa mère à l’hôpital, etc.
Comédie burlesque, courses poursuites et duels dans un vieux château
Le point d’orgue du film est évidemment les 20 dernières minutes qui nous en mettent plein les mirettes avec cascades et longs affrontements où chacun des héros aura affaire à un adversaire différent. Le meilleur combat est évidemment celui opposant Jackie Chan au bras droit du comte interprété par Benny Urquidez, un champion de kickboxing américain surnommé « the Jet » pour la rapidité et la précision de ses coups.
Si j’ai choisi ce film plutôt que LE MARIN DES MERS DE CHINE souvent considéré comme un des meilleurs Jackie Chan, c’est surtout pour ce duel final. Les deux combattants se recroiseront d’ailleurs 4 ans plus tard dans le final de DRAGONS FOREVER. Jackie est plus souvent connu pour affronter une nuée d’ennemis au moyen d’objets en tous genres mais les films où il affronte un unique adversaire à sa hauteur sont généralement ceux qui marquent le plus (le syndrome « boss de fin » sans doute.).
Bref, ce SOIF DE JUSTICE est un bon film. Même si l’action met un peu de temps à pointer le bout de son nez, le final en a à revendre et nous fait passer un très bon moment.
Un Indiana Jones hongkongais
MISTER DYNAMITE (ARMOUR OF GOD) de Jackie Chan (1986)
La série des deux films ARMOUR OF GOD est connue chez nous sous les titres MISTER DYNAMITE et OPERATION CONDOR. Malgré ces titres, seul le premier film parle d’une armure de Dieu. Ces deux films sont des Jackie Chan à la sauce INDIANA JONES (car c’était la mode à l’époque.) En Occident, le premier film est d’ailleurs sorti en 2ème, ce qui explique que ARMOUR OF GOD soit parfois appelé ARMOUR OF GOD 2. De toutes façons, peu importe l’ordre de visionnage.
Ici, Jackie est un aventurier. Il traque des objets rares pour les revendre aux enchères à des collectionneurs. Un jour, il récupère l’épée d’une mystique « armure de Dieu ». Sa réputation de chasseur de trésors attire l’attention d’une secte religieuse en possession de quelques pièces de l’armure qui veut se servir de lui pour trouver les morceaux manquants. Des moines vont donc capturer l’ancienne petite amie de Jackie, Anna, actuellement en couple avec un de ses amis, Alan (Alan Tam) afin de les forcer à travailler pour eux (parce que les sectes de méchants, ça paye pas, ça fait du chantage !)
Voyage organisé chez les moines fous
Les deux amis vont réussir à obtenir la coopération d’un millionnaire collectionneur qui accepte de leur prêter les trois pièces qu’il possède à condition que sa fille May (à nouveau Lola Forner) les accompagne et qu’ils essaient à eux trois de dérober toute l’armure à la secte une fois Anna sauvée.
Sans être le meilleur film de Jackie Chan, ce film s’essaie à l’aventure un brin exotique avec un Jackie qui parcourt le monde. Et même si le film a quelques problèmes de rythme (un long passage d’exposition de l’histoire pourtant pas bien compliquée), il contient de très bonnes cascades et quelques scènes d’anthologie.
Fureur chez les moines fous
Déjà il y a une scène d’une violence déroutante pour ce type de film lorsque des moines armés d’AK-47 font un carnage pour capturer Anna. Et la fin nous réserve deux combats mémorables dans la planque montagneuse de la méchante secte.
D’abord Jackie affrontera un paquet de moines dans une grande salle à manger, armé d’une poutre enflammée ou de tout objet passant à sa portée.
Et enfin, le vilain grand maître de la secte dispose de 4 gardes du corps féminines (droguées, forcées à obéir), les artistes martiales Marcia Chisholm, Vivian Wickliffe, Alicia Shonte, et Linda Denley. En gros quatre femmes noires au look d’amazones en talons-aiguilles. Aussi improbable que cela puisse paraître, le combat à 1 contre 4 est très impressionnant et drôle avec ces femmes qui cherchent à viser les parties de notre héros.
Bref ce n’est pas le meilleur film de Jackie mais il a tout de même des arguments de poids et reste très fun à voir.
Une suite qui corrige les défauts du premier
OPERATION CONDOR (ARMOUR OF GOD 2) de Jackie Chan (1991)
En 1991, Jackie Chan décide de donner une suite à son ARMOUR OF GOD. Pourtant il ne sera pas question d’armure de Dieu. Cette fois-ci, il reprend le rôle de l’aventurier le Faucon (qui s’appelle parfois le Condor en VF parce que visiblement, comme dans STAR WARS et son Condor ou Faucon Millenium, les français passent leur temps à mélanger les deux oiseaux.) Il doit à présent retrouver de l’or nazi perdu quelque part en Afrique durant la seconde guerre mondiale. Il va rapidement se retrouver avec trois compagnons de route : Ada une historienne chinoise (Carol Cheng), Momoko une touriste japonaise (Choko Ikeda) et Elsa (Eva Cobo) une jeune allemande parente de l’officier qui a dissimulée le trésor pendant la seconde guerre mondiale. Evidemment, d’autres personnes veulent mettre la main sur cet or.
Ce film va à 100 à l’heure tout le long. Le rythme reste soutenu avec cascades et situations burlesques à l’humour bien débile (le coup de la serviette que Jackie va utiliser pour distraire les ennemis à chaque fois qu’une des filles sort de la douche.) Certes ce n’est pas toujours subtil mais ça fonctionne bien. Les scènes d’action interviennent régulièrement de telle façon qu’on n’a jamais le temps de s’ennuyer. Le film alterne combats et poursuites en véhicules qui nous emmènent dans divers lieux exotiques. C’est une véritable avalanche de gags et d’action.
Combat dans une soufflerie, décors exotiques et…le bon vieux coup de la serviette
Le final dans la base secrète souterraine nazie nous réserve aussi son lot de séquences d’anthologie avec un combat sur des plateformes mouvantes ou dans une immense soufflerie que les personnages secondaires essaient de stopper pendant que Jackie et ses adversaires sont projetés dans tous les sens par la force d’une turbine tout en essayant de se battre.
Il paraîtrait que Jackie Chan a explosé son budget pour ce film, ce qui explique qu’il n’en a plus réalisé par la suite avant un bon moment. Alors oui, les plus facilement offensés ou bienpensants pourront peut être s’offusquer de voir que les personnages féminins ne servent pas à grand chose si ce n’est jouer les jolies potiches (mieux vaut éviter la VF à ce titre, qui en rajoute des caisses dans les dialogues lourdauds des filles), mais l’humour et l’enthousiasme des acteurs reste incroyablement communicatif. On sent qu’ils s’éclatent tous et le film mérite vraiment d’être vu.
Vous regardez quoi comme ça ?
COMBATS DE MAÎTRE (DRUNKEN MASTER 2) de Liu Chia Liang & Jackie Chan (1994)
Vers le début du XXe siècle, pour éviter de payer une taxe lors d’un voyage en train ; le jeune Wong Fei-hung (Jackie Chan) cache un paquet de ginseng dans les bagages d’un ambassadeur. Mais l’ambassadeur possède un paquet similaire contenant une antiquité chinoise volée. En voulant récupérer plus tard son paquet, Fei-hung se retrouve avec un sceau de jade et va se comprendre qu’il a mis le nez dans les affaires de trafiquants d’objets d’art. Va s’en suivre un affrontement entre les criminels et Fei-hung et ses amis.
Alors celui-là, c’est un film énorme. Et malheureusement quasiment le seul film de Jackie Chan qui ne dispose pas encore d’une édition DVD ou blu-ray digne de ce nom chez nous puisque le seul DVD disponible ne propose que la VF dans la version courte du métrage. Bon…on va faire avec. Ça ne ruine pas l’expérience de cette kung-fu comedy survoltée. Jackie retrouve son personnage de Wong Fei Hung (dont le nom s’inspire d’un célèbre pratiquant d’arts martiaux et médecin devenu un héros populaire) qu’il incarnait déjà dans le premier DRUNKEN MASTER (intitulé LE MAÎTRE CHINOIS chez nous) qui l’a rendu célèbre en 1978 (il n’est pas nécessaire pour autant d’avoir vu le premier film.)
Pour ce film, c’est Liu Chia Liang qui est aux manettes, un réalisateur et chorégraphe culte surtout connu pour avoir tourné un paquet de films pour la Shaw Brothers. Jackie et lui s’affronteront même dans un combat mémorable (tous les combats sont mémorables dans ce film.) Mais apparemment, suite à des désaccords, c’est Jackie qui terminera le film. C’est donc un métrage mélangeant deux styles.
L’histoire de trafic d’objets d’art reste assez simple avec d’un côté les gentils et de l’autre les méchants, mais les combats sont inoubliables et il y a même un petit côté drame dans la famille de Fei-hung puisque ce dernier ne peut libérer tout son potentiel de combattant qu’en se bourrant la gueule pour pratiquer la boxe de l’homme saoul. L’ennui c’est qu’il devient aussi une catastrophe ambulante qui fait honte à son père. Fei-hung essaiera donc de se passer de boire mais ne pourra vaincre le bras droit du grand méchant à la fin qu’en transgressant cette règle.
Sans hésitation un des combats les plus fous de l’histoire du cinéma
La prestation de Jackie est complètement dingue dans ce film. Même si parfois des câbles sont utilisés pour accentuer l’effet des chutes, les combats restent des chorégraphies réalisées majoritairement sans trucages et Jackie est hilarant et bluffant dans le rôle du mec bourré qui utilise des mouvements de combat complètement imprévisibles. Le combat dans la rue, dans la maison de thé ou le final époustouflant où Jackie affronte Ken Lo (son garde du corps personnel dans la vraie vie) sont à vous décrocher la mâchoire tant ils sont épiques. Surtout le dernier qui est sans doute le combat le plus dingue de sa carrière dans lequel il se jette dans des braises (et se brûle réellement les mains) et se transforme en une espèce de Hulk déchainé après avoir ingurgité de l’alcool industriel.
Vraiment un must see !
Finie la rigolade
NEW POLICE STORY de Benny Chan (2004)
Je me rends compte que je n’ai parlé d’aucun Police story (il y en a eu 5). Disons que les polars hongkongais, ce n’est pas ce qui manque. Et malgré les superbes cascades de cette saga, les histoires sont un peu faiblardes pour des films policiers (ou c’est moi qui suis plus exigeant pour les enquêtes policières. Alors j’ai préféré parler des films d’aventure. Cela dit, pour finir cette liste, on va parler de NEW POLICE STORY, le dernier de la série. Le plus sérieux, dans lequel Jackie ne fait plus autant le mariole.
Le pitch : une bande d’ados de la haute bourgeoisie adeptes de sensations fortes braque une prestigieuse banque de Hong Kong et décide de rester sur place pour faire un carton au fusil mitrailleur sur les forces de l’ordre par jeu (ils iront jusqu’à s’attribuer des points) pour ensuite diffuser tout ça sur Internet. L’inspecteur Wing (Jackie Chan) fera l’erreur de les provoquer en annonçant publiquement pouvoir les arrêter en quelques heures. Hélas, ses hommes se feront piéger et mourront tous sous les yeux de Wing.
Parce qu’il n’a pas pu sauver ceux qu’il considérait comme ses frères, la vie de Wing s’est effondrée. Il a sombré dans l’alcool, incapable de faire face à son métier et à sa fiancée. Il reprendra son enquête un an plus tard avec l’aide d’un jeune policier du nom de Fung qui parviendra à le convaincre de se remettre en selle.
Un Jackie fatigué et au bord de la rupture
En 2004, la carrière de Jackie n’est pas au beau fixe. La faute à des films américains assez mauvais (ou qu’il n’aimait pas faire) dans lesquels il n’avait droit qu’au second rôle un peu cliché du chinois qui fait des arts martiaux. Donc Jackie retourne à Hong-Kong pour produire un nouveau POLICE STORY. Celui-ci est différent et ne laisse quasiment aucune place à la comédie. Il est également moins axé sur le spectacle et l’acteur livre une performance dramatique d’un homme brisé tout à fait convaincante.
Dès le début du film on voit Jackie plus bas que terre, bourré et qui passe la nuit dans un caniveau. On aura droit à un flash back pour comprendre ce qui l’a mis dans cet état. Et je dois dire que proposer comme antagonistes une bande de jeunes riches désœuvrés est une bonne idée et va à contre-courant des éternelles organisations mafieuses. Le film se paie le luxe de glisser en filigrane un commentaire sur l’éducation puisque les motifs de ces jeunes, bien que traités rapidement, ne trouveront pas leurs origines dans un trop plein de jeux vidéo mais dans une pression sociale et un désintérêt complet de leurs parents pour eux. Le film nous montre donc que les délinquants ne sont pas forcément toujours des pauvres mais peuvent aussi être des nantis qui détestent leur vie.
La mise en scène est maitrisée, les fusillades efficaces et Jackie nous gratifie malgré ses 50 ans à l’époque, de quelques cascades encore impressionnantes (même s’il sera câblé pour certaines.)
Les adultes contre les sales gosses
J’ai choisi de parler de ce film parce qu’il atteste de la capacité de Jackie à jouer dans un registre différent. L’antagoniste principal joué par Daniel Wu est un personnage tout à fait crédible et le film déborde de bonnes intentions pour nous offrir drame et spectacle. On pourra juste regretter que quelques personnages soient sous-exploités comme Sasa, une jeune policière experte en informatique qui viendra en aide aux héros ou même quelques touches d’humour apportées par Fung qui n’ont au final pas tellement leur place dans ce métrage plus sombre. Mais ce n’est pas bien grave. Le métrage reste un bon Jackie Chan sorti à une époque où on ne l’attendait plus. Tout à fait recommandable.
Et voilà, c’est donc la fin de notre tour d’horizon de la carrière et des inspirations de cet acteur qui aura marqué des générations par ses performances physiques et son attrait pour la comédie.