LE SCORPION
Chronique de la série : LE SCORPION
Date de sortie : 2000
Auteur : Stephen Desberg & Enrico Marini
Genre : Aventure, Action, Historique
Éditeur : Dargaud
Au programme aujourd’hui, une chronique de la série LE SCORPION de Stephen Desberg et Enrico Marini, débutée en 2000. LE SCORPION est une série pour l’instant encore inachevée. Mais les 12 premiers tomes constituent un cycle. A partir du tome 13, non seulement Marini est parti et a été remplacé par un autre dessinateur, mais l’histoire n’est plus la même, il n’y a plus les mêmes méchants, bref…c’est une saison 2. Et la « saison 1 » peut se suffire à elle-même. Vous pouvez lire les 12 tomes avec Marini au dessin sans souci. Certes la fin reste ouverte mais l’intrigue principale est achevée.
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Peintures chatoyantes
Alors ça parle de quoi cette BD ? Eh bien LE SCORPION, c’est une sorte d’Indiana Jones dans la Rome du XVIIIe siècle. Traducteur, pilleur de tombes, voleur, il est un expert dans son domaine. Mais récemment, le cardinal Trebaldi qui fait partie d’une alliance secrète de neuf familles ancestrales romaines qui se partagent le pouvoir du monde tels les Illuminati, a décidé de faire assassiner le Scorpion. Et pas seulement lui en fait. Le cardinal Trebaldi vise la place du pape, l’actuel détenteur du titre étant jugé trop libéral, trop doux. Il va donc faire assassiner le pape ainsi que les cardinaux qui s’opposent à lui comme nouveau prétendant à la papauté. Trebaldi s’étant servi d’une fausse relique sainte (la croix de Saint Pierre) pour convaincre les derniers cardinaux réticents qu’il était le digne successeur du premier pape, les opposants de Trebaldi vont devoir faire appel aux talents de chasseur de trésor du Scorpion pour déjouer les plans du nouveau pape corrompu qui instaure un règne de terreur à Rome.
Et bien sûr, au milieu de tout cela, nous avons tout une panoplie de personnages secondaires savoureux : Hussard le comic relief, bras droit bedonnant du Scorpion qui l’assiste dans ses pillages, Méjaï l’empoisonneuse égyptienne à la beauté vénéneuse qui entretiendra une relation ambiguë avec le Scorpion (elle commencera par essayer de le tuer sous les ordres de Trebaldi avant de comprendre qu’il se sert d’elle), le redoutable capitain Rochnan de la garde des moines guerriers au visage dissimulé derrière un masque d’or, ou encore la belle rousse Ansea Latal, représentante d’une des neuf familles (donc techniquement méchante…sauf qu’elle ne supporte pas la famille Trebaldi.)
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L’indomptable gitane Méjaï
Au-delà de ça, il y a aussi un vieux secret de famille à élucider concernant les parents du Scorpion. Ce dernier tire son nom d’une marque de naissance sur l’épaule ressemblant à un scorpion que les prêtres assimilent à une marque démoniaque. La mère du Scorpion a d’ailleurs été brulée vive sur le bûcher par l’Église. Pourquoi ? C’est ce que le Scorpion cherche à découvrir en découvrant qui est son père.
Les 12 tomes du premier cycle répondent à toutes les questions et c’est pour cela que je dis qu’ils peuvent se suffire à eux-mêmes. Si le scénario n’est pas forcément extraordinaire (on voit quand même venir certaines révélations, quoique d’autres soient surprenantes malgré tout…), il est suffisamment rythmé et divertissant, à base de poursuites, de combats à l’épée, sur fond d’intrigues de loges secrètes, de reliques saintes et autres machinations pour obtenir le pouvoir.
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Le pape Trebaldi
De plus, les relations entre les personnages font le sel de la série, avec cette relation d’amour/haine entre Scorpion et Méjaï, les déboires amusants du brave Hussard, la rivalité farouche entre les héros et les méchants, les problèmes du Scorpion avec les femmes, etc. Des alliances se font et se défont à coups de trahisons ou de retournements de situations. J’ajouterais que les méchants de l’histoire Trebaldi et Rochnan ont beaucoup de charisme et sont mémorables, en plus d’avoir chacun une histoire plus complexe qu’il n’y paraît. Trebaldi peut faire penser au juge Frollo de NOTRE DAME DE PARIS. Ou encore au Cardinal Richelieu. La BD est d’ailleurs une sorte de mélange entre INDIANA JONES et LES TROIS MOUSQUETAIRES.
Le personnage du Scorpion n’est pas spécialement sympathique. Tombeur de femmes, obsédé par la vengeance, il délaisse un peu ses amis. Mais il en est conscient, et il va aussi en payer le prix, donc ce n’est nullement une faute de goût puisqu’il n’est visiblement pas étudié pour être attachant. Il reste néanmoins intéressant. C’est un homme hanté par son passé qui tient à sa liberté et veut échapper à un monde d’intrigues qui ne semble pas vouloir le laisser partir. Privé de mère, rejeté par le père, entrainé à tuer par le grand-père, il semble n’avoir jamais pu choisir sa vie et en voulant prendre en main son destin comme il le veut, il refuse ses responsabilités…et en subit les conséquences. La liberté totale n’existe pas, à moins d’être une ordure finie.
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Ansea Latal et le capitaine Rochnan
S’il faut trouver un reproche, je dirais que le cycle de 12 tomes est un poil long pour ce qu’il raconte. Passé le tome 6, il y a toujours beaucoup de péripéties mais les enjeux de l’histoire ne changent plus vraiment. Toute l’intrigue est posée, il ne reste que des luttes entre personnages qui se tendent mutuellement des pièges. Mais heureusement, nous avons droit à une fin d’arc au terme du douzième tome. Techniquement, on sait déjà quasiment tout à la fin du tome 10, mais les deux tomes suivants mettent un terme plus satisfaisant à l’intrigue de la famille Trebaldi et achève d’éliminer les ¾ des salauds rencontrés dans les tomes précédents. Alors oui, on pourra regretter qu’à la fin, le Scorpion s’est brouillé avec ses amis, que Méjaï est partie en Egypte, et on suppose qu’en appareillant sur un navire à la fin, le Scorpion part pour essayer de la retrouver. C’est une fin ouverte, un peu amère avec seulement un vague espoir, mais ce n’est finalement que l’histoire d’amour du Scorpion qui est inachevée. Et il l’a un peu cherché. Toute l’histoire autour du pape Trebaldi, des origines du Scorpion, des secrets de famille, tout cela trouve une conclusion dans le tome 12 (qui fait 62 pages pour l’occasion, au lieu de 46.)
Après bien sûr, à moins de faire mourir l’intégralité des conspirateurs des neuf familles, on imagine qu’on peut écrire à l’infini des histoires de complots avec eux (comme GAME OF THRONES en fait, pourquoi s’arrêter quand untel devient roi ? Les intrigues de cour peuvent être sans fin.) Mais pour ma part, ça me va de stopper ici. Oui, sans doute qu’une vraie conclusion serait plus satisfaisante, mais Stéphane Desberg semble vouloir continuer à raconter de petites histoires en quelques tomes. Les tomes 13 et 14 constituent apparemment un récit complet. Je ne m’y suis pas encore penché.
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Répression dans les rues de Rome
Au-delà du scénario, c’est évidemment le dessin de Marini qui donne toute sa saveur à la BD. Certains considèrent le dessin comme secondaire ou peu important. Pas moi. Autant lire un roman si on se fiche du dessin. Marini est ici au sommet de sa forme. Ses décors en couleurs directes sont toujours aussi magnifiques. On pourrait sentir la chaleur du feu dans un foyer, entendre les grillons lors d’une scène nocturne, sentir le soleil nous éblouir à Jérusalem, etc. Pour pinailler je dirais que ses femmes sont toutes parfaites et se ressemblent un peu trop, mais au-delà de ça, difficile de rester indifférent à leur beauté (surtout Méjaï.) Le découpage est également exemplaire, aéré, la narration est parfaitement fluide et agréable à suivre. Jamais trop de vignettes sur une planche, on ne se demande jamais ce qui se passe, l’action est lisible, c’est du beau boulot. Je suis toujours aussi fan de son travail sur la couleur notamment, même si j’ai remarqué au fil des tomes une tendance à utiliser des couleurs plus ternes ou pastelles alors que les premiers tomes rayonnent de couleurs vives.
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Poursuite sur les toits de Jérusalem
En gros si vous aimez les BD d’aventures, de capes et d’épées avec des intrigues religieuses ou des loges secrètes avec leurs machinations pour régner sur le monde avec de beaux dessins, des personnages intéressants, c’est une série qui vaut le coup. Même s’il serait temps que la série se termine. Si les auteurs ont du mal à lâcher la série, une solution serait peut-être de simplement faire des one-shot par la suite.
Top; j’ai un album dédicacé! 💪💪💪
Tu me prêteras les albums, un jour ! 🙂
Coucou ! Merci de nous lire^^
Je n’ai toujours pas tenté de lire les albums 13 et 14. C’est pas pareil sans Marini. Apparemment c’est une histoire en 2 tomes. Et le 15 devrait en débuter une autre. Du coup la série devient un peu moins un truc « à suivre ». Le seul truc non-résolu à chaque fois semble être les amours du Scorpion qui s’est fâché avec ses potes et son ex-chérie dans la série principale.