STAR WARS – ÉPISODE V :
L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE
Chronique du film STAR WARS épisode V : L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE
Date de sortie du film : 1980.
Durée : 124 mn
Genre : Space opera.
La plus belle affiche de tous les temps…
Cet article est consacré au second film de la trilogie originelle STAR WARS. Considéré par la plupart des fans comme le meilleur de toute la saga (le meilleur de toutes les créations STAR WARS à ce jour, tout médium confondu), il est notamment célèbre pour une scène en particulier, qui cristalise par ailleurs toute la richesse et la profondeur de cette mythologie space-opératique, à savoir celle où Dark Vador révèle à Luke Skywalker qu’il est son père. Une scène qui traumatisa toute une génération de cinéphiles et qui demeure aujourd’hui encore extrêmement populaire. Raison pour laquelle nous nous y attarderons, en la mettant en parallèle avec d’autres créations de la culture populaire et de l’histoire du cinéma.
Quand le fils se dresse face à son père…
Cette histoire, je l’ai déjà racontée : Ma relation personnelle avec STAR WARS a commencé dans la souffrance puisque, juste avant d’aller voir LA GUERRE DES ÉTOILES au cinéma en 1977, mes parents m’ont puni à cause d’un pull orange urticant (que je refusais de porter), me laissant à la maison par un dimanche pluvieux avec ma grande sœur, pour y aller sans moi. Enfant, triste, frustré, malheureux, il a fallu que j’attende trois ans avant la sortie de L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE pour découvrir l’univers des jedi sur grand écran. Une éternité, durant laquelle tous les copains qui avaient vu le film me faisaient fantasmer sur cet univers mythologique en me décrivant les scènes magiques de ce qui allait devenir la plus grande saga de l’histoire du cinéma.
Est-ce une façon de se comporter en famille ?…
En 1980, alors que je m’apprête enfin à découvrir le graal dans la salle obscure en compagnie de ma mère qui m’a fait promettre d’être sage trois semaines à l’avance, sous peine de repousser encore ma rencontre tant attendue avec cette saga, je crois toujours que Ben (Kenobi) est le père de Luke. Autant dire que Dark Vador est un simple diable qui terrorise la galaxie et rien d’autre. Je me souviens ainsi de la réaction des spectateurs au moment où le démon lance la phrase fatidique : « Luke ! Je suis ton père !« . C’est la stupeur. Le choc. Ma mère lâche une interjection et moi un sursaut. À ce moment là, personne ne s’y attend. Et d’ailleurs, au fond, personne n’y croit vraiment. Tout le monde espère que c’est un mensonge, fomenté par le plus perfide de tous les méchants jamais inventés.
On peut le dire : Personne aujourd’hui, qu’il soit de cette galaxie ou d’une autre, n’est passé à côté de cette scène culte. Un grand moment de cinéma maintes fois repris, plagié, pastiché ou parodié, si bien que même ceux qui n’ont jamais vu la saga STAR WARS ont déjà entendu ce qui est, avec le temps, devenu une pure expression de la culture populaire.
Le père mutile le fils, avant de le rappeler vers lui…
Pour le petit garçon que j’étais en 1980, la scène était extraordinairement traumatisante : après avoir joué avec le jeune Luke en lui envoyant quelques compliments sur sa « formation » ; après lui avoir balancé à la figure une demi-douzaine de débris métalliques, Dark Vador passe soudain à la vitesse supérieure et déchaine sa hargne sur l’apprenti jedi. Quelques secondes de violence au son du sabre-laser qui se terminent par la main tranchée du gamin et son hurlement, sur une passerelle de métal perchée au sommet d’un puits vertigineux, celui sur lequel se dresse la ville dans les nuages.
Vador propose alors à Luke de devenir son allié. Ce dernier, à présent effrayé par la puissance de son ennemi, recule et cherche une échappatoire, tout en comprenant qu’il est vaincu. Et c’est là que le seigneur sith lâche sa bombe. Un dialogue qui donne ceci :
– Vador : « Obiwan ne t’a jamais dit ce qui est arrivé à ton père…
– Luke : Oh ! Il m’en a dit assez ! Il a dit que vous l’avez tué !
– Vador : Non… JE SUIS ton père«
Soudain, la musique de John Williams marque le coup avec un enchainement de notes dramatiques et martiales, avant que Luke, pétri de désespoir à l’idée d’accepter cette abominable révélation, ne se mette à répondre :
– Luke : « Non ! Ce n’est pas vrai ! C’est impossible !
– Vador : Lis dans ton cœur, et tu sauras que c’est vrai !
– Luke : Noooooooon !!!! (cri déchirant).
Ensuite, Vador relance son étonnante proposition, invitant Luke à le rejoindre vers le côté obscur, afin qu’ils prennent tous les deux la place de l’Empereur pour régner sur la galaxie comme père & fils. Soit un joli plan de coup d’état digne d’un sith (même si le terme n’existe pas encore à l’époque) ! Et Luke, qui ne peut en supporter davantage, décide de se jeter dans le vide, tombant dans le puits sur des centaines de mètres, avant de s’en sortir comme par miracle, probablement grâce à la Force…
Le grand saut !
Que se passe-t-il dans la tête d’un enfant, là, en 1980 ? Le mélange de peur et de fascination ne peut l’occulter : Dans un décor abstrait évoquant les méandres de l’esprit, le père vient de mutiler le fils. Une punition sévère, ultime, violente et diablement castratrice.
Le héros, humilié, s’est jeté dans le vide comme pour se suicider. Et pourtant il survit.
Encore une fois, je me souviens qu’à ce moment là je préférais refuser la vérité, espérant que l’épisode VI viendrait nous rassurer en nous disant que Vador avait menti, et qu’il n’était pas le père en question. Je crois que je n’étais pas encore près à accepter l’approche de mon adolescence…
Toujours est-il que, dans la perspective que cette révélation soit vraie, il fallait maintenant que le fils se venge et, qu’ainsi, il revienne pour le match retour afin de vaincre son père, voire de le tuer… Sans le savoir, les jeunes spectateurs de l’époque mettaient un pied dans le thème de l’Œdipe, et commençaient à apprendre que tout un chacun doit en passer par là, car cette scène traumatisante n’était rien d’autre qu’une métaphore…
Punaise, on savait faire des affiches à l’époque…
La chute dans le puits sans fond est effectivement une illustration imparable sur le thème de l’émancipation du fils : En se jetant dans le vide plutôt que d’accepter la main tendue du père qui vient de le castrer, Luke se libère de son ascendance et fait le grand saut dans l’inconnu de son existence adulte.
Bien des années plus tard, dans LA GUERRE DES MONDES (2005), Steven Spielberg réalise une scène parfaitement complémentaire, un reflet inversé de cette chute dans le tunnel cyclopéen de L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE : Le réalisateur de E.T. symbolise également le départ du fils vers la grande inconnue de la vie adulte dans une scène incroyablement puissante : Sur le versant d’une colline, derrière laquelle s’élève un ciel rougeoyant, le père (interprété par Tom Cruise) tente d’échapper à la bataille entre les hommes et les aliens avec ses deux enfants. Derrière la corniche, c’est le drame, la guerre, le chaos. C’est alors que l’adolescent décide d’aller voir ce chaos de ses propres yeux. Son père commence par le lui interdire mais le fils, rebelle depuis le début, désobéit. Spielberg filme un enchainement de plans fabuleux : on voit les deux personnages se battre, le père interdisant au fils de partir. Celui-ci le supplie de le lâcher. Un plan rapproché nous montre la main du père entrain de desserrer doucement son étreinte, avant que le plan suivant révèle son expression apeurée et cruellement résignée. Les deux personnages se lèvent, se font face sans rien dire, et l’adulte renonce le premier en rejoignant sa petite fille. Lorsqu’il se retourne pour regarder une dernière fois son fils, celui-ci a disparu de l’autre côté de la colline, sous le ciel rouge et le fracas des bombes. Le père repart alors avec sa fille, mais sans son fils…
Luke Skywalker était tombé, celui-ci est monté. Un miroir inversé. L’Œdipe est, cette fois, vu du côté du père, comme un déchirement face à ce fils qui part vers la grande inconnue, symbolisée par une sorte d’apocalypse. C’est donc cela, être père : Accepter que son fils coupe le lien et tue symboliquement son père en lui désobéissant définitivement afin de voler de ses propres ailes, au risque de les brûler…
C’est comment l’Œdipe vu du côté paternel ?
Mais revenons à L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE : En réalisant cette séquence définitivement œdipienne comme un twist à la fin du deuxième acte de la saga,Georges Lucas, le producteur Gary Kurtz, le réalisateur Irvin Kershner et les scénaristes Leigh Brackett et Lawrence Kasdan apportaient une pierre essentielle à l’édifice de l’art de l’Œdipe. Tous les enfants, sans le savoir, découvraient ainsi le côté obscur de la vie comme dans les contes d’antan, lorsque LE PETIT CHAPERON ROUGE symbolisait la venue des menstruations chez les jeunes filles ou que LE PETIT POUCET décrivait l’épouvante d’une existence sans la protection des parents.
De toutes les séquences épiques de la saga STAR WARS, nul doute que celle-ci est la plus phénoménale, la plus essentielle et, à tout le moins, la plus marquante de mémoire de cinéphile adepte de grandes histoires fantastiques et de métaphores dissimulées dans les spectacles à priori désuets. Telles sont les grandes mythologies et tels sont la culture populaire et le cinéma de genre: Raillés pour cause d’orientation soi-disant infantilisante, et pourtant riches d’un sous-texte rivalisant sans peine avec les plus grandes œuvres littéraires.
L’art de l’Œdipe (avant)
Dans la préface du premier tome de l’intégrale reliée de la revue culte Midi Minuit Fantastique (le magazine à qui nous devons tout, LE pionnier de la culture geek en France, bien avant Mad Movies ou L’Écran Fantastique, et bien avant la naissance d’internet et des blogs comme le notre), Nicolas Stanzick fait remarquer, brièvement, que lorsque Luke Skywalker finit par tuer son père tout en le délivrant à la fin du RETOUR DU JEDI, c’est la même chose que dans LES CONTREBANDIERS DE MOONFLEET. Effectivement, dans les deux cas, le fils précipite sans le vouloir la mort de son géniteur. Une ascendance révélée sur le tard, les deux gamins ignorant au départ qu’il s’agit de leur père. Et une mort à la fois parricide et rédemptrice, l’acte sauvant in extremis l’âme du père qui, par amour filial, se sacrifie pour sauver son fils.
Permettons-nous une parenthèse sur cet héritage important : LES CONTREBANDIERS DE MOONFLEET est un film d’aventures réalisé par Fritz Lang en 1955. Mâtiné de piraterie et de cape et d’épée, il s’agit à l’origine d’un « petit film » issu de l’industrie hollywoodienne (le premier film en cinémascope pour le metteur en scène allemand, ainsi que son premier travail effectué pour une major company). S’il connut lors de sa sortie un succès très modeste, il a fini avec le temps par s’imposer comme un chef d’œuvre, un film culte et l’une des œuvres phares du réalisateur de METROPOLIS (il s’agit en outre de l’adaptation très libre d’un roman éponyme du XIX° siècle).
Je veux que tu sois mon père !
Si tout le début du film aligne les allusions au fait que Jeremy Fox (Stewart Granger, charismatique en diable) est probablement le père naturel du petit John Mohune, avant que sa liaison d’avec sa mère ne fasse de lui un indésirable condamné au banditisme pour assurer sa survie (la mère de John ayant rapidement été mariée à un cousin choisi par la famille), la suite devient plus ambigüe, au point que le spectateur ne sache jamais vraiment si cette supposition est véritablement fondée.
Ce père probable se mue alors peu à peu en un « père idéalisé », dont l’ambigüité le rend plus fascinant encore et attise toujours davantage l’attachement du jeune garçon.
Ce postulat devient peu à peu l’essence du récit, quand les éléments de sa structure narrative (John Mohune recherche le trésor de Barberousse, son aïeul) passe au second plan. Et c’est bien l’attitude de Jeremy Fox qui tient le devant de la scène, le personnage se déchirant peu à peu entre son désir de mener à bien ses activités personnelles de bandit et son attachement croissant pour le petit garçon.
Le côté obscur n’est jamais loin !
Lorsqu’à la fin, cette relation semblable à celle d’une famille recomposée coûte sa vie à Jeremy, le spectateur a le sentiment que le petit John a précipité la mort de son protecteur. Bien évidemment, cette toile de fond dissimule une relecture de l’Œdipe et le film est, bien avant Lucas & Spielberg, une véritable métaphore sur le passage entre l’enfance et l’âge adulte.
Toute la première partie insiste ainsi sur le monde de l’enfance : Le cadre gothique de cette région de l’Angleterre (avec son cimetière, ses scènes essentiellement nocturnes et cette impression de conte macabre, dans une esthétique proche de celle de la Hammer), les résonnances de L’ÎLE AU TRÉSOR de Robert Louis Stevenson (dont LES CONTREBANDIERS DE MOONFLEET pourrait constituer une « version terrestre », avec Jeremy Fox à la place de Long John Silver), le parfum de l’aventure et de la piraterie ; tout concorde à faire du spectacle un conte effrayant, quelque part entre les Frères Grimm et Lewis Carol (notamment lorsque le petit garçon tombe au fond de la crypte du cimetière, ou lorsqu’il descend au fond du puits). De plus, la caméra de Fritz Lang filme quasiment chaque plan en légère contre-plongée, un peu comme si l’on regardait chaque scène du point de vue d’un enfant…
L’héritage : Un cercle en boucle…
Dans la seconde partie, le récit opère un changement de ton subtil et la mort devient réelle, exprimant peu à peu le passage de l’enfance vers la sombre réalité de l’existence. À l’arrivée, le jeune Mohune retrouve sa solitude, mais il est devenu plus fort de son expérience, prêt à affronter son destin en espérant le retour de ce père qui ne reviendra sans doute jamais…
À ce titre, il est important de noter que la dernière scène du film, où John est assuré du retour de Jeremy, a été ajoutée au montage par le producteur. Une fin reniée par Fritz Lang, qui atténue effectivement la force et le message de l’œuvre.
Derrière cette toile de fond crépusculaire et œdipienne (au diapason de toute l’œuvre de Fritz Lang), la mise en scène regorge de symboles et sa construction narrative est un modèle de trouvailles fondatrices, avec ses surcadrages en forme d’œil ou de cercle (mêlant points de vue et métaphores sur le regard de l’enfant, le cercle de la famille et la plongée dans l’inconnu). Par extension, il parait évident que George Lucas se soit souvenu du chef d’œuvre de Fritz Lang en écrivant le final du RETOUR DU JEDI, la quête de Luke s’apparentant à un long et douloureux apprentissage de la vie, l’obligeant malgré lui à dépasser le père (et donc à le tuer) pour mieux s’émanciper de cette ascendance particulièrement lourde à assumer. Et l’art du surcadrage de Fritz Lang de ne pas tomber dans l’œil d’un aveugle (à défaut de pouvoir dire « dans l’oreille d’un sourd »)…
LOCKE & KEY : Les clés de l’Œdipe !
Ce thème passionnant, on le retrouve encore trente ans plus tard dans une éblouissante série de comics intitulée LOCKE & KEY (une histoire de clés magiques mâtinée d’un hommage à Lovecraft). Mais cette fois, le scénariste Joe Hill y apporte une dimension supplémentaire : D’emblée, Hill tue le père des héros, condamnant ainsi les trois orphelins à poursuivre leur parcours vers l’âge adulte quasiment seuls. S’étant disputé avec son géniteur peu avant sa mort, Tyler Locke, l’ainé, porte sa mort sur sa conscience, comme s’il se sentait responsable de cette tragédie.
De l’extérieur, Joe Hill, qui n’est autre que le fils de Stephen King en personne, s’est efforcé jusque là de réussir sa carrière par ses propres moyens (sans que l’on sache qu’il était un « fils de »), tuant ainsi symboliquement son propre père (le changement de nom étant une forme de parricide par procuration). À la fin de LOCKE & KEY, Tyler retrouve le fantôme de son père, lui crie son amour et libère ainsi l’âme du défunt. Là encore, Joe Hill invoque le thème de l’Œdipe en bouclant la boucle puisqu’il y mêle son propre parcours : Désormais arrivé à son objectif (le succès par son seul talent) en ayant commencé par tuer le père, il procède de la même manière que John Mohune et Luke Skywalker en exprimant pudiquement et indirectement son amour pour son géniteur, réhabilitant l’intégrité de ce dernier après avoir renié son nom. Poignant.
Je suis ton fils !
Des CONTREBANDIERS DE MOONFLEET à LOCKE & KEY en passant par STAR WARS et plus précisément L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE, le thème de l’Œdipe libérateur marque ainsi quasiment un siècle de créations et s’impose comme l’un des thèmes les plus fascinants et les plus fédérateurs qui nous ait été offerts à travers les histoires et les contes intemporels de la culture populaire.
La phrase jadis prononcée par Dark Vador, toute aussi célèbre soit-elle, ne doit ainsi pas masquer l’essentiel : la saga STAR WARS est l’une des créations mythologiques les plus riches de notre histoire et, malgré ses airs de spectacle enfantin, un conte initiatique à la profondeur littéraire incomparable. Que celui qui prétende le contraire ose le dire en face au seigneur noir des siths…
Survivre sur la planète Hoth !
Mais tout ce dont nous venons de parler, en ce qui concerne le seul film L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE, se situe seulement dans la dernière partie du film ! Avant d’en arriver là, cet épisode V est déjà un immense moment de cinéma et une succession de morceaux de bravoure.
Lorsqu’on le découvre en salle à l’époque, il s’impose par son côté sombre et tragique. Les héros, à l’inverse du premier film, subissent une série de défaites, laissant le spectateur essoré en fin de projection, qui devra attendre trois interminables années avant de connaitre le sort réservé à tous ces personnages tombés dans la tourmente…
Désormais, L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE est un grand classique de l’histoire du cinéma, et l’une des meilleures suites jamais tournées avec LA FIANCÉE DE FRANKENSTEIN. On admire avec le temps l’intégrité du script, qui respecte le destin de ses personnages de manière profonde et cédible. Des personnages qui existent intensément, de manière vibrante et palpable.
À ce titre, on citera tout particulièrement la participation du producteur Gary Kurtz et de la romancière Leigh Brackett, garants de cette intégrité. En 1977, Gary Kurtz était déjà producteur sur le premier film de la trilogie, mais Georges Lucas était néanmoins le plus impliqué en tant que réalisateur. En 1980, les choses sont différentes et tout le monde sait que Lucas, harassé par le tournage du premier opus, avait passé la main à Irvin Kershner pour la réalisation de la suite. Le tournage s’étant essentiellement déroulé à Londres sous la houlette de Kurtz, Kershner et Brackett dans un premier temps, le film avait alors un peu échappé à Lucas, qui détesta cordialement l’inclination sombre et tragique du script et se disputa ainsi avec son producteur avant de le virer…
Peu importait alors au père Georges que L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE (dont le script fut finalement achevé par Lauwrence Kasdan) soit le meilleur film de la saga. Il n’était pas comme il le voulait et fit ainsi le nécessaire afin que le troisième volet soit plus conforme à ses aspirations (il s’y disputera cette fois avec Kasdan, pour de multiples divergences).
Sur terre ou dans l’espace, le spectacle est épique !
C’est à ce moment que Gary Kurtz se consacra au projet DARK CRYSTAL, réalisé par Jim Henson & Frank Oz (ce dernier étant par ailleurs l’interprète de Yoda !). Lorsque l’on sait tout cela, on songe alors à quel point ses productions comportent des similitudes et ce que lui doivent les deux premiers STAR WARS et notamment L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE. Effectivement, en revoyant DARK CRYSTAL, on est stupéfait de constater le nombre de points communs, voire de scènes reprises, quasiment plan par plan, d’après les deux premiers STAR WARS ! Ce constat nous permet de revoir la personnalité artistique de Gary Kurtz à la hausse. Et d’imaginer que la suite de la saga STAR WARS aurait été bien différente (et sans doute meilleure) s’il était resté à bord du projet. J’ai d’ailleurs lu un entretien avec le bonhomme où il précisait que le script de RETOUR DU JEDI, selon ce qu’il avait prévu au départ, n’était pas du tout le même que celui qui fut finalisé pour devenir l’épisode VI : Han Solo devait mourir à la fin (idée ensuite relayée par Lawrence Kasdan, qui essuira un refus catégorique de la part de Lucas). Luke et Leïa n’étaient pas censés être frère et sœur (j’ai toujours trouvé cette idée complètement bancale). Et le film devait se terminer au moment où Luke, après la mort de Vador, partait à la recherche de « l’autre » dont parlait Yoda, et qui devait se révéler, s’il y avait eu une suite, une sœur jumelle encore inconnue (et donc pas Leïa)…
Qu’est-ce à dire ? La réussite des deux premiers STAR WARS serait-elle liée à la personnalité du producteur Gary Kurtz ? On peut en tout cas conclure qu’il n’y fut pas étranger.
Depuis le début du film et les scènes de la planète Hoth à mi-chemin du space-opera et de la fantasy, jusqu’au final qui voit Luke échapper de justesse à Dark Vador dans les entrailles de Cloud City tandis que Han Solo est condamné à être conservé dans un bloc de carbonite pour être vendu à l’ignoble Jabba le Hutt ; en passant par la fantastique séquence de poursuite dans le champ d’astéroïdes et l’inoubliable entrainement de Luke sur la planète Dagobah, où Yoda lui apprend la théorie de la relativité en faisant émerger son X-wing du marécage, voilà un chef d’œuvre qui aligne les scènes cultes sans souffrir du moindre défaut. Il n’est donc pas étonnant que cet épisode V fut celui qui pâtit le moins des ajouts intempestifs que George Lucas fit subir à sa trilogie lors de l’opération de l’Édition Spéciale au tournant de l’an 2000. Il n’en avait effectivement guère besoin…
Alors ? L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE : L’un des plus grands films de tous les temps ? Que oui !
Mes aïeux, ces affiches !!!
See you soon !!!