PAR DELÀ LE MIROIR
Chronique de la série STAR TREK : TOS saison 2
Date de diffusion : 1966 – 1969
Genre : Science-fiction, mystère, aventure
Réalisateurs : Gene Roddenberry et autres
1ère partie : Présentation de la série + saison 1
2ème partie : Vous êtes ici : saison 2
Niveaux d’appréciation :– À goûter
– À déguster
– À savourer
Nous revoici pour une seconde partie consacrée à STAR TREK : THE ORIGINAL SERIES, cette fois-ci pour la saison 2.
SOMMAIRE DES 10 ÉPISODES CHRONIQUÉS
- EP 02.METAMORPHOSIS
- EP 05.AMOK TIME
- EP 06.THE DOOMSDAY MACHINE
- EP 10.MIRROR, MIRROR
- EP 12.I, MUDD
- EP 15.JOURNEY TO BABEL
- EP 19.THE IMMUNITY SYNDROME
- EP 21.BY ANY OTHER NAME
- EP 24.THE ULTIMATE COMPUTER
- EP 26.ASSIGNMENT : EARTH
Il est connu que la qualité des épisodes de STAR TREK : TOS se dégrade au fil des saisons, mais ne jugeons pas trop vite cette saison 2 car s’il est vrai qu’elle a des hauts et des bas, les hauts atteignent parfois des sommets, et les bas…ça va, ce ne sont pas encore les abysses de la saison 3.

Y’a du bon…
Au rayon des pires épisodes, on pourra citer « Friday’s child » et sa tribu extraterrestre stupide, « Pattern of forces », « A piece of the action » et « Bread and Circuses » qui optent respectivement pour des planètes calquées sur l’Allemagne nazie, le Chicago des années 20 et la Rome antique qui se serait modernisée, trahissant un manque d’idées (et de budget) pour créer des mondes différents de la Terre. Et « The gamesters of Triskelion » est un énième épisode nanardesque faisant participer nos héros à des combats de gladiateurs. Cependant, on ne fait encore que pouffer de rire ou s’endormir gentiment devant ces épisodes ratés. A l’exception d’un épisode ! La saison 1 avait « The alternative factor » comme épisode écrit sous substances psychotropes, cette fois c’est « The wolf in the fold » qui est un pur nanar délirant (une histoire d’entité ayant incarné les plus grands tueurs en série qui voyage dans l’espace pour commettre des meurtres de femmes et qui prend aussi possession des ordinateurs et…c’est la voix de Winnie L’ourson qui le double…j’ai besoin d’en rajouter ?)
Mais en ce qui concerne les épisodes réussis, ils sont parmi les meilleurs des 3 saisons.

Et du vachement moins bon…
LA SAISON 2
Cette fois, j’ai décidé de poursuivre mon visionnage en suivant la numérotation de production dont je parlais en partie 1. Cela s’est avéré intéressant puisqu’on peut par exemple constater l’absence de George Takei pendant 9 épisodes d’affilé (il était occupé à tourner le film LES BERÊTS VERTS). Cette saison marque également l’arrivée de Pavel Chekov (Walter Koenig) qui, à cause de l’absence de George Takei, a été pensé un moment comme son possible remplaçant. Mais les deux acteurs finiront par jouer ensemble dans le reste de la série.
EPISODE 2 (9ème diffusé) : METAMORPHOSIS 
Le pitch : Kirk, Spock, McCoy et une diplomate de Starfleet rejoignent l’Enterprise à bord de leur navette Galilée quand un nuage électromagnétique les emprisonne et les attire sur un planétoïde désert. Désert ? Pas vraiment. Ils y rencontrent Zefram Cochrane, un humain prisonnier de cet endroit depuis…150 ans. Et lors de sa disparition, Cochrane avait plus de 80 ans. A présent, il en fait 35. Il va expliquer que c’est le Compagnon qui le rend immortel. Le Compagnon, c’est le fameux nuage d’électricité qui s’est emparé de l’équipage du Galilée pour que Cochrane ait un peu de compagnie. Evidemment, Kirk n’a pas l’intention de rester coincé ici, surtout que la diplomate de Starfleet est en train de mourir d’une maladie.

Les décors charmants du foyer improvisé de Cochrane
Cet épisode est plutôt joli et poétique mais…reste un peu maladroit car très ancré dans son époque. Il démontre à la fois l’ouverture d’esprit des scénaristes, et leur incapacité à s’émanciper de certaines mœurs bien ancrées de l’époque. En gros on découvre au fil de l’épisode qu’il existe un lien fort entre Cochrane et l’entité appelée le Compagnon qui le rend immortel et souhaite le voir mieux s’épanouir en lui apportant de la compagnie. Et c’est de là que vient l’aspect poétique de l’épisode qui nous parle en quelque sorte de communion et d’amour entre deux espèces complètement différentes. Face à la grande puissance du Compagnon, une approche diplomatique sera choisie de la part des membres de l’Enterprise, et lorsque le contact sera établi, la seule conclusion qui pourra être faite est que le Compagnon est une femelle, et c’est seulement aussi en adoptant la forme d’une femelle humaine que leur union sera possible.

Communion avec une espèce inconnue
C’était évidemment les mœurs de l’époque, et il n’y a rien de mal à raconter une histoire d’amour « hétéro », mais lorsque le point de départ est l’amour inter-espèces qui va donc bien au-delà des possibilités binaires des genres humains, ramener ensuite la relation à l’unique solution « hétéro » fait un poil daté. Néanmoins l’épisode reste joli si on le replace dans son contexte. Les décors sont assez chouettes également dans cet épisode, toujours kitsch évidemment mais la teinte mauve dominante sur le planétoïde apporte une touche dépaysante, plus « alien » que pas mal d’autres planètes visitées.
EPISODE 5 (1er diffusé) : AMOK TIME 
Le pitch : Spock, habituellement modéré et calme, se comporte violemment. Le Dr. McCoy l’examine et constate qu’il lui reste peu de temps à vivre. Bien que récalcitrant à donner des explications parce qu’il s’agit d’un sujet très personnel, Spock finit par révéler qu’il est entré dans un cycle du développement biologique des Vulcains: le Pon-Farr. Durant cette période, un Vulcain doit rejoindre son conjoint (assigné dès l’enfance) pour se reproduire. Hélas, une fois sur Vulcain, T’Pring, la promise de Spock le rejette et choisit le combat plutôt que le mariage, en désignant un champion pour la représenter. Pour une raison inconnue, elle choisira Kirk, qui accepte en espérant pouvoir ménager son ami…avant de réaliser qu’il s’agit d’une lutte à mort.

Les cérémonies d’union Vulcaines, ça rigole pas !
Un épisode sur la vie sexuelle des Vulcains. Original. On imagine mal ces êtres dépourvus d’émotions exprimer de l’amour, mais en tous cas ils ont des instincts de reproduction programmés en eux pour perpétuer l’espèce, et ils sont plutôt hardcore. Au cours du Pon-Farr les vulcains subissent un déséquilibre neurochimique qui conduit à un changement extrême dans leur comportement. Si un mâle Vulcain ne peut pas s’envoyer en l’air quand c’est l’heure, il risque de mourir. Sauf s’il dépense assez d’énergie pour apaiser son agressivité primale (c’est du moins ce que nous révèle l’issue finale de l’épisode).
L’épisode est intéressant pour le développement de ses personnages. Au-delà des détails sur la biologie Vulcaine, c’est l’occasion de voir Spock désarçonné, en proie à ses instincts et à des émotions rarement vues chez lui. Et pas seulement son agressivité, mais aussi son amitié profonde pour Kirk qu’il ne peut s’empêcher d’exprimer dans une telle situation. Evidemment, vous imaginez bien que ni Kirk ni Spock ne va mourir. Ce sera donc plutôt l’occasion de les rapprocher au travers d’une épreuve qu’ils devront surmonter ensemble. On appréciera aussi la ruse de McCoy qui peut briller pour une fois (c’est rare.)

Spock est content ! Mais chut, hein !
EPISODE 6 (6ème diffusé) : THE DOOMSDAY MACHINE 
Le pitch : L’Enterprise découvre l’épave de l’USS Constellation dans un système solaire à moitié détruit. A son bord, le seul survivant est le commodore Matt Decker (William Windom), en état de choc, qui explique qu’un gigantesque vaisseau a ravagé tout le système, détruit des planètes et tué son équipage. L’Enterprise ne tarde pas à se retrouver nez à nez avec cette machine dévoreuse de planètes, une arme apparemment autonome provenant d’une galaxie inconnue et lâchée dans la nature avec comme seul programmation de détruire. Alors que l’Enterprise projette de fuir pour prévenir Starfleet Command, le commodore Decker prend le contrôle de l’Enterprise tandis que Kirk est piégé sur le Constellation, pour tenter à nouveau de détruire la machine, au risque de répéter son erreur qui a déjà couté la vie à tout son équipage.

Decker est autant une épave que son vaisseau
« The doomsday machine » est un épisode centré sur un affrontement contre un « vaisseau » ennemi, mais il ne se contente pas de nous donner une dose d’action mais utilise la situation pour développer les personnages. Si la machine infernale est la menace directe, le commodore Decker devient l’antagoniste secondaire puisqu’il pète les plombs et, tel Achab à la poursuite de Moby Dick, menace de conduire tout le monde à la mort en s’acharnant sur un adversaire imperméable à toute attaque. Néanmoins, il ne restera pas l’antagoniste tout le long. Comme souvent, les personnages sont nuancés et on comprend que le commodore ne se pardonne pas la mort de son équipage. La performance de William Windom dans ce rôle est très convaincante, même si peut être un poil surjouée (et encore…après un tel traumatisme, cela reste parfaitement plausible de craquer complètement). Il alterne très bien entre le personnage tragique désespéré et le fou stoïque aveuglé par la vengeance ou le désir de mourir au combat.

Face au destructeur de planètes
Dans son état il devient un danger mais il n’a pas un mauvais fond. Il ira jusqu’à se sacrifier seul à bord d’une navette en espérant endommager le vaisseau ennemi pour l’empêcher de se diriger vers Rigel, un autre système solaire densément peuplé. Si son sacrifice n’aura guère d’effet, il aura au moins le mérite de mettre Kirk sur la piste de la solution pour stopper ce dévoreur de planètes. C’est un épisode dont l’action et le suspense se marient très bien avec les moments consacrés aux personnages, et le rythme est un sans faute.
EPISODE 10 (4ème diffusé) : MIRROR, MIRROR 
Le pitch : Un orage magnétique perturbe la téléportation de Kirk et son équipe (McCoy, Uhura et Scotty) qui s’étaient rendue à terre. Ils se retrouvent envoyés dans un univers parallèle à la place de leurs équivalents, face à un Mr. Spock arborant une barbe et un uniforme différent : celui de l’impitoyable empire terrien qui massacre des peuples ne se soumettant pas. Les versions « miroir » de Kirk, McCoy, Uhura et Scotty se retrouvent eux envoyés dans l’univers « premier » où leur comportement violent est rapidement remarqué par Spock qui les emprisonne. Mais les versions originales de nos héros ont plutôt intérêt à donner le change s’ils veulent rester en vie et espérer s’échapper de l’univers miroir pour réintégrer le leur.

C’est quoi cet équipage de cinglés ?
Un des meilleurs épisodes de la série. En apparence le concept est surtout un prétexte pour nous montrer des versions alternatives des personnages, opposées dans leurs idéologies (la Fédération pacifique est ici remplacée par un empire galactique cruel expansionniste), mais c’est un modèle de rythme et de suspense. Les ennemis sont les membres de l’équipage qui pensent avoir affaire au Kirk cruel de leur univers et le moindre faux qui le démasquerait peut s’avérer mortel pour lui dans un univers aussi barbare. Mais il y a Spock. Son absence d’émotions ne pourrait-elle pas s’avérer utile et faire de lui un contact plus raisonnable même dans cet univers ? Il faudra cependant se méfier de Mr. Sulu, d’ordinaire calme et plutôt effacé dans l’univers premier mais ici un véritable sadique pervers prêt à poignarder dans le dos son capitaine pour prendre le contrôle de l’Enterprise ou harceler Uhura.

Don’t mess with Mirror Sulu
L’épisode permet de mettre en avant différents personnages qui n’ont pas souvent eu l’occasion de se faire remarquer. Uhura justement, qui fait rarement partie de l’équipe directement concernée par les évènements de l’épisode, est cette fois-ci en première ligne. Tout comme Sulu, même s’il s’agit de sa version « miroir », dont le rôle sera l’occasion pour George Takei d’interpréter un dégénéré effrayant. Un super épisode, même si moins cérébral que d’autres.
EPISODE 12 (8ème diffusé) : I, MUDD 
Le pitch : Un androïde infiltré à bord de l’Enterprise prend le contrôle du vaisseau pour forcer l’équipage à se rendre sur une planète peuplée de plus de 200 000 androïdes. Sur place, Kirk et son équipe découvre Harry Mudd, un escroc déjà croisé par le passé, qui s’est autoproclamé Mudd 1er et semble diriger cette société de robots. Mais s’il est soi-disant leur chef sur le papier, il semblerait qu’il ne puisse pas quitter cette planète car les androïdes l’étudient. C’est pourquoi ils ont fait venir d’autres humains de force. L’équipage de l’Enterprise va devoir découvrir le véritable but caché des androïdes et qui commande réellement.

Harry Mudd, le loser de l’espace
Sans doute un épisode qui n’est pas dans beaucoup de listes « best of ». Mais il se trouve que je l’aime beaucoup. En fait, je trouvais déjà que ce qui sauvait « Mudd’s women » du naufrage dans la saison 1, c’était le personnage de Harry Mudd qui revient donc ici. Un escroc, un voleur et un menteur, mais qui devient sympathique parce qu’il est particulièrement malhabile et grotesque. Le type même de personne insupportable dans la vraie vie mais qui peut devenir drôle à suivre dans une fiction. La performance de l’acteur Roger C. Carmel et son entrain communicatif ne sont pas étrangers à ce sentiment.
Mais au delà de son aspect comique assez efficace, l’épisode propose un scénario intéressant avec cette civilisation d’androïdes abandonnés depuis des années qui cherchent un but à leur existence en étudiant les humains. Et il y a des thèmes intéressants. En particulier le fait que les membres de l’Enterprise ne sont pas traités en prisonniers mais en véritables seigneurs car les androïdes peuvent tout créer et tout offrir. Pourquoi alors refuser la captivité ?

Gene Roddenberry a casté plusieurs jumelles pour jouer les androïdes construites en série
Et la réflexion s’étend plus loin qu’aux membres de l’équipage. Il est question de la dépendance des humains à la technologie. S’ils ne peuvent plus s’en passer, et que celle-ci a une volonté propre (comme celle de nous contrôler en satisfaisant des plaisirs simples), ce sont alors les serviteurs qui deviennent les véritables dirigeants. L’emprisonnement, la dépendance volontaires en gros, qui est un chemin que nous avons déjà emprunté de nos jours, et qui était une vision assez avant-gardiste en 1968. Alors certes, la solution trouvée pour échapper aux androïdes est un peu caricaturale et toujours un peu dans le ton de la comédie, mais l’épisode reste solide.
EPISODE 15 (10ème diffusé) : JOURNEY TO BABEL 
Le pitch : L’Enterprise accueille à son bord les ambassadeurs de différentes races et a pour mission de les conduire sur Babel, un planétoïde sur lequel siège un haut Conseil chargé de délibérer de l’inclusion des peuples dans la Fédération des planètes unies. Parmi les dignitaires, il y a l’ambassadeur Sarek de Vulcain, le père de Spock, avec qui il entretient une relation conflictuelle.

Bonjour papa !
Alors que le vaisseau fait route vers Babel, l’ambassadeur de Tellarite se fait assassiner. Sarek va être suspecté à cause d’une altercation qu’ils ont eu. Et ce n’est pas tout. Un vaisseau non identifié se déplaçant à une vitesse incroyable gravite autour de l’Enterprise et semble être en communication avec quelqu’un à bord. Rapidement, la situation va dégénérer avec plusieurs problèmes à gérer en même temps. Sarek est sujet à des malaises et risque de mourir si Spock ne lui donne pas son sang, un délégué Andorien tente d’assassiner Kirk, et le vaisseau inconnu se met à attaquer.
Il s’agit en quelque sorte d’un récit d’espionnage en huis clos à bord de l’Enterprise, sacrément bien rythmé et qui nous présente plusieurs races de la Fédération. On se doute évidemment que ce n’est pas le père de Spock le coupable, d’autant plus qu’il fait un malaise lors de son interrogatoire. Mais l’épisode nous maintient en haleine avec de nouvelles péripéties régulières requérant l’attention des officiers, les divisant sans leur laisser le temps de comprendre le but des attaques.

Il y a presque autant de problèmes que de dignitaires dans cet épisode
C’est une recette efficace pour maintenir l’attention du spectateur, avec des choix cornéliens pour Spock (prendre le commandement pendant que Kirk est alité ou aller à l’infirmerie pour sauver son père ?) et la nécessité pour Kirk d’assumer son rôle de capitaine malgré sa blessure pour venir à bout de l’assaillant. C’est un nouvel épisode mariant parfaitement développement des personnages et péripéties aventureuses, à la lisière d’un whodunit à la Agatha Christie.
EPISODE 19 (18ème diffusé) : THE IMMUNITY SYNDROME 
Le pitch : Suite à la disparition de l’USS Intrepid et son équipage de Vulcains, l’Enterprise reçoit l’ordre d’enquêter dans un système solaire apparemment mort, dont l’énergie a été comme aspirée par une étrange zone sombre. L’Enterprise se retrouve rapidement prisonnier de l’attraction d’un gigantesque organisme unicellulaire qui épuise les forces vitales de l’équipage. De plus près, cet organisme s’apparente à une amibe de 17 500 km de diamètre. Sans solution pour échapper à son attraction, il devient nécessaire d’envoyer quelqu’un sonder plus avant les caractéristiques de l’organisme pour espérer trouver son point faible.

C’est quoi ce truc ?
Un épisode qui commence un peu comme « The doomsday machine » avec une menace d’envergure galactique, mais propose une idée originale avec cette forme de vie très simple mais colossale et qui est sur le point de se dédoubler comme une cellule, menaçant des systèmes solaires entiers, tel un virus dans le « corps » de l’univers. C’est un récit qui met l’emphase sur le mystère d’une découverte incroyable et c’est ce que j’aime dans STAR TREK. Il se passe peu de choses cela dit, et c’est plutôt chargé en dialogues, mais de bons dialogues ! C’est d’ailleurs un des épisodes qui fait le mieux évoluer la relation entre McCoy et Spock, les éternels rivaux qui ne se comprennent pas et semblent autant se détester qu’ils s’admirent en secret. Alors que Spock va risquer sa vie pour relever des données importantes sur la créature, McCoy et lui ne cesseront de se lancer des piques tout en se réjouissant que chacun s’en sorte indemne.
On pourra trouver des faiblesses au scénario, comme l’idée assez étrange de foncer vers cette entité qui vient d’anéantir un vaisseau entier. Certes lorsqu’ils arrivent trop près, ils sont attirés par un champ gravitationnel et ne peuvent plus s’échapper, mais au départ on pourra tout de même questionner l’idée saugrenue de Kirk de s’en approcher pour enquêter.

Comparaison d’effets spéciaux
C’est aussi, un peu comme « The Galileo Seven », un épisode qui bénéficie énormément des nouveaux effets spéciaux. Si l’apparence de l’amibe vue de loin était déjà pas mal à l’époque, l’intérieur ressemblait beaucoup trop à des images de fluides huileux extrêmement grossies, et par conséquent granuleuses et sales. Les nouveaux FX sont plus sobres, montrant l’Enterprise se noyer dans un brouillard orange, mais l’incrustation est meilleure (tout comme la zone sombre est enfin réellement sombre autour du vaisseau).
EPISODE 21 (22ème diffusé) : BY ANY OTHER NAME 
Le pitch : Alors que Kirk et son équipe enquêtent sur un signal de détresse détecté sur une planète inconnue, l’équipage de l’Enterprise est pris en otage par ceux qu’ils sont venus sauver. D’apparence humaine, leurs 5 ravisseurs (Hanar, Tomar, Drea, Kelinda et leur leader Rojan) sont en réalité des Kelvan et leur véritable forme bien différente. Il s’agit d’une race d’aliens conquérants venus d’une lointaine galaxie pour enquêter sur des mondes possibles à coloniser. Ce petit groupe n’est qu’une équipe d’éclaireurs privés de leur vaisseau qui doivent à présent rentrer chez eux pour un voyage de…300 ans. Ils s’emparent donc de l’Enterprise dans ce but. Face à leur technologue très avancée, Kirk et ses proches officiers n’auront d’autre choix que de tenter une approche plus subtile et diplomatique s’il ne veulent pas passer le reste de leur vie à entreprendre un voyage impossible.

Kirk ne fait pas le poids face à Rojan et Kelinda
Un épisode qui mélange assez bien le récit d’aventure avec une véritable menace et un aspect comédie plus légère. En effet, les Kelvan ne sont pas foncièrement mauvais mais issus d’un monde inconnu au mode de vie strict refusant toute distraction, à un point qu’ils sont devenus étrangers aux stimuli sensoriels et aux émotions. Mais comme ils ont adopté une forme parfaitement humaine (leur véritable forme étant apparemment celle d’un blob doté de centaines de tentacules), ils sont à présent sujet à des sensations inconnues que nos héros vont devoir exploiter pour s’en sortir. Evidemment Kirk jouera les séducteurs avec Kelinda (la ravissante Barbara Bouchet que tout amateur de cinéma italien reconnaitra pour ses gialli), mais ce sera aussi l’occasion de voir Mr. Scott faire picoler Tomar ou McCoy injecter des stimulants à Hanar, et ainsi faire dériver l’histoire dans un aspect plus comique, tout en proposant une solution au conflit autre que celle de la violence.

Allez, on picole et on séduit
Comme souvent, on privilégie les échanges et la communication entre espèces et même un envahisseur peut être raisonné. L’épisode est presque trop court cette fois, il commence sur les chapeaux de roues et se termine un peu abruptement. Ce qui est au moins le signe d’un rythme prenant et d’une thématique intéressante.
EPISODE 24 (24ème diffusé) : THE ULTIMATE COMPUTER 
Le pitch : Kirk reçoit l’ordre de faire débarquer son équipage sur une station spatiale et de laisser l’éminent scientifique Richard Daystrom installer à bord de l’Enterprise l’unité M-5, une intelligence artificielle, afin de la mettre à l’épreuve dans diverses situations pour prouver qu’elle peut contrôler un vaisseau. Alors que les tests se poursuivent et que le M-5 va se montrer plus rapide et efficace qu’un être humain, il va aussi commencer à prendre des décisions complètement à côté de la plaque lorsqu’un autre vaisseau ne faisant pas partie de la simulation se présente.

Richard Daystrom a un peu trop confiance en sa création
Un épisode qui plaira peut être davantage aux férus de technologie qu’aux autres, mais qui a son lot de sujets intéressants. Le remplacement de l’homme par la machine par exemple, et l’importance de l’intuition humaine face à certains situations, des thèmes certes exploités jusqu’à l’os depuis mais toujours aussi pertinents (et encore plus avec l’arrivée de l’IA). Et justement, si on replace cet épisode dans son contexte en 1968, il est impressionnant de voir à quel point le fonctionnement du M-5 ressemble à l’IA d’aujourd’hui. Gene Roddenberry et ses collaborateurs avaient une vision de la technologie future assez bluffante. Pour faire simple, les IA d’aujourd’hui puisent des informations dans diverses sources puis un modèle de langage prend les informations récupérées, les synthétise et les transforme en une réponse cohérente et adaptée au contexte. Le contexte, ce sont des limites qui sont données à l’IA, comme la nature de la personne à qui il s’adresse (qui détermine ce qu’elle peut révéler), un cadre légal, ou des instructions.

L’IA se défend
Dans STAR TREK évidemment c’est une vision simplifiée qui suppose que des schémas mémoriels humains ont été numérisés et que le M-5 imite donc un être humain, car il doit pouvoir travailler avec et pour des humains. Et si le M-5 déraille c’est parce qu’il lui manque le contexte : il ne sait pas que la simulation est terminée et va empêcher tout sabotage et continuer d’attaquer tout vaisseau s’approchant de l’Enterprise. Tout comme une vraie IA est capable de partir en vrille et d’inventer des choses fausses sans contexte, et sans supervision humaine. Et au final d’agir de manière contraire à ce qui lui est demandé. La solution sera donc de communiquer avec le M-5 et recontextualiser la situation. C’est un épisode très efficace et avant-gardiste, encore totalement d’actualité.
EPISODE 26 (26ème diffusé) : ASSIGNMENT : EARTH 
Le pitch : Alors que l’Enterprise voyage dans le temps en 1968 pour des recherches historiques (mais en restant en orbite, invisibles à la technologie de l’époque), ils interceptent une téléportation d’un individu se prétendant humain, alors qu’une telle technologie n’existait pas à l’époque. Cet individu, nommé Gary Seven (Robert Lansing), affirme venir d’une lointaine planète et devoir intervenir en urgence sur Terre, et que le retenir risque de perturber le cours de l’histoire. Kirk hésite, alors Seven s’échappe et se téléporte sur Terre. Sur place, on comprend qu’il a pour mission de stopper un lancement d’ogives nucléaires en orbite pouvant résulter en une véritable guerre atomique. Kirk et Spock vont le localiser et le suivre malgré les risques car ils ignorent les intentions de Seven, et quand bien même elles seraient bienveillantes, rien ne garantit qu’agir comme il le fait va avoir les conséquences escomptées pour le futur.

Robert Lansing qui vole la vedette
On termine cette saison par un autre épisode de voyage temporel. Pas forcément ma tasse de thé, mais force est de constater que celui-là aussi, il est réussi. Cette fois-ci surtout parce qu’il s’agit d’une boucle temporelle et de prédestination. Le voyage dans le temps de l’Enterprise et la « confrontation » avec Seven faisant en réalité partie des évènements qui devaient avoir lieu en 1968 pour que le futur reste le même. Un moyen ingénieux de justifier que ce voyage ne modifie en rien le cours de l’histoire. Ces épisodes temporels permettent aussi de tourner dans de vrais décors d’époque sans prétendre qu’il s’agit d’une planète exotique ridiculement identique à la Terre.

Un parfum de récit « James Bondien«
Il faut savoir que cet épisode avait été pensé pour introduire le personnage de Robert Lansing à qui Gene Roddenberry espérait donner le rôle titre d’une série spin-off, qui ne s’est jamais faite. Mais cela explique que Kirk et Spock ne fassent pas grand chose et que Gary Seven soit beaucoup mis en avant, tel un super agent secret. Cela fonctionne très bien cela dit, l’épisode a une production value un peu meilleure que les autres (grâce à l’utilisation d’images d’archives d’un lancement de fusée, ici soi-disant armée de têtes nucléaires) sur un scénario de film catastrophe, et avec un zeste de comédie (notamment grâce à la présence au casting de l’amusante Teri Garr, la secrétaire un peu maladroite de Seven qui ne comprend pas grand chose à ce qu’il se passe.) Un bon épisode pour conclure la saison.

Teri Garr joue la secrétaire du XXe siècle un peu larguée
ANECDOTES
Avant de nous quitter, j’ai conservé quelques anecdotes sur les travers amusants de la série. Tout d’abord il y a cette fâcheuse tendance à ce que la plupart des planètes visitées soient de classe M (en gros comme la Terre, avec une atmosphère respirable et parfaitement saine pour les humains.) Evidemment, on sent bien que c’était pour des contraintes budgétaires, mais à force cela devient un gag.
Ensuite, il y a la fameuse « Prime Directive ». Cette directive implique que la Fédération n’est pas supposée interférer dans le développement naturel des autres espèces de l’univers pour éviter la « contamination culturelle ». Une idée intéressante car elle soulève des problèmes éthiques, mais comme les scénaristes n’y ont pensé qu’à la fin de la saison 1, c’est assez amusant de constater que rétrospectivement, plein d’épisodes violent complètement cette directive.
Et pour finir, un dernier élément amusant qui revient sans cesse et que tout fan de STAR TREK connait, c’est la malédiction du pull rouge. En effet, dans la série l’uniforme rouge est réservé aux agents de sécurité ou techniciens. Et ce sont toujours ceux qui meurent. Au fil des épisodes, cela devient un running gag de voir 1 ou 2 personnages vêtus de rouge incarnés par des acteurs jusque là inconnus accompagner les officiers car on sait tout de suite qu’ils sont là comme chair à canon, et ça ne loupe jamais !

Hum…3 officiers et un mec random en rouge. Qui va y passer dans 30 secondes ?
LES ACTEURS
Pour finir un petit mot sur les acteurs et leurs personnages. STAR TREK faisait quelque chose que les séries TV sont à présents réputées pour faire avec brio mais qui était plutôt nouveau à l’époque : développer les personnages. Pas mal d’épisodes se concentrent sur les relations entre eux, leurs forces et leurs faiblesses. En particulier Kirk, Spock et McCoy. Pour ma part, Spock est clairement le personnage le plus intéressant. On pourrait penser qu’un personnage privé d’émotions serait ennuyeux, mais en vérité il devient presque un modèle à suivre car il nous montre combien nos décisions basées sur des réactions émotionnelles sont souvent mauvaises, et il reste malgré tout loin d’être parfait puisque son absence d’empathie lui cause des soucis dans ses relations. Nimoy a un jeu assez subtil laissant transparaitre des traits d’humour ou des réactions amusantes inhabituelles qui sont d’autant plus marquantes qu’elles sont rares. Il est parfait dans ce rôle stoïque, socialement inadapté (aux humains), parfois pince-sans-rire.

Le sourcil levé de Spock, une de ses expressions les plus intenses
William Shatner quant à lui, joue bien mieux que sa réputation le laisse penser, et il est charismatique. Il est connu pour avoir tendance à surjouer les scènes intenses nécessitant de crier ou s’énerver. Mais pour le reste, il fait preuve de retenue avec des mimiques faciaux qui expriment parfaitement ce qu’il ressent sans un mot, et l’humour de la série lui doit beaucoup. McCoy c’est plus compliqué. Deforest Kelley a tout le temps l’air agacé, il a un jeu d’acteur plus limité. C’est le râleur de l’équipe et pour un médecin, ça ne fait pas très professionnel. Et hélas pour lui, la série le met rarement dans une position où il peut sauver qui que ce soit, à tel point qu’il finit par ressembler au pire médecin de l’univers, toujours en train d’annoncer des décès. Sa dynamique avec les deux autres personnages fonctionne très bien cela dit.

-Il est mort, Jim.
-McCoy, il est en train de nous parler
-Non, Jim, y’a plus rien à faire, c’est fini…
Ce sera tout pour la saison 2. On se retrouvera pour la troisième et ultime saison.
BONUS : la liste des bons épisodes qui n’ont pas atteint le top 10
EP 04 : Who Mourns for Adonais
EP 08 : The changeling
EP 09 : The apple
EP 11 : The deadly years
EP 13 : The trouble with Tribbles
EP 16 : A private little war
EP 18 : Obsession
EP 22 : Return to tomorrow
Superbes analyses, que je partage pour la quasi-totalité (pas un fan de Gary Seven).
Comment ça, I Mudd rarement dans les top ! (je plaisante) J’adore cet épisode, comme pour Matt en grande partie grâce à l’impayable Roger C.Carmel, à la lâcheté hilarante (« the keyword in your peroration is d-d-death. ») et au formidable duo comique avec Shatner (la « traduction » de son évasion). Le reste de l’équipe n’est pas en reste : Spock qui désactive son tandem d’androïde en quelques phrases et le comportement absurde de l’équipage (la « mort » de Chekov, la « bombe »)
Egalement dans les moins connus, The Immunity Syndrome, avec son équipage au bord du burn out avant même que commence l’épisode et la relation McCoy/Spock, trop souvent cachées derrière les vacheries amicales (« Dites au Docteur… qu’il aurait dû me souhaiter bonne chance »)
Pour le reste, beaucoup d’incontournables avec Journey to Babel, Amok Tim (décidément, Spock est très mis en avant !) et Mirror, Mirror qui va avoir pas mal d’héritiers dans les séries suivantes.
J’ai rarement vu I, MUDD dans les top en effet. Moi je le trouve bien marrant, et sans être vide de thèmes intéressants.
Après la « mort » de Chekov et la « bombe » on peut trouver ça un peu niais, ça reste dans le ton léger de la comédie et on se dit que c’est pas bien difficile de se débarrasser de ces super androïdes. Mais bon ça passe. Roger C. Carmel me fait bien marrer, aussi avec la réplique de sa femme androïde juste pour lui dire de la fermer, et qui revient le hanter à la fin.
THE IMMUNITY SYNDROME a un sacré paquet de répliques géniales. Comme quand Spock dit « I’ve noticed that about your people, Doctor. You find it easier to understand the death of one than the death of a million. You speak about the objective hardness of the Vulcan heart, yet how little room there seems to be in yours »
Et PAN dans les dents ! ça pique comme réplique ^^
Et puis bien sûr McCoy qui sort « Shut up, Spock ! We are rescuing you ! »
Et Spock : « Well…Thank you…Captain McCoy »
Ces deux là sont top dans cet épisode.
J’ai entendu qu’il y avait d’autres épisodes dans l’univers miroir dans les autres séries en effet. Mais cette première série se concentre plus sur des concepts et idées sans étirer le truc. Il n’y a techniquement pas grand chose de plus à faire avec le concept de l’univers miroir, à part des aventures plus longues. C’est super comme idée, mais pas forcément sur la longueur.
Mais quand on voit les séries récentes avec une seule intrigue étalée sur une saison qui consiste en « y’a un gros vilain avec une super arme à arrêter »…mouais…on se dit que c’est fini le Star Trek expérimental avec plein d’idées.
Je précise, « absurde » n’était pas une critique mais une observation, l’absurdité étant « l’arme » de nos héros ^^
Idem pour ma remarque sur McCoy et Spock : je trouve émouvant le petit « Bonne chance » du bon docteur une fois Spock hors de portée, et j’ai bien aimé voir ressortir ce côté émotionnel par rapport aux joutes verbales habituelles.