
UN VISUEL POUR LES GOUVERNER TOUS
– TOLKIEN EN IMAGES : 3° PARTIE –
Dossier sur les principales adaptations de l’œuvre de J.R.R. Tolkien dans le monde des images
3° PARTIE : les films d’animation de 1977 à 2024.
– THE HOBBIT. Année 1977. Durée 78 minutes.
– LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Année 1978. Durée 132 minutes.
– THE RETURN OF THE KING. Année 1980. Durée 98 min.
– LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LA GUERRE DES ROHIRRIM. Année 2024. Durée 134 minutes.
Genre : Fantasy, Aventures.
Niveaux d’appréciation :– À goûter
– À déguster
– À savourer
Pour entamer la lecture de l’article dans les meilleures dispositions, vous pouvez aussi écouter, en même temps, la BO du film de Ralph Bakshi…
Cette série d’articles portera sur les principales adaptations réalisées à ce jour d’après l’œuvre de J.R.R. Tolkien dans le monde des images.
Depuis les illustrations que l’on trouve dans les livres, sur les couvertures, les calendriers ou les posters, jusqu’à la télévision et le cinéma, en passant par les jeux de rôle et la bande-dessinée, ce sont des décennies d’adaptations qui, à travers les différents médiums, auront tenté de donner un visuel à la Terre du Milieu imaginée par l’écrivain dans sa jeunesse, développée ensuite jusqu’à sa mort en 1973, puis finalisée par son fils jusqu’à la mort de ce dernier en 2020.
Soyons clair : il ne s’agit absolument pas d’établir un catalogue exhaustif de tout ce qui a été fait, mais plutôt de relever un lien de cause à effet entre l’œuvre de l’écrivain et son évolution dans la culture populaire, dans le fond comme dans la forme.
Bien évidemment, la chose est tellement énorme, l’influence de la Terre du Milieu dans notre culture est désormais tellement organique, qu’un seul et modeste article ne fera qu’effleurer cette vaste étendue multimédia. On ira donc à l’essentiel, en essayant de ne relever que les adaptations officielles les plus connues.
Étant donné que ces adaptations sont de plus en plus nombreuses, notamment depuis le développemet des plateformes à la demande, l’article sera découpé en plusieurs parties, afin de pouvoir suivre une évolution en marche permanente…
Au programme de cette 3° partie :

LE HOBBIT – 
THE HOBBIT est un long métrage d’animation réalisé pour la télévision en 1977 par Jules Bass & Arthur Rankin. Il s’agit de la toute première adaptation, officielle, de l’œuvre de J.R.R. Tolkien sur un écran. Un court métrage avait été réalisé confidentiellement en 1966. Auparavant, une première adaptation hollywoodienne du SEIGNEUR DES ANNEAUX avait été tentée en 1957 ; puis, sous l’impulsion des Beatles (!), David Lean, Stanley Kubrick et Michelangelo Antonioni furent un moment sollicités pour une adaptation en 1969 avec les quatre Beatles dans les rôles principaux ! En 1969, toujours, John Boorman est approché pour reprendre le projet de manière plus sérieuse. Il le développe pendant un temps avant d’y renoncer. Puis plus rien.
Dans les années 70, l’idée d’adapter les récits de l’écrivain sous la forme d’un dessin animé, à cette époque où le cinéma ne dispose pas encore des moyens à la hauteur de l’entreprise, coule de source. George Pal lui-même, pourtant spécialiste historique des effets spéciaux et autres films féériques (article ici), doit renoncer au projet d’adapter LE HOBBIT sur grand écran, surtout après le cuisant échec du nanar DOC SAVAGE en 1975 !
Ainsi, la société Rankin/Bass, spécialiste des téléfilms d’animation et autres contes de noël, était-elle toute prédisposée à se lancer dans un tel projet, en commençant par le roman le plus court.
À noter que Walt Disney, dès le début des années 40, avait un temps envisagé d’adapter l’univers de Tolkien, avant de passer à autre chose, trouvant la source trop complexe et trop peu portée sur l’humour.
On peut aussi écouter les chansons, très celtiques, de ce premier téléfilm !
Cette première tentative de donner vie au monde de J.R.R. Tolkien ne manque pas de charme. L’adaptation est plutôt littérale et les personnages récitent de nombreuses phrases directement prélevées à la plume de l’écrivain. Mais sa courte durée (1h18), oblige le script à élaguer le récit et l’on doit renoncer à plusieurs éléments de l’histoire originelle. Point de Béorn (l’homme-ours), par exemple, ni de “géants de pierre”. Les séquences d’action sont très courtes (la Bataille des cinq armées est bouclée en trois minutes) et les ellipses sont légions. Mais l’essentiel est bien là, sous la forme d’une épure qui retranscrit parfaitement l’esprit du récit initial (si l’on excepte quelques choix tranchés, notamment celui de faire ressembler Gollum à un crapaud !).
L’intro du film. On ne peut pas dire que ce n’est pas fidèle !
La mise en forme du long métrage est très intéressante et la construction du récit est particulièrement sophistiquée. Au niveau de la forme, les personnages au design enfantin se détachent et s’animent par-dessus toute une série de très beaux décors peints, aux superbes couleurs, restituant très bien l’atmosphère du livre de Tolkien, avec une teinte dominante, distincte pour chaque séquence.
Dans le fond, afin de palier aux très nombreuses ellipses, Rankin & Bass (qui s’adjoignent, comme ils le font la plupart du temps, le concours des animateurs japonais du studio Topcraft, futur Ghibli !) parsèment leur narration de tout un tas de chansons, histoire d’ajouter quelques informations en aparté.
Si l’on parvient à se remettre dans le contexte de l’époque, on pourra parfaitement apprécier le résultat. Mais il ne faut surtout pas le comparer à la saga réalisée par Peter Jackson dans les années 2010, qui optera pour un parti-pris totalement opposé en étirant l’histoire et en y ajoutant un nombre considérable d’éléments qui n’étaient pas dans le livre…

Enfantin, mais qui sonne juste !
Faut-il rappeler combien l’œuvre de Tolkien est complexe et à quel point elle a d’ailleurs longtemps été jugée inadaptable ? La profondeur de sa mythologie encore incomplète à l’époque (LE SILMARILLON ne paraîtra pas avant 1977 et Christopher Tolkien continuera d’éditer les textes de son père jusqu’en 2020 !), le nombre incalculable de ses personnages, de ses races, de ses familles, de ses héritages et de ses alliances séculaires ; les diverses langues inventées et les poèmes ; sans compter toute la toile de fond et ses résonnances catholiques… Tolkien lui-même redoutait les adaptations, craignant de les voir dénaturer son labeur.
Cette première adaptation officielle est donc une réussite, à condition de la prendre comme une modeste tentative de donner corps au récit fondateur de la Terre du milieu. Il s’agit ainsi de remettre la chose dans son contexte et d’accepter son statut de téléfilm. Dommage qu’il n’ait jamais été diffusé en France, à la télévision. Il n’existe d’ailleurs pas, à ma connaissance, de version française pour ce film, ni pour LE RETOUR DU ROI dont on parle plus loin.


La jaquette qui claquait sur les rayons du videoclub !
LE SEIGNEUR DES ANNEAUX – 
Depuis 1957, époque où fut tentée la première adaptation hollywoodienne du SEIGNEUR DES ANNEAUX, le réalisateur Ralph Bakshi rêvait de réaliser sa propre version sous la forme d’un dessin-animé.
D’abord frustré de ne pas réussir à en obtenir les droits, il se mit à la tâche afin d’imaginer sa propre mythologie inspirée de l’univers de Tolkien. Ce projet aboutit en 1977 avec la réalisation des SORCIERS DE LA GUERRE, un étonnant film d’animation psychédélique, à mi-chemin des histoires de la Terre du Milieu et des anthologies de SF et de fantasy que l’on pouvait trouver à l’époque dans les magazines spécialisés, comme le mythique Métal Hurlant.
Mais le destin allait se tourner vers Bakshi car, à peine quelques mois plus tard, le studio United Artists entamait une nouvelle tentative de produire une adaptation du chef d’œuvre de Tolkien…
Vintage…
Ralph Bakshi récupéra donc le projet après le départ de John Boorman, lequel dut finalement se “contenter”, de son côté, d’un autre projet consacré aux chevaliers de la table ronde qui allait devenir EXCALIBUR…
Bakshi réussit à convaincre le producteur Saul Zaentz de réaliser un dessin-animé et de lui en laisser la direction. Il proposa d’emblée l’idée d’un film en trois parties, afin de respecter plus ou moins le découpage du roman en trois livres, mais United Artists en négocia deux, chaque partie adaptant un livre et demi (le premier film bénéficiera tout de même d’une durée de 132 minutes, pour une sortie-éclair en 1978 !).

Un première adaptation ambitieuse pour le roman aux 1600 pages…
La suite est désormais connue : Le film souffra d’un manque de moyens (pourtant considérables) et de choix artistiques parfois étranges. La sortie-éclair, quelques mois seulement après le début de la production, n’aida certainement pas le projet à se peaufiner sous les meilleures auspices.
Comme il l’avait déjà fait pour LES SORCIERS DE LA GUERRE, Bakshi abusa du mélange entre les superbes décors peints comme des tableaux, les personnages principaux aux allures de cartoon et les figurants animés grâce au procédé de la rotoscopie (des acteurs filmés en prises de vue réelles, puis recouverts par le dessin). Si ce parti-pris technique n’était pas nouveau (Walt Disney l’utilisait depuis 1937 !), on ne peut pas dire qu’il ait été pratiqué, dans le cinéma de Ralph Bakshi, avec subtilité et harmonie ! Ainsi, lors de la grande Bataille du Gouffre de Helm, à la fin du film, peut-on voir les personnages de cartoon se télescoper avec des acteurs en chair et en os, à peine “maquillés” par un second procédé nommé “solarisation”, lequel consiste à saturer la lumière afin d’inverser le traitement des couleurs, en ajoutant quelques filtres sombres et autres légères brumes colorées ! Pour un résultat esthétique somme-toute très particulier…
Le film déplut fortement à la critique qui le descendit en flèche. Et malgré le succès commercial de ce premier essai cinématographique (30 M$ de recette pour un budget de 10 M$), le studio refusa d’en produire la suite !

Des choix artistiques contrastés !
Et pourtant, cette première adaptation de l’œuvre de Tolkien au cinéma regorge de qualités !
Le scénario est parfois confus, mais la mise en scène épouse brillamment les aspérités de la Terre du Milieu. Bakshi trouve immédiatement la “voix” de ses personnages et les anime dans une série de scènes qui s’abreuvent directement à la source des deux premiers livres.
Dès l’introduction, tandis que retentit la magnifique bande-son épique composée par Leonard Rosenman, l’univers de Tolkien s’impose à notre esprit, alors qu’il ne s’agit que de simples ombres chinoises !
Fidèle à sa volonté de réaliser des films d’animation pour adultes, puisqu’il fut le premier, en réalisant le cultissime FRITZ THE CAT, à utiliser le médium de l’animation à destination des grandes personnes, Bakshi nous offre une interprétation à la fois très fidèle de la Terre du Milieu, et aussi épique que celle d’un film en prises de vues réelles.
Alors qu’à l’époque le cinéma ne s’intéresse pas encore à l’Heroic fantasy, cette première adaptation du SEIGNEUR DES ANNEAUX se révèle comme le mètre-étalon de toutes les productions futures dans ce domaine au départ réservé aux livres ou aux jeux de rôle.

De forts jolis tableaux pour une première adaptation cinématographique…
Bien des années plus tard, Peter Jackson s’inspirera clairement des partis-pris narratifs du film de Bakshi, apportant dans sa version peu ou prou les mêmes modifications et les mêmes changements de script par rapport aux livres de Tolkien, voire des séquences entières découpées de la même manière.
Quatre ans plus tard, Bakshi délaissera l’univers de Tolkien mais tentera une ultime plongée dans l’Heroic fantasy, en compagnie de Frank Frazetta, pour la réalisation de TYGRA, LA GLACE ET LE FEU.


LE RETOUR DU ROI – 
Ainsi, LE SEIGNEUR DES ANNEAUX de 1978 ne devait jamais connaitre de suite ni de fin. C’est sans doute ce postulat qui a dû motiver les compères Jules Bass & Arthur Rankin pour qu’ils choisissent, directement après leur HOBBIT, le dernier livre de la saga que Ralph Bakshi n’avait pas pu nous raconter, quand bien même ce projet de second téléfilm fut mis en chantier en même temps que le film de 1978, mais avec un titre alors complètement différent (THE HOBBIT II).
Renommé in-extremis LE RETOUR DU ROI, ce téléfilm diffusé à la télévision en 1980 est-il pour autant la suite du film de 1978 sorti au cinéma ? Officiellement, non : C’est la suite du HOBBIT…
Destiné à être découpé en deux films, LE SEIGNEUR DES ANNEAUX inachevé de Ralph Bakshi reprenait ainsi les éléments d’un livre et demi sur trois, soit la totalité de LA FRATERNITÉ DE L’ANNEAU et la première moitié des DEUX TOURS. Ceux qui désirent regarder LE RETOUR DU ROI comme une suite du film de Bakshi devront donc faire l’impasse sur de nombreux éléments de la “deuxième moitié manquante” des DEUX TOURS, dont la chute de Saroumane, la charge des Ents ou encore le combat de Frodon et Sam contre l’araignée géante du Mordor…
Notre téléfilm est avant tout dans la continuité du HOBBIT de 1977. Il n’y a que les personnages de Frodon Sacquet & Samsagace Gamegie qui, il faut bien le reconnaitre, s’en détachent un poil et ressemblent furieusement à ceux du film de Ralph Bakshi !
Et si c’était la suite et fin du film de Ralph Bakshi ?
En tant que tel, LE RETOUR DU ROI est un ton au-dessus du HOBBIT et l’on profite de reconstitutions plus ambitieuses avec la Bataille des champs de Pélennor (magnifique interprétation de la cité de Minas Tirith) et la traversée du Mordor. Certaines scènes sont très réussies et surpassent même la future version de Peter Jackson sur le terrain de l’adaptation ! Par exemple, la scène de Cirith Ungol dans laquelle Sam récupère l’Anneau et va sauver Frodon emprisonné dans les geôles des orques, est clairement plus inspirée et plus cohérente que celle de Jackson. Et il y a le fameuse scène de confrontation, à Minas Tirith, entre Gandalf et le roi-sorcier d’Angmar, complètement ratée chez Jackson qui n’avait strictement rien compris à ce passage crucial ! Ici, la scène est beaucoup plus fidèle au livre et surtout bien plus cohérente (non, un nazgûl (un spectre) ne sera jamais plus fort qu’un istari (un mage) ! C’est tout simplement contraire à la compréhension de l’univers de la Terre du milieu !).

Pas mal pour un petit dessin animé !
Afin d’en mettre un maximum (le film dure 97 minutes) et de communiquer le plus d’éléments possible au spectateur, Bass & Rankin utilisent le même procédé que pour LE HOBBIT en l’enrichissant. Ce sont ainsi trois sources d’information qui se superposent : La narration des images, la voix-off de Gandalf, et les chansons du Ménestrel, personnage inventé pour l’occasion qui ponctue le récit de tout un tas de chansons. De cette manière, la réalisation opère une compression assez impressionnante d’informations et parvient à restituer l’essentiel du livre originel tout en y ajoutant des liens avec le récit précédent (LE HOBBIT). C’est ainsi que le film commence par la fin, avec une réunion entre Gandalf, Bilbon (vieux et somnolent), Elrond, Merry, Pippin et le Ménestrel, les personnages se remémorant leurs aventures à travers les chansons de ce dernier.
Cette adaptation méconnue mérite d’être redécouverte, ne serait-ce que pour son charme un brin suranné et ses quelques scènes de transposition aux éléments brillamment restitués.
Ceux qui demeurent frustrés par la fin prématurée du film de Ralph Bakshi peuvent aussi se consoler en se passant ce RETOUR DU ROI qui jouera un peu, de manière non officielle, le rôle de la suite….


LA GUERRE DES ROHIRRIM – 
LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LA GUERRE DES ROHIRRIM (titre complet) est un film d’animation américano-japonais d’une durée de 2h14, réalisé en 2024 par Kenji Kamiyama (un habitué de la saga GHOST IN THE SHELL).
Le pitch : Éowyn (personnage du SEIGNEUR DES ANNEAUX et dame du Rohan) raconte l’histoire légendaire du Roi Helm poing-de-Marteau et de ses enfants, dont les événements ont eu lieu cent quatre-vingt trois ans auparavant (avant le début de LA FRATERNITÉ DE L’ANNEAU). L’histoire est centrée sur Héra, la fille du roi, dont la témérité, le courage et l’héroisme en font l’une des combattantes les plus redoutables du peuple du Rohan (les dresseurs de chevaux). Nous assistons à une guerre sans merci entre les Rohirrim et leurs voisins du peuple des Dunlendings, dont le fils du roi espèrait épouser Héra, avant que tout ne bascule…
La Zaentz Co, société de production de Saul Zaentz et filiale de la United Artists, a longtemps possédé les droits exclusifs d’adapter l’univers de Tolkien au cinéma. Peter Jackson réussit néanmoins à financer sa trilogie des années 2000 (dont nous parlerons dans le prochain article) grâce à New Line Cinema, une filiale de Warner Bros Pictures. La Warner Bros est donc également propriétaire, depuis, des droits d’adaptation. Mais comme elle ne fait rien de ces droits pendant des années, voici que la Zaentz Co vient les lui contester. Afin de préserver ces droits, extrêmement lucratifs, la Warner Bros décide alors de lancer un nouveau projet. Ce sera le film d’animation LA GUERRE DES ROHIRRIM dont on dit, parfois, qu’il n’a été mis en chantier, de manière factice, que pour la préservation de ces droits…
Le scénario prend sa source dans les appendices du SEIGNEUR DES ANNEAUX, où sont brièvement contés les exploits de Helm et la fameuse guerre des Rohirrim. Dans ces lignes, signées de la main de Tolkien lui-même, on apprend l’existence de la fille du roi mais elle n’est pas nommée, ni exposée dans le récit. Les scénaristes de notre film d’animation (dont fait partie Phoebe Gittins, la fille de Philippa Boyens, scénariste des deux trilogies réalisées par Peter Jackson et productrice de LA GUERRE DES ROHIRRIM) vont alors en profiter pour développer le personnage à leur guise, la mettant ainsi au premier plan au moment où, à Hollywood, la vague woke encourage les producteurs à mettre en avant des personnages féminins forts.
D’une manière générale, le script trouve un bel équilibre entre les événements cités par Tokien dans ses appendices et tout ce qui est ajouté au bénéfice du long métrage d’animation, dont de nombreuses créatures déjà aperçues dans la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX réalisée par Peter Jackson (souvenez-vous du Guetteur des eaux qui garde l’entrée de la Moria !).
On remarque enfin qu’il s’agit d’un film réalisé sur la base d’un partenariat entre les USA et le Japon, restituant la tradition des adaptations de l’univers de Tolkien en films d’animation, instaurée par le duo Bass & Rankin !

Héra, personnage de femme forte, comme on en voit partout en 2024.
La réalisation du film est également de grande qualité et l’animation, voulue traditionnelle en 2D, est solide. Dans une volonté de préserver une harmonie visuelle avec les films de Peter Jackson, puisque LA GUERRE DES ROHIRRIM se déroule dans la même continuité, les techniciens ont mis au point une combinaison où sont d’abord filmés de vrais acteurs, comme jadis avec la rotoscopie, lesquels sont numérisés en capture de mouvement, puis modélisés en images de synthèse grâce à des moteurs de jeu vidéo. Ce dernier procédé permet aux techniciens de multipliller les angles de prise de vue et les mouvements de la caméra, avant que le tout soit retranscrit en 2D au moment de l’animation.
À noter que la musique du film, composée par Stephen Gallagher, reprend certains des thèmes créés par Howard Shore sur la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX, principalement celui du Rohan.
LA GUERRE DES ROHIRRIM a globalement essuyé de mauvaises critiques, parfois sur son animation jugée inégale (principalement aux USA, gavés aux images en 3D), souvent sur le manque de profondeur des personnages, trop superficiels pour convaincre un public adulte. On lui a reproché aussi un script beaucoup trop similaire aux événements décrits dans LES DEUX TOURS.
On ne peut nier que ce projet souffre de son contexte opportuniste et de l’aspect factice de sa production. Lancé avant tout pour assurer la préservation des droits d’adaptation de la franchise “Tolkien au cinéma”, le film réussit rarement à acquérir une réelle personnalité. Par exemple, le personnage de “femme forte” parait quasiment aussi cliché que ceux que les films Marvel mettent en scène au même moment et on reste songeur en se remémorant les héroïnes du cinéma d’Hayao Miyazaki, organiquement crédibles, profondes et inoubliables. LA GUERRE DES ROHIRRIM demeure incontestablement un produit de commande, souvent désincarné, en tout cas souffrant d’un manque de profondeur et de sincérité.
Nonobstant, si on le prend comme un simple spin-off destiné avant tout à un assez jeune public, on reste sur un divertissement généreux et bien fait. Et si l’on n’y cherche pas le chef d’œuvre qu’il n’a sans doute jamais eu la prétention d’être, et qu’on est suffisamment souple quant à la fidélité qu’il entretient avec le récit qu’en faisait Tolkien dans ses appendices, on profite d’un produit d’exploitation tout à fait acceptable. Une opportunité de replonger dans la Terre du Mileu. Et sur ce dernier point on est d’accord que, à moins que ce soit vraiment mal fait, ce qui n’est pas le cas, cela ne se refuse pas…

LA GUERRE DES ROHIRRIMS : Un bestiaire très Fantasy !
Je vous donne à présent rendez-vous dans la 4° partie de l’article, qui se focalisera sur les adaptations des récits de la Terre du Milieu dans le médium du cinéma, avec les films de Peter Jackson.
See you soon !!!