LE GIRLS WITH GUNS : LA GÉNÈSE
Chronique des films de kung-fu hongkongais du genre « girls with guns »
1ère partie : La génèse et les premiers films du genre
Date de sortie des films : 1985-1986.
Genre : Arts martiaux, comédie, action
Dans ce dossier qui s’étendra sur 2 parties, je vous propose une rétrospective chronologique de films illustrant l’émergence d’un sous-genre du film de kung-fu/action qui a fait fureur à Hong Kong à l’époque : le Girls with Guns (malgré son nom, la baston à mains nues est bien présente, rassurez-vous.) Cet article se veut complémentaire de celui sur les films de Jackie Chan. Il est temps que je vous parle d’autres films de baston hong-kongais de cette époque, mais sans Jackie cette fois.
Un sous-genre dédié aux vedettes féminines
PRÉSENTATION
Alors ça a commencé comment cette histoire de Girls with guns ? Eh bien sans parler des premières héroïnes des wu xia pian (films de sabre chinois) de la Shaw Brothers (Cheng Pei-Pei dans L’HIRONDELLE D’OR par exemple) qui feront l’objet d’autres articles, les femmes commencèrent à débarquer dans des films martiaux contemporains de type polar/action sous l’impulsion de Sammo Hung dont je parlais dans mon article sur son comparse Jackie Chan.
Vous avez tous surement déjà vu Sammo Hung, cet artiste martial bedonnant (mais qui bouge très bien pour sa corpulence !) C’était un réalisateur qui a renouvelé les genres du cinéma d’action hongkongais dans les années 80 (westerns chinois, kung-fu comédies, polars d’action.) Avant de produire des Girls with guns, il était d’ailleurs le chorégraphe d’une des premières figures de ces films : Angela Mao (mal connue chez nous, elle joue la sœur de Bruce Lee dans OPÉRATION DRAGON en 1973.)
Angela Mao dans des films peu connus chez nous
Le genre n’est pas sorti d’un coup de nulle part. Cela s’est fait progressivement. D’abord des actrices ont commencé à apparaitre en tant que seconds rôles dans des films policiers/ »actioner » plus masculins. Et c’est pourquoi on en verra quelques-uns dans ce dossier. Puis en parallèle certains cinéastes ont testé la température de l’eau en mettant en vedettes des actrices, pour voir s’il y avait un public..
Et curieusement à l’époque personne n’a râlé sur un quelconque caractère « woke » irréaliste du concept. Le genre a fonctionné à Hong Kong et personne ne s’est insurgé non plus en France. Et l’explication est simple : quand c’est fun, on s’en fout. Ce que les gens ne supportent plus aujourd’hui, c’est qu’on leur fasse la morale sans aucune subtilité dans des films qui se prennent très au sérieux. Les Girls with Guns n’établissaient pas de rapport de force entre les deux sexes. Ils ne dressaient pas un portrait spécialement négatif des hommes, ou du moins lorsque c’était le cas, c’était pour des raisons relatives à l’intrigue, et non pour promouvoir une idéologie politique. C’était juste des démonstrations de prouesses martiales ou de danse appliquées au cinéma d’action, et si une femme faisait des pirouettes classes, grosse surprise, personne ne s’en plaignait. Et en plus si elles étaient mignonnes, le public masculin avait encore moins de raison de râler.
De nombreuses actrices plus ou moins prolifiques
Mais évidemment, si la magie opère c’est parce que les acteurs et atrices donnent de leur personne. L’intérêt principal de ces films, c’est le spectacle, les prouesses humaines. C’est pourquoi ils sont tous filmés de manière à mettre en valeur les enchainements martiaux, les cascades, et aucun n’a recours au surdécoupage de l’action. On peut clairement voir que les comédiens sont entrainés. Sans doute que le genre n’aurait pas pris si aucune actrice ne pouvait lever la jambe.
Soyons clairs tout de même dès le début : vous ne trouverez pas de chefs d’œuvre dans ce genre de cinéma. C’est un type de cinéma d’exploitation très hongkongais s’adressant aux fans de kung fu et de cascades en tous genres. C’est du divertissement pur et dur, mais souvent généreux. Je vous propose donc de voir dans cette première partie 5 films montrant l’émergence et l’évolution de ce genre.
MY LUCKY STARS (LE FLIC DE HONG KONG) de Sammo Hung (1985)
En 1985, Sammo Hung réalise MY LUCKY STARS (LE FLIC DE HONG KONG chez nous), vendu en France comme un film de Jackie Chan alors qu’il apparait assez peu, et aux côtés de ses comparses de l’époque Sammo Hung et Yuen Biao. Ce film est techniquement le second volet de la saga LUCKY STARS réalisée par Sammo Hung, des comédies potaches mettant en scène des flics et des délinquants à la petite semaine (tous des guignols, mais costauds) qui se retrouvent mêlés à diverses affaires plus graves et doivent s’allier.
Une comédie potache peu subtile introduisant des rôles féminins
Dans ce second volet, deux policiers, Muscle (Jackie Chan) et Ricky (Yuen Biao), enquêtent sur une affaire de bijoux volés. Leur enquête les mène au Japon où Ricky se fait capturer par le gang des Ninjas. Muscle doit alors demander de l’aide auprès de ses anciens camarades de l’orphelinat (Sammo Hung et ses comparses toujours en quête d’un plan foireux.)
L’histoire est un prétexte à de la bagarre et des scènes de comédie (parfois lourdingues, on ne va pas se mentir, l’humour chinois n’étant pas très subtil.) Il faut aimer le genre. Mais toujours est-il que dans ce film, Sammo met en scène plusieurs scènes d’action entre filles comme lorsque Sibelle Hu (qui n’est pas une combattante mais une danseuse, mais le montage en donne l’illusion) affronte la japonaise bodybuildée Michiko Nishiwaki (cascadeuse et artiste martiale à la carrure mémorable, dont c’était ici le premier rôle au cinéma.)
Oups ! Y’en a une qui est passée à la salle de sport
Le film n’est pas un Girls with guns mais il fait partie de l’émergence de ce type de cinéma puisqu’on retrouvera Sibelle et Michiko dans d’autres films plus tard dans des rôles plus conséquents. Le film reste un bon moment de détente mais la comédie pourra en laisser certains sur le carreau, les protagonistes étant de gros gamins qui essaient de tripoter Sibelle Hu à la première occasion (un genre d’humour un peu dépassé aussi.)
A noter que la très célèbre Michelle Yeoh débutera aussi sa carrière sous la houlette de Sammo Hung dans le 3ème opus de la saga LUCKY STARS (appelé LE FLIC DE HONG KONG 2 chez nous) la même année, dans un tout petit rôle sans nom d’une instructrice de judo.
YES, MADAM (LE SENS DU DEVOIR 2) de Corey Yuen (1985)
Parallèlement, toujours en 1985, Sammo Hung produit un film réalisé par Corey Yuen : YES, MADAM (LE SENS DU DEVOIR 2.) Ne réfléchissez pas trop à la numérotation, le 2 a été réalisé avant le 1, c’est le bazar, c’est…c’est comme STAR WARS, voilà ! Sauf que là on s’en fiche, les films sont indépendants les uns des autres. Et c’est bien ce YES, MADAM sorti en 1985 qui est techniquement le premier Girls with Guns même si l’appellation n’existait pas encore.
Le pitch : YES, MADAM nous raconte l’histoire de deux policières aux méthodes musclées, l’une hong-kongaise (Michelle Yeoh), l’autre anglaise (Cynthia Rothrock) contraintes de coopérer pour récupérer une preuve qui permettrait d’arrêter Mr. Tin, un caïd intouchable. Mais cette preuve est involontairement dérobée par 3 escrocs minables qui volent des passeports pour les refourguer.
Déjà, autant prévenir tout de suite pour éviter de le répéter dans tous les films suivants : le scénario de ce type de production est souvent basique. Attention, je n’ai pas dit mauvais. Après tout, si on y réfléchit, un excellent film comme DIE HARD de John McTiernan a un scénario ultra simple : il y a une prise d’otages dans un immeuble, il faut libérer les otages. Point ! Mais évidemment ce qui fait la qualité du film c’est le suspense, les scènes d’action, les retournements de situation, etc. Tout ça pour dire que ce n’est pas la complexité d’une histoire qui fait un bon film d’action. C’est pourquoi je vais souvent m’attarder sur la qualité des scènes d’action ou du rythme.
Ce film marque l’arrivée de deux personnalités dans ce type de films : tout d’abord la plus singulière, Cynthia Rothrock, puisque c’est une américaine, mais au palmarès impressionnant. Détentrice de six ceintures noires en Tang Soo do, Taekwondo, Eagle Claw, Wushu, Northern Shaolin et Pai Lum Tao (des arts martiaux coréens et chinois, anciens et contemporains), elle a également été double championne du monde en Taekwondo (à mains nues et armée) de 1981 à 1985. Son record est resté inégalé depuis, et suite à son succès, elle décrocha un rôle (qui devait être masculin…mais sans doute a-t-elle impressionné les producteurs) dans un film hong-kongais. Si elle ne fait pas ses cascades elle-même (parce que se battre et sauter d’un toit, c’est pas le même délire), ses combats restent impressionnants.
Et bien sûr elle partage l’affiche avec une jeune Michelle Yeoh, qui débutait dans les arts martiaux mais s’impliquait beaucoup (une formation de danseuse l’a aidée dans son apprentissage.) Michelle est également complètement déchainée dans ce film et se la joue Jackie Chan en faisant un bon paquet de cascades elle-même.
Honnêtement, si l’histoire du film est plutôt sympa (malgré sa simplicité) et le final carrément génial avec des combats ébouriffants, le film souffre d’une partie comédie trop envahissante et lourdingue (les 3 escrocs sont les comiques du film, mais ils en font trop, notamment Tsui Hark, réalisateur légendaire mais casse-bonbons comme acteur.)
Un duo d’actrices de choc pour des scènes d’anthologies quelque peu plombées par les 3 Pieds nickelés
En fait, pour bien comprendre le ton des films de kung fu lorgnant vers la comédie si vous n’êtes pas habitués, c’est souvent un peu comme une comédie française de Louis de Funès avec du kung fu en plus. Ce n’est pas toujours subtil, il y a moult gags dont certains ne font pas mouche, et surtout ils reposent sur le cabotinage de certains acteurs. Sauf qu’on y perd beaucoup à la traduction quand il s’agit de films chinois. Il nous est par exemple impossible de rigoler de la façon dont un acteur va prononcer une phrase…parce qu’on ne comprend rien et on ne s’aperçoit de rien s’il prononce quelque chose de travers. Et ce ne sont pas les sous-titres qui se contentent d’aller à l’essentiel qui vont remédier à ça. Et je ne parle même pas des jeux de mots. C’est pourquoi je ne suis pas non plus trop sévère avec ces films dont la dimension comique est forcément filtrée par la barrière culturelle et linguistique.
Toujours est-il que ce film, aussi imparfait soit-il, propulsa les deux actrices au rang de stars.
SHANGHAÏ EXPRESS (1986) de Sammo Hung
Selon une interview de Cynthia Rothrock, elle venait de finir de tourner YES, MADAM quand elle décrocha un contrat chez Golden Harvest pour 3 autres films. Et 3 semaines plus tard, elle attaquait SHANGHAI EXPRESS sous la direction de Sammo Hung.
Ce dernier venait de terminer son 3ème LUCKY STARS (ça ne chômait pas à l’époque), et il lançait une plus grosse production prévue pour sortir pour le nouvel an chinois 1986 : SHANGHAÏ EXPRESS (aussi appelé MILLIONAIRE’S EXPRESS), sans doute un de ses meilleurs films. Rothrock y joue un des bandits aux côtés de Richard Norton, un autre acteur américain habitué aux productions hongkongaises.
Le pitch : dans les années 1920, Ching (Sammo Hung), un hors-la-loi, décide de se racheter une conduite (à sa façon) en faisant fructifier les affaires de son vieux village perdu dans le désert. Il va réaménager l’hôtel et va faire sauter la voie ferrée pour pousser les passagers d’un train à venir trouver le gîte et le couvert dans le village. Mais dans ce train, il y a aussi des japonais en possession d’une carte menant à un trésor national. Et des truands attendaient leur moment pour la leur piquer. L’attentat de Ching compromet leurs plans et ils vont devoir s’installer avec tout le monde dans le village.
Le reste du film est simple : pas mal de situations comiques improbables dans les chambres de l’hôtel entre les méchants qui espionnent et des maris qui trompent leur femme, et une grosse baston lorsque les truands décideront de passer à l’attaque et prendre le village en otage.
Cynthia Rothrock joue le rôle d’une des mercenaires aux ordres du grand patron et même si elle n’apparait pas longtemps, elle affronte Sammo Hung lors d’un sympathique duel. Mais elle n’est pas la seule nouvelle tête féminine dans ce film. Dans le rôle d’une samouraï, on trouve également la future star Yukari Oshima qui deviendra une autre vedette des Girls with Guns par la suite (parfois aussi connue sous le pseudo de Cynthia Luster.) Il s’agit ici de son second rôle au cinéma après une apparition en tant que Farrah Cat dans CHOUDENSHI BAIOMAN : THE MOVIE, film japonais adaptant la série de super sentaï BIOMAN.
Cynthia Rothrock et Yukari Oshima chacune dans leur 2ème film
SHANGHAÏ EXPRESS mérite d’être vu et j’étais obligé de le mentionner même s’il n’est pas un Girls with Guns. C’est un film très rythmé qui a l’allure d’une grosse production (environnements variés, costumes d’époque, un village entier comme terrain de jeu.) Le film bénéficie de beaux décors, d’une bonne ambiance de « western asiatique » dans ce village perdu, de beaucoup de stars de l’époque, de nombreux rebondissements et d’un humour efficace (si, si ! Il y a pas mal d’humour burlesque comme du temps du cinéma muet, dont il faut être client certes, mais qui est universel.) Si Sammo Hung et Yuen Biao sont les vedettes, le métrage contribuera à faire connaître ses stars féminines.
ROYAL WARRIORS (LE SENS DU DEVOIR) de David Chung (1986)
Voilà. Maintenant que certaines stars féminines ont été établies sur le marché au moyen de seconds rôles ou d’un pilier du genre qu’était YES, MADAM (aussi moyen soit-il), à présent on entre dans le vif du sujet avec des films dont les premiers rôles sont tenus par des femmes. En 1986, Michelle Yeoh reprend son rôle de flic de YES, MADAM dans ROYAL WARRIORS (qui sera ensuite déclaré premier opus de la saga LE SENS DU DEVOIR. Vous suivez ? Je ne sais pas si c’est pour le marché occidental que tout a été réorganisé comme ça mais c’est un vrai bazar.)
Le pitch : En stoppant l’évasion d’un prisonnier extradé en avion, l’officier de police Michelle Yip (Michelle Yeoh) et deux hommes qu’elle rencontre dans l’avion (un policier japonais et un agent de sécurité chinois) vont s’attirer la colère des frères d’armes de ces criminels. L’assassinat de la famille du japonais va déclencher une vendetta terrible.
On retrouve aux côtés de Michelle Yeoh un jeune Hiroyuki Sanada (SAN KU KAÏ, LES GUERRIERS DE L’APOCALYPSE, RING, etc.) dans le rôle du père en deuil bien énervé qui s’en sort pas mal aussi pour foutre des high kick dans la gueule des méchants, ainsi qu’un Michael Wong dans le rôle du beau gosse un peu idiot et maladroit. Il s’agit simplement d’une histoire de vengeance prétexte à des affrontements. Rien de déshonorant mais c’est tout de même le point faible du film.
Ne nous méprenons pas, le film est bon et se suit avec plaisir, mais j’expliquais plus haut qu’un bon film d’action tient à plusieurs choses et notamment la façon dont l’action est introduite pour servir l’intrigue, aussi simple soit-elle. Ici, c’est un peu trop l’intrigue au service de l’action. Par exemple, la première scène du film introduisant le personnage de Michelle Yip au Japon est un combat n’ayant aucun rapport avec le reste de l’histoire (ce ne sont même pas les complices du prisonnier extradé, non c’est juste qu’à Hong Kong, on présente les personnages en leur faisant tabasser des yakuzas qui passaient par là.) Par la suite, la police descend un criminel, les complices se vengent sur la famille d’un policier, et donc ce dernier se venge à son tour, etc. C’est un jeu de chassé croisé très rudimentaire. Un détail intéressant tout de même (et plutôt inhabituel) c’est de voir une telle loyauté chez les méchants du films, unis par un serment remontant à la guerre qui leur fait prendre très au sérieux leur mission vengeresse pour honorer leurs camarades.
Le premier Girls with Guns a prendre un virage plus intense et violent
Malgré ses défauts, ne boudons pas notre plaisir, l’action est très généreuse (cascades 100% réelles et dangereuses à bord de véhicules, gunfight et combats à mains nues impressionnants) et le ton plus violent et sombre qu’un YES, MADAM. On retiendra la scène du bar en milieu de métrage, joliment éclairée d’ailleurs (ah les néons colorés des années 80 !) où un tueur fait un véritable massacre avant d’affronter à mains nues Michelle et Hiroyuki.
C’est un film très divertissant orienté 100% action. Mais si on cherche un peu plus (pas du Shakespeare non plus, mais des twists surprenants ou des personnages attachants), il faudra attendre l’âge d’or du Girls with Guns. Le film est déjà plus constant qualitativement qu’un YES, MADAM (moins d’errements humoristiques et de baisses de rythme) mais il ne cherche absolument pas à surprendre par son scénario.
RIGHTING WRONGS (UNE FLIC DE CHOC) de Corey Yuen (1986)
Devenue une star à Hong Kong, Cynthia Rothrock partagera l’affiche avec Yuen Biao la même année dans RIGHTING WRONGS (UNE FLIC DE CHOC.) Certes, c’est plutôt Yuen Biao le personnage principal, mais sans doute était-il difficile de donner le rôle titre à une gweilo (une étrangère) qui ne maitrisait pas la langue locale. Le titre français laisse tout de même penser qu’elle a le premier rôle. Toujours est-il que cela reste un film important et surement le meilleur de la filmographie de Cynthia Rothrock (sans compter SHANGHAÏ EXPRESS où son rôle est mineur.)
L’histoire est celle d’un avocat (Yuen Biao) qui ne va plus supporter de voir la justice laisser filer certains truands pourris jusqu’à l’os, et va décider de se faire justice hors-tribunal la nuit en trucidant du gangster. Sa rage vengeresse va attirer l’attention de la police, et une femme flic (Cynthia Rothrock) va se mettre à le traquer. Evidemment à un certain moment, après un jeu du chat et de la souris, ils vont devoir s’allier pour affronter un plus gros poisson.
La formule est assez classique. Le scénario tient sur un timbre poste, mais l’idée de faire d’un des héros un justicier de type Daredevil (pour le côté avocat le jour, vengeur la nuit) ou Punisher (pour les méthodes létales) change un peu le schéma habituel. Le premier acte établit Yuen Biao et Cynthia Rothrock en rivaux avant que les circonstances plus graves les réunissent. De plus, comme ROYAL WARRIORS, le ton du film est plus sombre et impitoyable. Je ne spoile rien mais certaines personnages finissent très mal. Au point même que 2 montages du film existent, l’un plus sympa envers ses personnages et modifiant la fin. Il faut dire que la première version n’épargne pas grand monde. Mais c’est justement un atout du film, surtout si vous en avez un peu assez des rigolos des précédents films.
Un duo d’acteurs qui se partagent les moments de bravoure lors de combats généreux
L’intérêt du film, outre ses scènes d’action successives, réside dans certains rebondissements osés qu’on ne voit pas venir. On nous berne pas mal avec des personnages légers caricaturaux (le méchant qui ricane, le flic maladroit), pour finalement mieux les faire mourir sans pitié et laisser place à d’autres personnages (un vrai méchant sérieux et des héros très en colère.) Quant à l’action, il y en a. Et de la bonne ! Hélas on devine souvent la doublure de Cynthia Rothrock. Comme mentionné plus haut, Cynthia n’était pas cascadeuse, rien de honteux à cela, sauf que c’est parfois très mal fait (Yuen Biao fait parfois lui-même la doublure et sans même porter de perruque.) Si ça ne devait pas se remarquer sur une VHS à l’époque, l’ère du numérique ne fait pas de cadeau à ces trucages faits à l’arrache. Mais bon…ça ne ruine pas le film non plus.
ENTRACTE
Cynthia Rothrock tournera quelques autres films à Hong-Kong comme TOP SQUAD en 1988 (une sorte de POLICE ACADEMY) ou MAGIC CRYSTAL (qui flirte pas mal avec le nanar quand même) puis aura le mal du pays et retournera aux USA. Abonnée aux séries Z et nanars mal foutus made in USA, sa carrière ne décollera jamais. Si l’industrie du cinéma asiatique est douée pour faire des films efficaces avec de petits budgets (au détriment parfois de certaines mesures de sécurité, c’est vrai), ce n’est pas le cas des américains. En Amérique un petit réalisateur ne peut pas se payer un bon chorégraphe d’action s’il n’a pas un gros budget ou une super réputation. Leur industrie ne fonctionne juste pas de la même façon.
Quant à Michelle Yeoh, elle mettra sa carrière en pause avant de revenir en 1992 notamment dans le film POLICE STORY 3 : SUPERCOP de Jackie chan.
La scène d’action du jour : Cynthia Khan sur une ambulance
Mais si ces 2 actrices sont sur le départ à cette époque, et que le Girls with guns ne fait que commencer, qui donc assurera la relève ? Eh bien c’est ce que nous verrons dans la partie 2 de ce dossier. Nous verrons aussi que ROYAL WARRIORS et RIGHTING WRONGS étaient annonciateurs d’un changement de ton pour le Girls with Guns, jusqu’ici proche des comédies de kung fu de Jackie Chan ou Sammo Hung. Si ce genre là ne disparaitra jamais vraiment, vous verrez que les représentants majeurs du Girls with Guns à la fin des années 80/début 90 prendront une tournure plus dramatique et violente.
Les films disponibles à la vente sur le marché français :
-LE FLIC DE HONG KONG (DVD HK Video)
-LE SENS DU DEVOIR 1 et 2 (DVD HK Video)
-SHANGHAI EXPRESS (DVD HK Video)
-UNE FLIC DE CHOC (DVD HK Video, bientôt Blu-ray Le Chat qui fume)