Classic Monsters !
Compilation de dessins inspirés des Universal Monsters
Genre : Art populaire
Thème : Hommage au cinéma fantastique
Contenu : Photos et dessins
Tout a commencé comme ça…
En 1931, DRACULA, un film réalisé par Tod Browning (par ailleurs auteur du film culte FREAKS, LA MONSTRUEUSE PARADE, qui sortira l’année suivante), devient le premier film d’horreur parlant de l’histoire du cinéma.
Son gigantesque succès (on raconte qu’une somme de mille dollars était offerte à quiconque réussissait à regarder le film en entier, seul dans une salle du Chinese Theater à Hollywood, et que personne ne l’a gagnée ! Sacré coup de pub !) va avoir deux grandes répercutions. La première est que son acteur principal, le hongrois Béla Lugosi, devient instantanément une star d’un nouveau genre : Star de film d’horreur ! La seconde est que la mode du film d’horreur gothique, inspiré de la lointaine Europe de l’est, est lancée. C’est l’âge d’or du cinéma fantastique Hollywoodien, qui va durer plus de deux décennies. Le studio Universal, qui a produit notre DRACULA, va ainsi mettre en chantier une série de films axés sur les grandes figures de la littérature gothique, avec une esthétique flamboyante (en noir et blanc la quasi-totalité du temps), héritée de l’expressionnisme allemand qu’avaient généré les précédents grands représentant du genre au cinéma : Fritz Lang et Friedrich Wilhelm Murnau.
Dans un premier temps, chaque film mettra en vedette un « monstre » différent à chaque fois, avant que les producteurs commencent à céder à la tentation de les ressusciter (puisqu’ils trouvaient la mort à la fin de chaque film…), puis carrément à inventer le principe du « crossover » en les faisant se rencontrer de plus en plus souvent au fil du temps…
le Comte Dracula
Le Comte Dracula restera longtemps marqué dans l’inconscient collectif à travers l’image incarnée par le grand Béla Lugosi (elle sera ensuite relayée par celle du tout aussi grand Christopher Lee, qui reprendra le rôle à maintes reprises dans les années 60 – ou plus exactement de 1958 à 1974 -, alors que Lugosi ne l’aura techniquement incarné que deux fois !). Mon dessin ne cherche pas à ressembler à Béla Lugosi, mais il reprend son look de l’aristocrate poussiéreux venu de la lointaine Transylvanie, avec cheveux gominés, chemise à jabot et smoking « queue de pie ».
Tous les dessins de l’article seront en noir et blanc, puisque tous les films concernés l’étaient aussi.
Le deuxième, c’est lui !
C’est en cette même année 1931 que sort FRANKENSTEIN, réalisé par James Whale. Ce second film produit par la Universal consacre le genre et installe le cinéma fantastique sur un piédestal à Hollywood. C’est donc l’âge d’or du genre.
C’est aussi la révélation d’un autre grand acteur bombardé du jour au lendemain au rang des superstars du film d’horreur : Boris Karloff (en vérité il s’appelait William Henry Pratt, mais il décida que « Boris Karloff » sonnait drôlement plus gothique !). Karloff reprendra le rôle deux fois par la suite (d’abord dans le sublime LA FIANCÉE DE FRANKENSTEIN, toujours réalisé par James Whale, puis dans LE FILS DE FRANKENSTEIN, avant que le rôle ne soit repris, d’abord par Béla Lugosi, puis par Lon Chaney Jr, puis plus tard par… Christopher Lee !).
Dès que je pense « Frankenstein », l’image de Boris Karloff s’incarne dans mon esprit. Et je m’amuse beaucoup à exagérer tout ce que le maquillage du grand Jack Pierce (le maquilleur officiel des studios Universal !) avait déjà mis en valeur : Une taille de colosse désarticulé (rendue crédible grâce à d’énorme boots disproportionnés !), l’air hagard, un front interminable, des agrafes et des boulons sur la tête, des vêtements en haillons… en bref, toute une panoplie devenue un véritable archétype de carnaval !
Et voici le troisième luron !
Quand on parle du loup-garou, on en voit la queue ! Et c’est d’abord celle de Lon Chaney Jr, le troisième acteur emblématique de la série des Universal Monsters.
Il y avait déjà eu un premier film de loup-garou en 1933, WEREWOLF OF LONDON (LE MONSTRE DE LONDRES en VF), mais son succès très relatif avait échaudé le studio. Il fallut attendre 1941 pour que THE WOLF MAN, réalisé par George Waggner, remette cette troisième figure monstrueuse sur le devant de la scène et que le succès soit cette fois au rendez-vous.
Lon Chaney Jr était le fils de l’illustre Lon Chaney, grand acteur du cinéma muet, lui-même spécialisé dans le cinéma d’épouvante, malheureusement décédé prématurément (juste au moment du passage au cinéma parlant, alors qu’il devait incarner Dracula en 1931 !). Tout au long de sa carrière, Lon Chaney Jr souffrit de la comparaison avec son illustre géniteur et resta cantonné au cinéma horrifique puis, lorsque le genre déclina, à la série B…
C’est fort injuste car il fut un acteur de talent. Dans le film DES SOURIS ET DES HOMMES, réalisé par Lewis Milestone en 1939, il interprétait par exemple un rôle extrêmement convaincant d’ouvrier simplet. Il reprendra néanmoins son rôle de lycanthrope (appelé Larry Talbot lorsqu’il n’est pas transformé par la pleine lune) pour quatre suites (à chaque fois un crossover avec un ou plusieurs autres monstres du répertoire de la Universal), tout en interprétant, le temps de plusieurs autres films, le monstre de Frankenstein, donc, mais aussi la momie et le fils de Dracula !
Ici encore, l’idée n’est pas de représenter Lon Chaney Jr, mais plutôt l’archétype du loup-garou dans la version Universal, systématiquement grimé comme un homme poilu et pourvu de canines pointues, que comme un loup au sens premier…
Les vêtements déchirés et salis montrent à la fois les effets de la transformation de l’homme en monstre et la sauvagerie animale qu’il est soudain condamné à subir, victime de sa malédiction… Stan Lee & Jack Kirby se souviendront de ce processus lorsqu’ils inventeront l’Incroyable Hulk vingt ans plus tard…
Encore une malédiction…
Dans la foulée de DRACULA et FRANKENSTEIN, le studio Universal lance le tournage de LA MOMIE, réalisé en 1932 par Karl Freund. Boris Karloff et le maquilleur Jack Pierce se retrouvent pour cette nouvelle figure monstrueuse qui imposait à l’acteur tant et tant d’heures pour la pause de son maquillage… Malgré cette dure épreuve (raison pour laquelle le premier refusera peu à peu d’endosser ces costumes de monstre), les deux hommes développeront une amitié indéfectible.
Dès le troisième film de la série des momies (il y en aura six en tout, uniquement dédiés à cette figure-là), le rôle du monstre sera donc interprété par Lon Chaney Jr, à l’exception du dernier, DEUX NIGAUDS ET LA MOMIE, une parodie. Puis, en 1959, le rôle sera repris par… Christopher Lee, bien sûr !
Encore un archétype très rigolo à dessiner, avec sa stature de grand pantin se déplaçant tel un mannequin bridé par ses bandelettes ! Pourtant, dans le premier film de 1932, aucune scène de ce genre n’apparait sur l’écran. À l’exception de la scène d’ouverture, où l’on voit la momie « endormie » dans son sarcophage, les apparitions de Boris Karloff dans le reste du film le montrent dénué de bandelettes, vieillard ridé parlant de manière calme et… inquiétante. Il faut attendre les autres films pour que le monstre devienne peu à peu l’archétype en question, destinant par ailleurs le personnage (nommé Khalis à partir du second film), à n’être plus qu’un pantin errant, monstrueux, mais sans profondeur…
Le chant du cygle des Universal Monsters…
C’est en 1954 que le studio Universal sort son dernier monstre, une création originale (qui ne vient pas de la littérature) : La créature du lac noir !
Sorte de chainon manquant entre l’homme et le poisson, la bête est une survivante de la préhistoire vivant dans le fin-fond de l’Amazonie. On pense alors vaguement à King Kong, lui-même ayant jadis été l’archétype du monstre de la nature, dernier survivant d’une espèce disparue…
Chant du cygne de la série des Universal Monsters, qui périclitait déjà depuis une décennie, L’ÉTRANGE CRÉATURE DU LAC NOIR obtint un beau succès, notamment grâce au procédé de la 3D (et ses fameuses lunettes en carton avec une vitre rouge et une vitre bleue !). Le film engendra deux suites dans la deuxième moitié des années 50, la créature étant à chaque fois interprétée par des acteurs non crédités au générique…
À l’heure où s’écrivent ces lignes, notre créature n’est plus jamais apparue, depuis, dans l’histoire du cinéma.
Après cette série de trois films sur la Créature du lac noir, le studio Universal cesse de produire des films d’horreur à Hollywood et passe son flambeau à l’Angleterre. C’est là-bas, principalement sous la houlette du Studio Hammer, que la plupart de nos monstres vont revivre, cette fois en couleur. La Hammer mettra sur le devant de la scène le duo d’acteurs formés par Christopher Lee & Peter Cushing dans plus de la moitié des films dédiés à nos monstres préférés !
On opte ici pour une « version simple ». Mon dessin aurait pu être davantage détaillé et nuancé, mais l’idée, une fois encore, était d’aller à l’essentiel pour la réalisation d’une figure immédiatement identifiable tout en étant amusante sous une forme parodique.
Dans les films, notamment dans le premier de 1954 qui demeure le meilleur des trois, le monstre est à la fois très beau et très kitsch. Fascinant, et assez pathétique lorsqu’on le voit marcher, quasiment au ralenti, sous une musique tonitruante toute en emphase pompière…
Mais avant le fils, il y avait le père…
Et voici donc Lon Chaney, père de Lon Chaney Jr, qui interprétait en 1925 une célèbre version muette du FANTÔME DE L’OPÉRA. Bien que déjà produit au sein des studios Universal, cette version, probablement la meilleure tournée à ce jour d’après le roman de Gaston Leroux (si on écarte le PHANTOM OF PARADISE de Brian de Palma, qui n’en est pas directement une adaptation mais plutôt une variation), n’est pas considérée comme faisant partie de la série des Universal Monsters. C’est la version de 1943 (seul film en couleur de la série !), réalisée par Arthur Lubin, avec Claude Rains dans le rôle-titre, qui figure officiellement à cette place. Pourtant, le film muet est bien meilleur et l’incarnation de Lon Chaney bien plus horrifique de celle du pourtant très bon Claude Rains, qui avait interprété le rôle de L’HOMME INVISIBLE (!) dans le chef d’œuvre de James Whale tourné en 1933, également au sein du studio Universal.
Il y aura par la suite d’innombrables autres versions du FANTÔME DE L’OPÉRA (notons tout de même celle de la Hammer en 1962), mais aucune aussi emblématique que le film de 1925.
Voilà donc la raison pour laquelle j’ai choisi, une fois n’est pas coutume, de donner les traits de Lon Chaney à mon dessin ! Alors que, jamais, dans aucune version que ce soit, le « fantôme » n’a vraiment été un vrai fantôme, j’ai pourtant choisi ce « mix » entre le monstre interprété par Lon Chaney, et l’archétype du fantôme flottant dans son drap, un boulet aux pieds dont il est pourtant dépourvu ! Car ainsi, me suis-je dit, ceux qui ne reconnaissent pas l’acteur du film de 1925 peuvent quand même déduire de quel personnage il s’agit. Je me trompe peut-être. Mais bon, au pire je me comprends moi-même…
Ci dessus, de gauche à droite : La Créature du lac noir, Dracula, la Fiancée de Frankenstein, la Momie, le Monstre de Frankenstein, le Fantôme de l’Opéra (version 1943), le Loup-Garou et l’Homme Invisible…
Nous terminons sur la réunion des principales figures de la série des Universal Monsters. Il manque deux ou trois personnages à ma compilation de dessins. À voir si les y ajoute un de ces quatre…
That’s all, folks ! !