
* HOMME ET LOUP, JOUR ET NUIT présente *
– LE LOUP-GAROU DE LONDRES,
PAR JOHN LANDIS –
Chronique du film LE LOUP-GAROU DE LONDRES (AN AMERICAN WEREWOLF IN LONDON)
Rubrique HOMME ET LOUP, JOUR ET NUIT
Date de sortie du film : 1981
Durée : 97 minutes
Genre : Fantastique, horreur.
Réalisateur : John Landis

Cet article est inscrit dans le cycle dédié aux films de loup-garous que nous appelons HOMME ET LOUP, JOUR ET NUIT. Soit un sous-genre à part entière du cinéma fantastique et horrifique qui contient en son sein un panel assez conséquent de films importants.
Nous reviendrons de temps en temps vous présenter d’autres films de la rubrique. Mais chaque chose en son temps. Aujourd’hui, nous retournons en 1981 afin de remettre, sous la lumière de la pleine lune, cette histoire de deux copains qui partent sillonner la lande anglaise…
Pour entamer la lecture de l’article dans les meilleures dispositions, quoi de mieux que d’écouter la BO d’Elmer Bernstein en même temps…
Le pitch : David Kessler et Jack Goodman, deux jeunes gars de New-York, passent leurs vacances en Angleterre, où ils parcourent la campagne équipés d’un sac à dos. Par une nuit froide et brumeuse, alors qu’ils sont très mal accueillis par les habitants d’un patelin isolé qui les laissent errer dans la lande, ils sont attaqués par une sorte de loup enragé.
Jack ne survit pas au tragique événement, tandis que David finit par émerger d’une sorte de coma. Hospitalisé à Londres, il fait la connaissance d’Alex, une jeune et charmante infirmière qui lui propose de l’héberger chez elle.
Bientôt, Jack commence à faire d’étranges et terrifiants cauchemars, qui deviennent de plus en plus réels au fur et à mesure que l’on se rapproche de la prochaine pleine-lune…
Voici, il faut tout de même le savoir, LE film par lequel le clip THRILLER de Michael Jackson a vu le jour !
Mais commençons par une excellente nouvelle : Ce film d’horreur de 1981 a extrêmement bien vieilli !
Dans le fond, cette histoire de deux jeunes routards américains perdus dans la lande anglaise brumeuse est toujours aussi addictive ! Le spectateur de tout âge et de tout bord s’identifie immédiatement à ces deux braves gars qui se font attaquer par un loup-garou. Il se laisse naturellement embarquer par cette histoire simple et universelle, dans laquelle le survivant prend lentement conscience qu’il subit la malédiction des lycanthropes et doit vivre avec la peur de se transformer en monstre !
Dans la forme, le film bénéficie d’un délicieux équilibre entre la comédie, le drame et l’horreur. Cette alchimie en fait aujourd’hui encore un modèle d’écriture cinématographique. Ses dialogues sophistiqués, qui font la part-belle à une certaine forme d’humour “so british”, sont absolument géniaux et n’ont pas pris une ride.

Surtout, n’allez jamais seuls sur la lande !!! malheureux !!!
Le point culminant du film réside bien évidemment dans sa cultissime scène de transformation en pleine lumière, qui traumatisa toute une génération de cinéphiles exactement comme le fit à une autre époque les KING KONG par Willis O’brien et les 7° VOYAGE DE SINBAD par Ray Harryhausen.
Cette prouesse est l’œuvre de Rick Baker, génie absolu des effets spéciaux et des maquillages qui aura fini par gagner sa place parmi les plus grands magiciens de l’histoire du cinéma (il est le premier maquilleur au monde à avoir gagné un Oscar pour LE LOUP-GAROU DE LONDRES !). On l’aura vu à l’œuvre sur bien des projets (STAR WARS, bien sûr, ainsi que GREMLINS ou encore la trilogie MEN IN BLACK), mais il se sera démarqué sur deux grands thèmes du cinéma fantastique en particulier, à savoir celui des singes et, bien évidemment, celui des loup-garous !
Du côté des singes, on lui doit SCHLOCK (le premier film de… John Landis !), le KING KONG de 1976, GORILLES DANS LA BRUME, GREYSTOKE : LA LÉGENDE DE TARZAN, BIGFOOT ET LES HENDERSON, MON AMI JOE ou encore LA PLANÈTE DES SINGES version Tim Burton ! Du côté des loup-garous, on l’aura vu sur HURLEMENTSr, LE LOUP-GAROU DE LONDRES, le clip THRILLER, la série-TV WEREWOLF de 1987, WOLF (1994) et THE WOLFMAN (2010) ! Allez voir le superbe Musée de la Miniature à Lyon, rayon cinéma, et vous prendrez la mesure de son apport à l’industrie du 7° art !

Pourquoi le pauvre David fait-il autant de cauchemars ?
Pour le coup, la scène de transformation du LOUP-GAROU DE LONDRES, en particulier, a marqué l’histoire des effets spéciaux d’une pierre blanche. Et l’on est toujours aussi agréablement surpris de constater que, à l’ère des trucages numériques aux possibilités infinies, elle tienne toujours autant la route !
Nous pouvons la voir dans l’extrait ci-dessous, bien que ce soit déconseillé si vous n’avez jamais encore vu le film, afin de ne pas vous gacher le plaisir de la découvrir dans les meilleures conditions possibles…
La scène de transformation la plus célèbre de l’histoire du cinéma.
Le début des années 80 marque l’avènement d’une décennie exceptionnelle pour le cinéma d’Horreur et il met à l’honneur, entre autre, le sous-genre du film de loup-garou.
La seule année 1981 nous offre trois films emblématiques de la lycanthropie, avec WOLFEN, LE LOUP-GAROU DE LONDRES et HURLEMENTS. Et la série s’achève en beauté en 1984 avec LA COMPAGNIE DES LOUPS (et perdure même quelques années avec d’autres films mineurs, comme par exemple PEUR BLEUE, d’après Stephen King en 1985).
La grande nouveauté, alors que le genre cinématographique des lycanthropes s’était cantonné jusqu’ici à du folklore relativement inoffensif depuis l’âge d’or des studios Universal et les heures de gloire de la Hammer, aura été de rendre cette figure classique soudainement beaucoup plus dangereuse, effrayante et gore ! De ce point de vue, LE LOUP-GAROU DE LONDRES apporte clairement sa pierre à l’édifice en ménageant, entre deux scènes de fine comédie, quelques séquences horrifiques qui ne font pas dans la dentelle !

Hell in blood !
Le temps a soigné le film de John Landis, excellent cinéaste qui nous a livré une filmographie de genre assez restreinte mais souvent brillante. Entre THE BLUES BROTHERS (1978) et SÉRIE NOIRE POUR UNE NUIT BLANCHE (1985) -en passant par le clip THRILLER-, LE LOUP-GAROU DE LONDRES est assurément son meilleur film (il le préparait depuis 10 ans, il faut dire !) en même temps qu’il trône, tout aussi sûrement, au sommet du “genre loup-garou” au 7ème art. Un mélange magique et assez rare, faut-il encore le répéter, entre la comédie de mœurs et l’horreur consommée. Une alchimie rarement égalée où se mêlent le rire, l’effroi et la poésie, ainsi qu’une réflexion profonde sur la condition tragique qui mène à la perte de notre humanité lorsque nous perdons notre conscience. Effectivement, dans le film, la malédiction sauvage qui gagne le personnage principal s’apparente souvent à une maladie, qu’elle soit mentale ou de l’ordre de la contamination.
Le tout est enrobé d’une bande-son exceptionnelle, autant du côté du score envoûtant d’Elmer Bernstein (le bougre a beau être un vétéran, il est en pleine forme à cette époque, puisqu’il signe cette BO juste après celle de MÉTAL HURLANT, tout aussi incroyable malgré, à chaque fois, un nombre de thèmes très restreint !), que des chansons sélectionnées pour contrebalancer l’atmosphère horrifique du récit.
Il convient de noter que toutes les chansons choisies contiennent le mot “lune” (“moon”, donc) dans le titre, référence à la pleine lune qui fait les loup-garous, vous l’aurez évidemment compris…
On a donc BLUE MOON par Bobby Vinton, BAD MOON RISING par Creedence Clearwater Revival, ainsi que le sublime MOONDANCE de Van Morrison (MOONSHADOW par Cat Stevens et BLUE MOON par Bob Dylan étaient prévues, mais les intéressés ont refusé que leurs chansons soient utilisées pour le film…) !
MOONDANCE par Van Morrison, la plus belle chanson de l’histoire des loup-garous !!!
Comme nous l’avons évoqué plus haut, c’est en regardant ce film que Michael Jackson, traumatisé, eut l’idée de faire appel à John Landis pour lui réaliser le clip de sa chanson THRILLER. Nous vous en reparlerons dans l’article consacré !
See you soon !!!
