– BEETLEJUICE –
Chronique du film BEETLEJUICE
Réalisateur : Tim Burton
Date de sortie : 1988.
Genre : Fantastique, horreur, comédie.
Souvenez-vous du temps des VHS !
Le pitch : Adam et Barbara Maitland, deux jeunes mariés adorables, profitent de leur tout aussi adorable maison de banlieue aisée dans le Connecticut. Ils sont néanmoins victimes d’un stupide accident de voiture !
De retour dans leur maison, alors qu’ils sont attaqués par une sorte de ver géant dès qu’ils essaient d’en ressortir, ils comprennent qu’ils sont morts !
Lorsqu’une famille – très bobo – rachète leur maison et que ses membres et leurs invités se révèlent insupportables (notamment à cause de leurs gouts douteux pour la décoration d’intérieur !), Adam et Barbara tentent de les faire fuir en les hantant, puisqu’ils sont devenus des fantômes. Mais aucun de leurs efforts ne porte ses fruits, excepté sur Lydia, l’adolescente de la famille, jeune gothique marginale qui est la seule à les apercevoir !
Poussés à bout par cette famille infernale, ils tombent alors sur une publicité pour les morts qui les met sur la piste d’un certain Beetlejuice, un soi-disant bio-exorciste dont la spécialité est de terroriser les nouveaux habitants gênants. Hélas, lorsque nos deux tourtereaux trépassés font appel à ce fantôme professionnel (en ayant prononcé trois fois le nom Beetlejuice (ne le faites jamais !)), il s’aperçoivent rapidement qu’ils n’ont affaire qu’à un escroc, qui va se révéler bien plus embarrassant que tous les autres intrus réunis…
De l’horreur pour rigoler !
Tim Burton réalise BEETLEJUICE en 1988. C’est son deuxième long métrage, après PEE WEE’S BIG ADVENTURE (1985) et juste avant BATMAN (1989).
Voici la première œuvre séminale du « style Tim Burton » (si l’on excepte ses courts métrages de jeunesse, VINCENT et FRANKENWEENIE en particulier), qui dévoilait soudain un univers unique, sorte de mélange entre une galerie gothique tout droit sortie d’une fête d’Halloween, de poésie lunaire un peu adolescente et de références à un cinéma de série B.
Certaines des thématiques récurrentes et autres parti-pris esthétiques du réalisateur sont instantanément présents : Les morts qui côtoient les vivants, les divers motifs visuels (carrelages en damier noir et blanc, habits à rayures, spirale), les perspectives déformées surréalistes, la demeure isolée du reste de la ville (souvent un manoir sur une colline), le pont en forme de passage (symbole de l’entre-deux mondes), et surtout deux quasi-invariables : La figure du marginal, ici interprétée par la jeune Winona Ryder, qui incarne le stéréotype de l’adolescente gothique aux yeux cernés de noir, fascinée par le monde des morts ; et la musique de Danny Elfman, aux accents étranges et joyeusement lugubres, comme si on était à la fête des sorcières !
La scène totalement loufoque de la hantise sur fond de calypso !
Ici, pas question de faire peur. Toute cette imagerie macabre et perverse (le personnage de Beetlejuice est un immonde vicelard écœurant !) n’est qu’un prétexte pour rire de la mort et des peurs enfantines, exactement comme à la fête d’Halloween dans le contexte moderne des pays anglo-saxons.
Puisque le film est un hallucinant cocktail de délire surréaliste, Burton profite de cette liberté d’expression pour rendre hommage aux œuvres de Ray Harryhausen en privilégiant les effets spéciaux « image par image » à l’ancienne, insistant lourdement et volontairement sur leur côté factice (les spectateurs prétendant que tout cela est « mal fait » seraient bien entendu complètement à côté de la plaque…).
Dans un ordre d’idées similaire qui consiste à citer les « anciens », le réalisateur rend également un hommage appuyé au chanteur Harry Bellafonte et au Calypso, genre musical complètement tombé dans l’oubli, mais très à la mode dans les années 60 !
Les meilleurs passages du film : le la salle d’attente des morts !
Avec BEETLEJUICE, Tim Burton s’impose dès lors comme un auteur amoureux de la mythologie populaire et des « oubliés » de cette contre-culture, ainsi que de la magie de l’enfance et des délires de geeks, à fond avec les marginaux… Derrière son apparente innocence et sa forme incongrue de bizarrerie cinématographique, BEETLEJUICE est pourtant un authentique film d’auteur !
Mention spéciale à l’acteur Michael Keaton, qui interprète une ordure attachante unique en son genre (Beetlejuice, c’est lui). Il donne ainsi la réplique aux jeunes Winona Ryder, Alec Baldwin et Geena Davis. À noter également la présence de Jeffrey Jones, l’un des acteurs récurrents de la filmographie burtonienne.
Il fut un temps où l’on se réunissait entre copains, la plupart du temps le samedi soir, pour se faire ce que l’on appelait des « soirées VHS ». On allait alors louer des films, de préférence des comédies ou des films d’horreur, que l’on se passait pour rigoler ou pour frissoner ensemble. BEETLEJUICE avait cette qualité d’être une comédie horrifique, où l’on pouvait faire les deux. Pour cette raison et pour beaucoup d’autres, il est aujourd’hui devenu l’un des films culte de cette génération VHS.
Il connaitra une suite (très) tardive en 2024, intitulée BEETLEJUICE BEETLEJUICE, toujours réalisée par Tim Burton, avec quelques acteurs du premier film, dont Wynona Rider et Michael Keaton. Un retour ma foi assez jouissif !
Une nouvelle icone pour la culture geek !
That’s all folks !!!