INSTRUMENTS DU MONDE : L’ERHU

Focus sur un instrument de musique oriental : l’erhu

Aujourd’hui dans la rubrique musique, nous vous proposons un petit focus rapide sur un instrument insolite des contrées éloignées de L’Orient : L’erhu.

L’erhu est un instrument de musique à cordes frottées. Apparu en Chine au XVIII^e siècle, il appartient à la famille des huqin (胡琴), les instruments à cordes d’origine « barbare ». En effet, l’erhu tient son nom du chinois  二, « deux », (parce qu’il a 2 cordes), et 胡, « barbare » car on suppose son origine en Asie centrale ou en Mongolie (issus de peuples jugés barbares à l’époque.) En tous cas les ancêtres de l’instrument pourraient être le xiqin introduit en Chine au X^e siècle, et il existe des instruments mongols très proches, comme le morin khuur et l’igil.

L’erhu (ou plus probablement le Xiqin) dans une peinture bouddhiste des grottes de Yulin (source : wikipedia)

L’erhu est composé d’une caisse de résonance ouverte au dos et recouverte d’une peau de serpent à l’avant. Un manche en bois sort verticalement du dessus de la caisse, et deux grosses chevilles relient les deux cordes (ré et la) au bas de la caisse. Il existe des erhus de plus ou moins bonne qualité et il paraitrait même qu’avec le temps, la peau de serpent se détend un peu et le son de l’instrument change, devenant plus doux.

Contrairement à un instrument comme le violon, l’archet est coincé entre les cordes et reste toujours en bas près de la caisse de résonnance. Il sert à faire vibrer les cordes. Les notes sont composées non seulement en déplaçant l’archet mais aussi en l’écartant de la caisse pour tendre davantage le crin, tout en manipulant les cordes avec les doigts.

L’erhu d’aujourd’hui (source : wikipedia)

Mais le but de l’article n’est pas de vous reformuler la page Wikipédia dédiée à l’instrument. Mais aussi de vous faire découvrir des musiques, et dans quel film vous avez peut-être même déjà entendu un erhu.

Nous avons parlé récemment du film TIGRE ET DRAGON dans cet article sur le wu-xia pian. Eh bien sachez que dans la bande originale du film par le compositeur Tan Dun, on entend à plusieurs reprises un erhu. Le morceau le plus mémorable est sans doute YEARNING OF THE SWORD où on entend l’instrument presque pleurer dans les tons graves ou imiter un chant féminin dans les aigus. On entend l’erhu intervenir précisément à la 28^ème seconde puis jouer la mélodie en alternance avec le violoncelle .

YEARNING OF THE SWORD, par Tan Dun

Plus en retrait cette fois, l’erhu accompagne aussi la mélodie de FAREWELL tiré de la même bande originale, en arrière plan, comme un chant mélancolique.

FAREWELL de Tan Dun

Bien sûr, une autre musique qui a été pour beaucoup une introduction à l’erhu dans nos contrées (suite là encore à l’ouverture à l’occident des films de fantasy chinois), ça a été LOVERS (ou FLOWER GARDEN) composée par Shigeru Umebayashi pour le film LE SECRET DES POIGNARDS VOLANTS de Zhang Yimou, un autre wu-xia-pian sorti chez nous après le succès de TIGRE ET DRAGON.

LOVERS de Shigeru Umebayashi

On trouve également beaucoup d’artistes sur Internet, la plupart du temps asiatiques (l’erhu n’étant pas super répandu chez nous), qui composent des morceaux originaux ou font des reprises de musiques célèbres à l’erhu. C’est le cas de la musicienne coréenne Luyifei sur sa chaine youtube « ERHU ARTIST LUYIFEI ». Voir une de ses vidéos permettra de mieux appréhender comment se joue cet instrument insolite.

Elle reprend régulièrement des musiques de films d’Asie, l’erhu faisant après tout partie de l’histoire de la musique asiatique et par conséquent plus propice à jouer des mélodies conçues pour lui ou des instruments proches. Ici une reprise instrumentale de la chanson ENDLESS LOVE de la compositrice coréenne Kim Hee-sun initialement écrite et chantée par…Jackie Chan pour le film THE MYTH.

On a aussi des artistes occidentaux qui se font une spécialité de reprendre des thèmes de films célèbres (et pas forcément d’Asie) à l’erhu, comme Eliott Tordo, artiste grenoblois (cororico !), qui s’est lancé là dedans justement après avoir entendu LOVERS de Shigeru Umebayashi. Ses vidéo sont parfois un peu trop accompagnées du reste de l’orchestre à mon goût (ou disons que l’orchestre est un peu trop fort) et j’ai tendance à préférer celles dans lesquelles on perçoit bien l’erhu. Tout d’abord écoutons le jouer THE LOVERS justement :

Ensuite, par curiosité, voyons ce que donne des thèmes musicaux de films occidentaux qui n’ont pas été pensés pour un tel instrument.

On garde les reprises les plus improbables pour la fin, après avoir présenté des thèmes originaux et quelques reprises qui fonctionnent bien. Toujours notre artiste national Eliott s’est lancé le défi de jouer ACROSS THE STARS de John Williams (ah quand même !) tiré de STAR WARS L’ATTAQUE DES CLONES. De son propre aveu, ce n’est pas du tout un thème écrit pour un erhu et c’était très difficile. Le résultat en est d’autant plus bluffant car très joli, même si je ne suis pas certain qu’elle fonctionnerait dans le film en lui-même, les sonorités étant tellement éloignées du reste des thèmes de John Williams. Ou alors il faut refaire toute la BO à l’erhu. Allez hop !

Ce sera tout pour aujourd’hui. En espérant que votre curiosité aura été piquée et que vous aurez découvert un nouvel instrument qui vous plaît.