NOSFERATU & HUTCH !
– LES ADAPTATIONS DE STEPHEN KING :
LES VAMPIRES DE SALEM –
Voir l’article introductif sur les principaux thèmes de Stephen King
Chronique du film : LES VAMPIRES DE SALEM (SALEM’S LOT)
Date de sortie : 1979
Durée : 184 minutes
Réalisateur : Tobe Hooper
Genre : Fantastique, Horreur
Dans la seconde partie de l’article, vous trouverez en Bonus la chronique du film LES ENFANTS DE SALEM (A RETURN TO SALEM’S LOT), la suite des VAMPIRE DE SALEM réalisée en 1987 (un pur nanar).

Le pitch : L’écrivain Ben Mears est de retour à Jerusalem’s Lot, sa ville natale, dans le Maine. Il compte écrire un roman autour de la maison des Marsden, un vieux manoir abandonné, isolé sur la colline qui surplombe la ville. Mais il apprend que la maison vient d’être vendue par un promoteur à deux étrangers : Richard Straker & Kurt Barlow, des antiquaires.
Lorsqu’il était enfant, Ben était entré dans la maison alors qu’elle était encore habitée par ses propriétaires. Et il avait assisté, par un incroyable concours de circonstances, à la mort de ces derniers. Comme pour exorciser ses vieux démons, Ben entreprend l’écriture de son roman afin de tirer un trait définitif avec ces douloureux souvenirs.
Peu à peu, tandis que le mystérieux Kurt Barlow n’a pas encore fait son apparition, certains enfants de Jerusalem’s Lot commencent à disparaitre dans des conditions étranges. Le mal serait-il de retour à Marsden House ?

Flegme anglais Vs coolitude. Un très beau casting.
LES VAMPIRES DE SALEM (SALEM’S LOT en VO) a connu à ce jour trois adaptations. Soit deux téléfilms fleuves, le premier datant de 1979, et le second de 2004, tous-deux initialement diffusés en deux parties, ainsi qu’un long métrage sorti en 2024 sur la plateforme de vidéo à la demande Max.
Cette première version est réalisée par un Tobe Hooper encore auréolé de son MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE. Le cinéaste s’implique pleinement dans une transposition du roman très ambitieuse, tandis que ses deux stars, James Mason et David Soul (notre « Hutch » bien aimé !), nous offrent une interprétation très solide, secondés par toute une équipe de seconds couteaux qui nous rappellent toute une époque (comme Geoffrey Lewis, Elisha Cook Jr. ou George Dzundza).
Hélas, au départ prévue pour durer quatre heures, cette adaptation est réduite à une durée de 184 minutes, souffrant au final d’un montage donnant au spectateur la sensation qu’il manque quand même un « petit quelque chose ». Elle vient ainsi s’ajouter à la longue liste de films coupés au montage, dont on fantasme éternellement les director’s cut qui ne verront jamais le jour, en rêvant d’une version idéale…
Sans doute très effrayante lors de sa première diffusion, notamment grâce au savoir-faire de son réalisateur rompu aux films d’horreur, ainsi qu’à des maquillages et des effets horrifiques saisissants (qui seront d’ailleurs copiés dans les adaptations suivantes), cette « mini-série » souffre désormais du poids de l’âge et affiche une patine kitsch qui risque de déplaire aux jeunes générations.

L’enfant vampire. Monstre ou victime ?
Pour autant, cette première version demeure relativement fidèle au roman et elle bénéficia à l’époque de l’adoubement de Stephen King, l’élevant au rang des meilleures adaptations des œuvres de l’écrivain.
Replacé dans son contexte, le film est effectivement très honorable et se regarde avec plaisir, arborant de nombreuses qualités, notamment dans l’écriture et le développement des personnages. Bien qu’il y manque un certain nombre d’éléments en provenance du livre (notamment tous les souvenirs d’enfance de Ben Mears), il bénéficie d’une production ample (décors impressionnants pour les intérieurs de Marsden House, BO de grande qualité signée Harry Sukman) qui lui permit d’ailleurs d’être diffusé dans les salles de cinéma (notamment en France), hélas dans une version tronquée de 112 minutes assez calamiteuse, qui resta la seule visible jusqu’à la sortie du DVD en 2007, offrant au film la mauvaise réputation qu’il ne méritait pas !
Les nombreux personnages secondaires, tous interprétés par de formidables acteurs à trogne, font tout le sel de cette première adaptation puisqu’ils permettent de multiplier les fils du récit. La première moitié de la mini-série (qui est plutôt un téléfilm en deux parties) prend ainsi les atours d’un film-choral, lequel prend tout le temps qu’il faut pour développer l’intrigue. Voilà qui est essentiel pour exposer le thème principal du récit imaginé par Stephen King, où l’équilibre social de cette petite ville s’est ratatiné avec le temps. Car tous ses habitants se sont repliés sur eux-mêmes, aveugles à tous les maux qui se sont répandus peu à peu dans tous les recoins de leur bourgade. Ainsi, la maléfique Marsden House, terreau de l’horreur séminale que tout le monde tente d’oublier (Hubert Marsden y séquestrait apparemment des enfants), répandra le mal sur une ville peu à peu gangrénée de l’intérieur. Soit une parabole pour exprimer les maux de nos sociétés occidentales, notamment lorsque les valeurs humaines élémentaires (comme l’entraide et la protection du plus faible) sont abandonnées par la communauté, qui préfère se réfugier dans la cécité, l’ignorance et la lâcheté résignée.
Quant au personnage de Mark Petrie, il permet par ailleurs de tisser la métaphore de l’un des autres thèmes favoris de l’écrivain, à savoir le passage de l’enfance à l’âge adulte. En effet, ce jeune adolescent qui collectionne moult affiches et figurines tirées des films d’horreur, va devoir troquer tous ces éléments de fiction pour une réalité bien plus horrifique, et laisser au final son innocence derrière lui…
Bref, beaucoup de qualités pour cette première version, que de nombreux amateurs d’horreur n’ont pas su voir en se focalisant sur l’aspect télévisuel vieillot un poil apathique de l’ensemble. C’est bien dommage.

L’un des thèmes favoris de Stephen King : la maison maudite !
Pour l’essentiel, LES VAMPIRES DE SALEM version 1979 demeure un modèle pérenne puisqu’il va initier le principe des mini-séries télévisées, servant de terrain idéal aux adaptations des plus longs romans de Stephen King. Un modèle toujours utilisé de nos jours.
Pour terminer, notons une curiosité : Kurt Barlow, le fameux seigneur des vampires venu en ville pour transformer tous ses habitants en goules sanguinaires (interprété par Reggie Nalder, un acteur au physique étrange, habitué aux rôles de méchants) évoque très fortement le NOSFERATU de Friedrich Wilhelm Murnau réalisé en 1925. Muet et grimé de la même manière (soit un choix incongru puisqu’il arbore des incisives pointues en lieu et place des canines, contrairement à ses victimes !), il rend un hommage évident à la première adaptation officieuse du DRACULA de Bram Stocker. Un concept qui sera repris à l’identique dans la troisième adaptation de SALEM, réalisée en 2024.
Un résumé d’époque qui n’avait pas peur de spoiler !!!
Bonus :
– LES ENFANTS DE SALEM –
Date de sortie : 1987
Durée : 101 minutes
Réalisateur : Larry Cohen
Genre : Fantastique, Horreur, pur nanar

Le pitch : L’anthropologiste Joe Weber, humaniste comme une truelle, retourne à Salem’s Lot, ville de son enfance. Il est accompagné d’un insupportable fils en pleine crise d’adolescence qu’il n’a jamais élevé. Tous deux découvrent que cette petite ville du Maine est désormais peuplée de vampires. Puisque Weber est un modèle d’intégrité (je plaisante), les vampires, rusés comme des chauves-souris, lui demandent d’écrire leur histoire. Dans un premier temps, le placide Weber, qui envoie des bourre-pif à tous ceux qui croisent son chemin, accepte la proposition. Mais il change d’avis lorsque son insupportable gamin lui avoue qu’il a décidé de se joindre à toute cette communauté de joyeuses goules, qui préfèrent par ailleurs vampiriser des vaches endormies que des humains innocents (!). C’est alors que Weber rencontre le chasseur de nazis Van Meer, qui arrive également à Salem’s Lot et qui, ça tombe bien, n’a pas peur des vampires…
LES ENFANTS DE SALEM (A RETURN TO SALEM’S LOT) est un film réalisé en 1987 par Larry Cohen. Il s’agit de la suite du film précédent (qui était en fait une mini-série TV, rappelons-le).
Bien que présenté dans les adaptations officielles des œuvres de Stephen King, il ne reprend en rien les lignes d’une quelconque création du King, et ne peut prétendre au titre d’adaptation de manière directe.
Il ne s’agit que de la suite du film de Hooper, et cette suite ne reprend les éléments du roman de Stephen King que comme point de départ.
Stephen King n’est donc nullement responsable de ce fiasco…

Wow, passionnant…
Car LES ENFANTS DE SALEM est un navet de première bourre. Une fiente. Un reliquat du cinéma d’horreur 80’s ni fait ni à faire. Et allez savoir pourquoi le réalisateur Samuel Fuller est venu ici jouer les chasseurs de nazis qui chassent les vampires ! Et en plus c’est un film de cinéma, alors que le précédent n’était qu’un téléfilm !
Des nanars, j’en ai vu tant et plus, et j’adore ça. Surtout en ce qui concerne les films fantastiques en général et les films d’horreur en particulier qui, lorsqu’ils sont ratés, ont souvent le mérite d’être drôles. Mais celui-ci n’est même pas drôle. Il n’est d’ailleurs ni effrayant, ni glauque, ni dérangeant, ni beau plastiquement, ni quoique ce soit (les effets spéciaux et autres maquillages horrifiques sont pathétiques). Il est juste nul. Et les incohérences abondent d’une ligne à l’autre de manière ostentatoire. Exemple : Van Meer, miraud comme une taupe, perd ses lunettes et ne peut ainsi plus conduire sa bagnole. Il est alors invité par Weber et ils se font copains pour attaquer les vampires à deux. Immédiatement après, lorsqu’ils partent à l’attaque, Van Meer conduit sa bagnole sans lunettes et sans soucis…
Des personnages têtes à claque, un héros à gerber, des vampires enfants, papis et mamies ridicules, des seconds rôles honteux. Direct poubelle… Et dire qu’il en existe encore pour dire que le film précédent est un navet…
Alors ? Y a-t-il encore quelqu’un, dans l’assemblée, qui regrette que cet extrait de film n’ait toujours pas été édité en DVD sous nos latitudes ?
Même le trailer, de 40 secondes à peine, est chiant !
That’s all, folks !!!
Max? C’est quoi ça encore ? Encore une plateforme de streaming que je connais pas. Bientôt il y aura un film par plateforme et faudra payer un abonnement par film^^
Bref.
Wow, adoubé par King ? Bon…en vrai je sais pas si c’est un gage de qualité vu que les trucs qu’il réalisait lui-même c’était pas franchement terrible voire bien raté (mais bon…un écrivain n’est pas forcément qualifié pour être un bon réal de cinéma.)
Je n’ai vu aucune adaptation de cette histoire. Je vais me regarder celle là je pense.
Kitsch ? Oui j’imagine. Après, il y a aussi des concepts et des idées qui ont fait leur temps et qui fonctionnent mieux en ayant un patte « old school ». Je ne suis pas certain que reprendre le concept de la ville envahie par des vampires (idée datant même des EC comics) sonne aussi juste en 2024. Mais j’irai voir ce que tu dis de la dernière adaptation. ça semble désuet de toutes façons aujourd’hui. Et un habillage old school, n’est-ce pas mieux pour ça ? Et ils ne savent pas toujours imiter ce style old school (ou ne cherchent même pas à le faire parfois.) Certains épisodes de CREEPSHOW sont chouettes parce que justement ils ont une esthétique old school (plus ou moins réussie selon les épisodes.) ça ne marcherait pas avec un habillage moderne.
Le BONUS : euh…merci pour le bonus. Vu la chroniques, on va dire que ça sert d’avertissement pour ne pas perdre 1h30^^.
Ma version préférée est la seconde (celle de 2004). C’est la plus complète et elle est bien faite à part le rôle de Rutger Hauer qui est raté. Si tu me demandes d’en choisir une, c’est celle-là que je te conseille.
Je me suis peut-être mal exprimé, mais dans la version 2024, il n’y a pas de patine old-school. le film fait très moderne. C’est juste le récit qui est délocalisé dans les années 60. C’est dans le fond que ça remonte le temps, pas dans la forme. Mais ça « excuse » les personnages dans le sens où à cette époque la perception de la figure du vampire était encore naïve et classique.
Je comprends. Disons que ça semble au moins limiter la casse le contexte années 60^^
Je vais regarder les 2 versions je pense, mais faire l’impasse sur la 2024.