
LE CONAN SHOW !
Chronique des films et séries CONAN LE DESTRUCTEUR, KALIDOR, CONAN L’AVENTURIER, CONAN, CONAN LE BARBARE (reboot)
Années : 1984, 1985, 1992/1993, 1997/1998, 2011
Durées : 1h43, 1h29, 65×25 mn, 22×43 mn, 1h52
Genre : Fantasy, Aventures, Fantastique.
Niveaux d’appréciation :– À goûter
– À déguster
– À savourer

Autres fantaisies !
Cet article portera sur les films et les séries qui ont suivi la première adaptation de CONAN LE BARBARE au cinéma.
Le film de John Milius, réalisé en 1982, a effectivement connu deux rejetons : Une vraie suite en 1984 et une fausse en 1985.
Ensuite, dans les années 90, nous avons eu droit à une série animée de 65 épisodes (CONAN L’AVENTURIER) et une série live de 22 épisodes (CONAN).
Au cinéma, enfin, un reboot est sorti en 2011.
Nous allons revenir sur chacune de ces itérations tout en regrettant, à chaque fois, le chef d’œuvre de John Milius…
Au menu :
- CONAN LE DESTRUCTEUR
- KALIDOR
- CONAN L’AVENTURIER – LA SÉRIE ANIMÉE
- CONAN – LA SÉRIE TV
- CONAN LE BARBARE – 2011


La blagounette…
CONAN LE DESTRUCTEUR – 
CONAN THE DESTROYER – 1984
Le pitch : Une méchante reine nommée Taramis capture Conan et son comparse Malak. Depuis la cité de Shadizar, sous la promesse de ressusciter son grand amour Valeria, Taramis oblige Conan à escorter la princesse Jehnna dans les terres barbares, afin de récupérer la corne du dieu Dagoth. Car la prophétie a prédit que seule une vierge portant la marque sur sa chair pourrait poser sa main sur la chose…
Taramis espère ainsi régner sur le monde, à la droite du Grand Ancien…
Une introduction pleine de promesses…
Le seul point commun entre CONAN LE DESTRUCTEUR et le premier film réalisé deux ans plus tôt par John Milius, en plus d’être produit par Dino De Laurentiis, c’est la présence d’Arnold Schwarzenegger et de Mako (son ami sorcier et chroniqueur) devant la caméra, ainsi que celle du compositeur Basil Poledouris à la bande son. Pour le reste, cette suite est une série B potache, un “divertissement amusant”, impossible à mettre dans la continuité du premier film. Des fans ont clamé que cette séquelle était beaucoup plus fidèle aux nouvelles de Robert E. Howard. Bon… On va les laisser s’extasier sur ces questions de fidélité contractuelle…
Que les deux acteurs rescapés du premier film n’arrêtent pas de faire les pitres et de sortir des blagues en dit long sur le traitement de cette suite à la ramasse ! En effet, à la dramaturgie tragique du script de Milius, Dino De Laurentiis semble cette fois avoir préféré une ambiance détendue…
Pourtant, le choix de Richard Fleischer comme réalisateur avait de quoi émerveiller les cinéphiles : Lorsque John Milius s’attela au chantier de CONAN LE BARBARE, il proclama haut et fort que son modèle cinématographique était le film LES VIKINGS de… Richard Fleischer ! Cette référence n’étant pas tombée dans l’oreille d’un sourd, c’est tout naturellement que De Laurentiis fit appel au vétéran pour la réalisation de la suite. Hélas, le réalisateur de 20 000 LIEUES SOUS LES MERS ne réalisa pas le miracle attendu, loin s’en faut !

À la tienne, Étienne !!!
La première moitié du film est franchement sauvable. La bobine est bien troussée, bien rythmée, les images sont aujourd’hui encore étonnamment belles et développent un imaginaire de fantasy bien plus féérique que celui de la version Milius. Toute la séquence du “chateau de cristal” offre à ce titre une très excitante illustration de cet âge hyborien teinté de magie et de créatures mythologiques dans une version proche de la préhistoire.
Le film bénéficiait au départ d’un script de Roy Thomas, le scénariste qui avait popularisé le personnage dans les comics tout au long des années 70 (voir article détaillé ici et là). Mais celui-ci n’avait pas prévu que cette histoire de dieu maléfique revenu sur terre pour asservir l’humanité se transformerait en “déconnade” et il fut d’ailleurs viré en cours de production…
La première partie avec ses très beaux paysages et la scène du château de cristal sont donc aujourd’hui tout ce qu’il y a à sauver de cette suite laborieuse, tant la seconde, inepte, paresseuse, naviguant à vue, remplie de scènes répétitives et de blagues en-dessous de la ceinture, nous plonge dans l’ennui et le malaise. Même Poledouris, qui avait conçu la bande-son ultime pour le premier film et qui livre ici quelques beaux restes, ne réussit pas à sauver les meubles. C’est dommage car, l’espace de quelques séquences, on reconnait les influences de certaines histoires classiques de Conan le barbare que Thomas avait déjà adapté en BD, comme LE RENDEZ-VOUS DES BANDITS (et son prêtre rouge) ou encore LA MAIN DE NERGAL…

Décors et effets spéciaux magnifiques pour film blagueur…
Faisons le pari que cette semi-catastrophe incombe principalement au producteur Dino De Laurentiis qui, dans les années 80, était peu à peu devenu le spécialiste des adaptations inénarrables (FLASH GORDON ?) et des suites pathétiques (KING KONG 2 ?). Et bien oui, dans la conception d’un film, toute la différence se situe dans le cahier des charges. Dès qu’un producteur met un peu trop le nez dedans, c’est le début de la fin. Vous le savez bien : le film doit être tout public, il doit comporter des passages amusants, d’autres romantiques, etc. CONAN LE BARBARE était un film de réalisateur. CONAN LE DESTRUCTEUR sera un film de producteur…

LA MAIN DE NERGAL, DAGON… Cherchez la référence !
Lorsque je revois le film aujourd’hui, je suis toujours étonné de la rupture de ton qu’il oppose à celui de John Milius : Conan est d’emblée flanqué d’un sidekick à la noix nommé Malak, qui sort d’on ne sait où (incarné par Tracey Walter, Bob le bras droit du Joker dans le BATMAN de tim Burton). Ce dernier est censé être drôle, car il est pleutre et lâche. Que fiche donc notre barbare avec un tel boulet ? Malak ne pense qu’à une chose : s’envoyer la cauchemardesque Zoula (interprétée par la cauchemardesque Grace Jones). Pendant ce temps, la princesse Jehnna ne pense qu’à se faire déflorer par le beau Conan (qui ne s’intéresse plus au beau sexe depuis la mort de Valéria, sa promise morte qu’il continue à considérer comme sa promise, même morte…). Tout cela est parfaitement naturel me direz-vous. Oui, peut-être, sauf que le scénario focalise sur toutes ces allusions salaces au détriment de toute intrigue, et que les blagues de cul finissent par l’emporter sur les tenants et les aboutissants du récit, qui s’achève pourtant par la venue d’un dieu horrifique tout droit sorti d’une nouvelle de H. P. Lovecraft (Dagoth, qu’il s’appelle, et le connaisseur de reconnaître Dagon, la mythique divinité lovecraftienne) !
Ah-la-laaa… La réunion au cinéma de Robert E. Howard et H. P. Lovecraft, les deux amis légendaires des pulps Weird Tales… L’idée (probablement émise par Roy Thomas, d’après LA MAIN DE NERGAL, histoire inachevée de Robert Howard) était géniale. Mais bon, après le renvoi de Thomas, Dino De Laurentiis et son scénariste définitif Stanley Mann ont manifestement préféré les blagues à Toto…

Purée ! Qu’est-ce qu’on se marre ici !
Avec le recul, CONAN LE DESTRUCTEUR est une suite que les amoureux du premier film préfèrent oublier (enfin… en vérité on le regarde en sifflant, tout en faisant comme s’il n’existait pas)…
Objectivement et au vu de tout ce qui a été fait par la suite au niveau des adaptations de Conan au cinéma ou à la télé, on reste quand même dans le haut du panier, c’est pour dire… À l’époque, n’empêche, le film eut suffisamment de succès pour que la même équipe mette en boîte, l’année suivante, un troisième film dont on va parler maintenant tout de suite…


Gland spectacle…
KALIDOR – 
RED SONJA – 1985
Le pitch : La méchante reine Gedren (il n’y a que des méchantes reines ici !) est vraiment très méchante : Elle décime donc toute la famille de Sonja (renommée Sonia dans la VF), afin de dérober un puissant talisman qui lui permettra de conquérir le monde (les méchantes reines veulent TOUJOURS conquérir le monde). C’est sans compter sur Sonja, qui a juré de se venger et qui part immédiatement sur les traces de la reine maléfique. En chemin, elle rencontre un enfant-prince accompagné de son tuteur-esclave, ainsi qu’un mystérieux guerrier très musclé nommé Kalidor. Ensemble, ils vont affronter la méchante reine et son armée…
L’art de la bande-annonce qui compile les meilleures séquences.
Ce troisième film devait bien entendu être, au départ, la suite des précédents. Le projet a dévié pour plusieurs raisons parfois obscures et, à l’arrivée, le personnage de Conan est rebaptisé Kalidor, tandis qu’Arnold Schwarzenegger garde quand même le rôle.
Pourtant crédité entant qu’acteur principal (voir l’affiche !), il joue pour le coup un rôle relativement secondaire. Il y a pas mal de légendes urbaines qui circulent à propos de sa participation à cette vraie-fausse suite. D’un côté, on dit que l’acteur aurait été déçu de l’orientation faiblarde du projet et s’en serait éloigné en cours de route, forçant la production à renoncer à faire du film le troisième opus de la série des CONAN. Mais d’autres rumeurs prétendent aussi qu’il aurait tout simplement refusé le rôle. Ainsi, la production se serait rabattu sur le titre RED SONJA. Dino De Laurentiis aurait alors tendu un “piège” à Schwarzy, l’invitant à faire un caméo dans le film, le retenant à bouffer et boire pendant le tournage (le laissant également se taper l’actrice principale juste avant qu’elle devienne “Mme Stallone”…), pour finalement lui faire tourner le plus de scènes possibles, toutes les garder pour le montage, et bricoler un scénario afin qu’il soit mis en avant au maximum et qu’on puisse le mettre en tête d’affiche !
Le personnage de Red Sonja (Sonia la rousse en VF !) était à la base une autre création de l’écrivain Robert E. Howard, mais elle n’avait aucun rapport avec l’univers de Conan. C’est Roy Thomas, encore lui (le scénariste des 70’s dont nous avons parlé plus haut), qui a transposé Red Sonja dans l’âge Hyboréen lorsqu’il développait ses séries de comics dédiées à Conan le barbare. Mais à l’origine, il s’agissait d’un personnage secondaire (Sonya de Rogatino), une femme mystérieuse apparaissant dans une unique nouvelle, L’OMBRE DU VAUTOUR (THE SHADOW OF THE VULTURE), dont l’action se situait dans l’Europe du XVIème siècle.

Y-a deux/trois décors jolis…
Sur la fiche technique de KALIDOR, il y a de quoi réussir un grand film d’Héroic Fantasy, avec des décors majestueux (la plupart du temps des maquettes et de très belles peintures sur verre) et la musique d’un autre maestro puisque Basil Poledouris est carrément remplacé par le grand Ennio Morricone.
Le casting est relativement sympathique, notamment du côté des méchants, puisqu’il recycle des acteurs de la saga INDIANA JONES. On reconnait donc Ronald Lacey, l’affreux nazi des AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE, ainsi que Pat Roach, le colossal mécanicien chauve du premier film et le tout aussi colossal indien de la mine du second (il interprète aussi un figurant sur le troisième, on l’avait vu l’année précédente dans la peau du sorcier Toth-Amon dans CONAN LE DESTRUCTEUR et on le verra incarner le Général Kael dans un autre film de fantasy : WILLOW) ! Il y a aussi Sandahl Bergman, la Valéria du 1° CONAN, qui devait intialement interpréter le rôle principal mais qui insista pour avoir celui de la méchante reine afin d’élargir son jeu…
Côté direction artistique, on a le top de l’orfèvrerie de Cinecitta avec un chef opérateur de premier ordre, Giuseppe Rotunno, ainsi que Danilo Donati aux décors et aux costumes, soit deux habitués du cinéma de Fellini et de Visconti, entre autres. Et on a enfin le grand Richard Fleischer à la mise en scène.
Pourtant, à l’arrivée, KALIDOR est un navet absolu. Alors diantre, pourquoi ?

Ronald, Pat, Sandhal et cette chère Brigitte…
En fait, dans KALIDOR, il n’y a ni mise en scène, ni scénario !
Il est bien triste de regarder le film sur sa forme en pensant que c’est le même homme derrière la caméra qui nous a livré LES VIKINGS, 20 000 LIEUES SOUS LES MERS et SOLEIL VERT des années plus tôt. Il ne reste rien du talent de ce grand réalisateur sur l’écran. Hormis quelques scènes d’exposition filmées en plan large, toutes les autres sont cadrées en plans rapprochés (pour masquer le manque de figurants), sans raccords, sans point de vue et sans idées. Les acteurs entrent dans le champ de la caméra, récitent leur texte, se battent, puis tout est mis bout-à-bout au moment du montage. Le degré zéro de la mise en scène ! Fleischer n’avait déjà pas tiré son épingle du jeu dans CONAN LE DESTRUCTEUR, mais ici il réalise un travail pathétique et il l’avouera d’ailleurs en interview, en tout cas il regrettera d’avoir accepté un projet aussi mal fagotté.
Le scénario ? Y-en a pas. Au-delà de cette histoire miteuse de reine méchante voulant conquérir le monde, le spectateur ne comprend pas un instant comment elle s’y prend ni comment évolue ce monde antédiluvien. Voilà donc qu’un prologue nous raconte que la vilaine a massacré tout le monde mais pas sa pire ennemie, qu’elle a laissée pour morte (et violée). Quant à l’approche mythologique et la toile de fond, ça passe aux oubliettes : on nous parle tout le long de royaumes gigantesques, tandis qu’on a l’impression de franchir quelques jardins et de contempler à chaque fois des lieux désertiques, peuplés par dix personnes au maximum ! Par exemple, lorsque le royaume du prince Tarn (le petit asiatique insupportable qui fait du karaté, probablement intégré dans le script pour faire comme dans INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT) est soi-disant détruit par les innombrables armées de la reine méchante, on ne nous montre rien d’autres que les ruines d’une petite salle de trône grande comme mon garage dans laquelle ne restent que le petit prince et son esclave… Où sont les ruines du gigantesque royaume détruit ? Où sont les milliers de morts ? Où sont les innombrables armées ? Pourquoi ne voit-on que DEUX personnes ? Serions-nous face à une pièce de théâtre ? Nous serions-nous trompés de salle ? Bref… Très vite, les péripéties s’echaînent avec répétition et l’ennui s’installe durablement. Il n’y a pas d’histoire et on tourne en rond. Où sont passés ces contes et légendes que nous étions venu voir ?

Quand nos quatre héros (dont un enfant) déciment à eux-seuls les innombrables armées de méchants…
Comme avec CONAN LE DESTRUCTEUR, De Laurentiis et ses sbires nous refont le coup de la rigolade et, puisque les héros sont au nombre de deux, les voilà flanqués de DEUX sidekicks pour le prix d’un (le mioche et puis son esclave qui lui met des fessées quand il fait des caprices) ! Et c’est ainsi que, bien qu’ils ne soient que quatre, nos héros viennent à bout de l’armée entière de la méchante reine Gedren. Ah, oui, c’est vrai, on vient de me rappeler que l’armée en question n’était composée que de dix personnes planquées dans une grotte en guise de royaume imprenable…
Reste la nostalgie… Les spectateurs ayant découvert le film lors de sa sortie le regarderont avec tendresse et un plaisir teinté de culpabilité… À l’époque, je me souviens d’une bande annonce magnifique, faisant miroiter un film épique d’une ambition démesurée ! Évidemment, il s’agissait d’un montage n’ayant gardé que les quelques scènes spectaculaires ! C’est ainsi que les rares, les infimes, les précieuses images impressionnantes du film (avec ses superbes peintures sur verre) furent toutes balancées dans la bande-annonce, qui était par ailleurs diffusée au son de la magnifique musique du CHOC DES TITANS, un autre film féérique tourné trois ans plus tôt !
KALIDOR sonnera le glas de la franchise et les adaptations de Robert E Howard au cinéma stopperont brutalement. Avec le recul, il parait évident que, encore une fois, le producteur Dino De Laurentiis, spécialiste de plus en plus pingre de navets aux airs de grandes productions, ait été l’architecte de cette déchéance. Il suffit de regarder de près la fiche technique pour avoir une petite idée de ce qui s’est passé : La moitié au moins du staff est italienne. Le producteur voulant réaliser des économies de bout de chiffon, il délocalisait de plus en plus ses productions en Italie et sacrifiait le budget à une certaine forme de “système D”, qui échouera l’année suivante sur l’édifiant KING KONG 2 !

Ah Brigitte, Brigitte…
Un dernier mot sur l’actrice principale : J’ai longtemps pensé que les critiques avaient la dent dure avec la pauvre Brigitte Nielsen, que je trouvais pour ma part non seulement très belle, mais aussi assez charismatique. Jusqu’à ce que je tombe un jour sur le film en VO. C’est là que j’ai saisi l’ampleur de la catastrophe : Si effectivement, en VF, la performance de la dame a été revue et corrigée par l’excellent doublage d’Evelyn Séléna, son jeu en VO est incontestablement édifiant d’inexpressivité béate !
Et pourtant, malgré tous ces défauts rédhibitoires faisant sombrer l’entreprise dans le domaine du nanar, KALIDOR et le savoir-faire de ses artisans du 7ème art, même bourrés, est encore miraculeusement sauvable aujourd’hui et reste lui aussi accroché dans le haut du panier. Pourquoi ? Et bien attendez la suite…
(À l’heure où s’écrivent ces lignes, un reboot intitué RED SONJA est sur le point de sortir. Un film produit par Courtney Solomon, réalisateur du pathétique DONJONS & DRAGON de 2000. Outch…)


Conan pour les enfants ?
CONAN L’AVENTURIER (LA SÉRIE ANIMÉE) –
/
CONAN : THE ADVENTURER – 1992/1993
Le pitch : Dans un village de Cimmérie, la famille du jeune Conan est transformée en statues de pierre par Iramon, le sorcier suprême de Stygie, qui convoite son épée, forgée à partir d’un minerai venu des étoiles, dont le rayonnement permet d’ouvrir le portail interdimensionnel. Iramon désire ainsi délivrer son maître, le dieu-serpent Seth, enfermé dans les Abysses depuis des siècles. Mais Conan parvient à s’enfuir avec l’épée.
En cherchant le moyen de libérer ses parents du maléfice, Conan découvre que le métal-étoile se met à scintiller dès que les hommes-serpents (les sbires d’Iramon) sont à proximité et qu’ils sont renvoyés dans les Abysses au premier contact de sa lame.
Au cours de sa quête, Conan va peu à peu s’entourer d’un groupe de compagnons intrépides, lesquels possèdent également des armes forgées en métal-étoile…
Quand Bernard Minet assure le générique, vous avez le droit de vous boucher les oreilles !
Je me sens presque hors-sujet en plaçant ici cette version animée du début des années 90. En effet, bien qu’il s’agisse-là d’une adaptation officielle de l’œuvre de Robert E. Howard, nous sommes face à une relecture à destination des enfants et, de fait, on ne peut lui reprocher toutes ses naïvetés et autres choix édulcorés puisqu’ils sont logiques dans la perspective de faire découvrir cet univers à un tout jeune public.
Ne me sentant pas du tout le cœur de cible de cette version animée, je me tiendrai donc à distance de toute critique à charge et autres méchancetés.
Cette production franco-canado-américaine possède tout de même un sérieux pédigrée puisqu’elle a été conçue par les deux grands faiseurs de séries animées françaises de notre enfance, à savoir Jean Chalopin et Bernard Deyriès, les créateurs d’ULYSSE 31, de L’INSPECTEUR GADGET et des MYSTÉRIEUSES CITÉS D’OR !
Cette série restitue par ailleurs l’essentiel de la mythologie Hyborienne créée jadis par Howard, avec ses personnages (on en retouve pas mal), ses divinités, ses créatures (hommes-serpents en particulier), ses cités et autres contrées mythiques. Nul doute que les auteurs se sont sérieusement penchés sur la carte d’Hyboria dessinée par Howard lui-même et sur chacune de ses nouvelles.

Version édulcorée
Malgré ce que j’ai pu lire à droite et à gauche, cette série ne s’adresse pas aux adultes et il vaut mieux l’avoir vu dans sa jeunesse (ce qui n’est pas mon cas) pour l’aborder avec la nostalgie de circonstance (je ne suis pas allé au bout des 65 épisodes). Dans son genre, il s’agit d’une série d’animation old-school de bonne qualité, bien écrite et bien rythmée, mais elle demeure objectivement trop enfantine pour entrer dans le canon d’une adaptation dont le matériau originel, sous la plume de Robert E. Howard, alliait violence, noirceur, érotisme, souffre et pessimisme sans la moindre concession manichéenne. Ainsi, par exemple, les auteurs de la série imaginent cette idée des armes forgées dans le métal-étoile (qui rappelle fortement les glaives elfiques qui, dans l’œuvre de Tolkien, brillaient à l’approche de l’ennemi) afin d’éviter la censure puisque les armes en question envoient les méchants dans les abysses au moindre contact, sans la plus infime effusion de sang !
Au final, voici une relecture édulcorée du monde de Conan, idéale pour le faire découvrir à un jeune public, mais réellement trop enfantine pour l’adulte venu y chercher la mythologie poisseuse, baignée dans la chair et le sang, des nouvelles de l’écrivain texan.


Recette aux endives…
CONAN – 1997/1998 – 
Ici tout commence dès le générique, le même à chaque épisode (il y en a 22). Celui-ci nous refait un peu l’introduction du film de milius avec sa voix-off, mais dans une version bling-bling. Il s’achève avec ces mots : “Son destin fut de libérer les oprimés, et de devenir roi, par la seule force de ses muscles : Conan”.
En une minute à peine, le spectateur est déjà au parfum : Cette nouvelle adaptation imposera bientôt toute sa splendeur, sa grande classe et son infime subtilité. Évidemment je déconne car, en vérité, rien qu’avec la bande-son qui tambourine de manière tonitruante au son d’un synthétiseur Bontempi notre esprit déjà engourdi par le défilé de ces images édifiantes, on sait que cette nouvelle version TV n’aura pas les moyens de ses ambitions…
La grande classe…
Certains spectateurs, probablement les mêmes que l’on entendra plus tard encenser le film de 2011, nous ont pourtant repassé la chanson habituelle : “Ouiiii mais-patati, c’est vachement plus fidèle que le film de Milius, et mais-patata c’est vachement plus fidèle”… D’accord, alors faisons ça. Soyons fidèles : On prend des passages des nouvelles d’Howard, on les file à un chaudronnier pour la réalisation, un vendeur de voitures pour le scénario, un professeur d’italien ou une caissière à Auchan pour la musique ; on produit le tout avec l’argent de la tombola, on engage deux endives pour jouer les rôles principaux, on demande à l’informaticien de l’école maternelle du coin de faire les FX et puis, ben… comme on a repris les passages du bouquin, forcément ce sera un chef d’œuvre !
“- Ah non patati ??? c’est pas comme ça que ça se passe en vrai patata ?
– Tu m’étonnes, John” !
Une fois encore, bien évidemment, cette litanie qui voudrait qu’une adaptation littérale sera forcément meilleure qu’une adaptation tranchée est parfaitement stérile et c’est du côté des talents engagés qu’il faut plutôt regarder. Et du résultat, accessoirement…

Ah.
Côté interprétation, si l’on excepte Jeremy Kemp qui nous campe l’odieux sorcier, Vernon Wells qui surjoue comme à son habitude les méchants hallucinés (mais en pire encore (si, si)), ou Mickey Rooney qui vient payer sa retraite dans le premier épisode pour cinq secondes à l’écran, c’est quand même pas très pro… Ralph Moeller, tiens, lui qui interprète carrément Conan, est parait-il un pote de Schwarzenegger et, accessoirement, un autre Mr Univers, mais en plus doté de mensurations hallucinantes (1m97). Et son jeu d’acteur ? Et son fasciès de poulet roti ? Qui s’en soucie ? Paraitrait qu’on l’a choisi pour la continuité avec le Conan de Schwarzy (ils sont tous les deux d’origine teutone) et, d’ailleurs, lorsque le double-épisode pilote de la série a été vendu comme un téléfilm en DVD, les éditeurs l’ont rebaptisé CONAN LE CONQUÉRANT (à la place du titre initial LE CŒUR DE L’ÉLÉPHANT) en jouant sur l’idée qu’il s’agissait-là, enfin, du troisième film de la saga après CONAN LE BARBARE et CONAN LE DESTRUCTEUR !
Et quid du reste du casting ? On a trois sidekicks qui accompagnent le héros dans la plupart des combats et qui assurent le volet déconnade, soit un nain (avec la voix de Bugs Bunny !), un chauve muet et un rastaman chaud-patate. Et puis on a tout un tas de gonzesses de type AMOUR, GLOIRE ET BEAUTÉ, interchangeables mais différentes à chaque fois, souvent plusieurs par épisode, qui roulent des yeux en salivant dès qu’elles tombent sur la musculature du héros (qui se balade quasiment tout le temps à poil) et qui ont probablement été choppées par le chef-casting à leur sortie du tournage pour des pubs de dentifrice…
Figurez-vous qu’en ayant cherché un peu sur le net, je suis tombé sur quelques critiques et autres forums où des fans autoproclamés de Howard assuraient avec le plus grand sérieux qu’il s’agissait-là de la meilleure version de Conan, notamment en parlant de Ralph Moeller ! Purée, les gars ? les gaaars !!! Avez-vous déjà vu de VRAIS acteurs ? Avez-vous déjà regardé des reportages sur ce métier quand même assez balèze et sûrement pas accessible au premier venu ? Non parce qu’à côté de Ralph Moeller, Brigitte Nielsen (qui devait quand même bénéficier d’un directeur de casting autrement plus compétent sur une grande production comme KALIDOR), c’est l’oscar de la meilleure actrice, quoi…

De haut en bas : Les sidekicks mdr, les méchants, les dindes…
Côté production, on remarquera le nom de Roy Thomas (toujours lui !), probablement intégré au générique afin de valider le projet…
Reste que, en regardant cette série tel un reader-digest de fantasy dans la lignée des XENA LA GUERRIÈRE, HERCULES ou autre HIGHLANDER de la même décennie, au second degré de préférence comme on regarde bien évidemment un bon nanar, la chose demeure incontestablement divertissante. Il y a un je ne sais quoi de générosité naïve dans ce type de production, qui ne recule jamais devant rien lorsqu’il s’agit de nous faire mater des acteurs en costumes bling-bling, des monstres en images de synthèse baveuse et des décors exotiques en carton. Et on se laisse prendre par la main, à son propre étonnement, jusqu’à la fin de la saison.
Si on a rien de mieux à foutre, bien évidemment…
À l’époque où ça passait à la télé, je trouvais ça pourri et je zappais systématiquement au bout de deux secondes. À présent que j’aime bien me passer de temps en temps un bon vieux nanar, ma foi, je trouve toujours ça pourri mais, d’un autre côté, je trouve aussi que ce n’est pas pire que les bisseries italiennes qui jouaient les faux Conan et qui pululaient dans la décennie précédente…

CONAN – 
CONAN THE BARBARIAN- 2011
Le pitch : Le peuple de Conan a été massacré (chanson désormais connue) par les hordes du sorcier Khalar Zym, qui tente de réunir les pièces du masque d’Acheron afin de dominer le monde. Vingt ans plus tard, nous retrouvons Conan, devenu un guerrier barbare redoutable, sur le point de se venger de l’odieux sorcier qui s’apprête toujours à conquérir le monde…

Videogame
Z’avez vu la longueur de mon résumé ? Voilà : le pitch du film tient sur le dos d’un timbre-poste. Pour le reste, circulez, y-a rien à voir, allez hop ! Fin de la critique.
Non ? Faut développer ?
Bon, alors disons que le film de Marcus Nispel possède quelques belles images. Et encore, on ne peut qu’être déçu si l’on a vu avant celles de PATHFINDER – LE SANG DU GUERRIER, le précédent film du réalisateur. Si ce galop d’essai n’était pas lui non plus renversant, faute également à un scénario inexistant, il déroulait des tableaux stupéfiants, tout droit issus de l’imagerie du grand Frank Frazetta. Le CONAN version 2011 ne lui emprunte malheureusement pas grand chose. Les paysages sont très beaux et, dans la seconde partie, les décors virtuels montrant les forteresses légendaires de L’âge Hyborien sont très jolis. Mais il ne reste rien de l’atmosphère glauque et angoissante du CONAN originel.

Tout ce qu’il y a à sauver du film…
Lorsqu’on remet les nouvelles de Howard dans leur contexte, on est saisis par son univers : Le bonhomme est tout simplement l’inventeur de l’Héroic Fantasy dans sa forme moderne. Le premier récit dédié au personnage de Conan parait en 1932. En 1929 déjà, Howard a publié LA GESTE DE KING KULL, une version archaïque de Conan se déroulant dans la même mythologie. Par comparaison, J.R.R. Tolkien écrit BILBO LE HOBBIT en 1937 et LE SEIGNEUR DES ANNEAUX est publié en 1954.
Howard, écrivain professionnel dès l’âge de 19 ans, avait immédiatement saisi cette notion de mythologie. L’Âge Hyborien, dans lequel évolue le personnage de Conan, se situe entre la préhistoire et l’essor des anciennes civilisations connues, comme la Mésopotamie Sumérienne et l’Égypte antique. Une première note d’intention qui prouve la richesse et l’ambition du travail de l’écrivain ! Il y développe tout un monde cohérent, avec son Histoire, sa géographie, sa faune et sa flore, ses populations ethniques et ses religions. Un passé imaginaire rendu paradoxalement crédible. Qu’en fait le film de Nispel ?
Rien.
Dès que l’on entame la lecture de la première histoire dédiée à Conan (lire pour cela la collection de l’éditeur Bragelonne en trois tomes, qui compile enfin toutes les nouvelles de l’écrivain et de lui seul, dans l’ordre initial de leur publication dans le pulp Weird Tales), Howard donne le ton : Une écriture racée merveilleusement imagée, un rythme d’enfer, une ambiance unique. Il y règne un mélange fascinant de ténèbres vénéneuses et d’héroïsme barbare, inhérentes à cet âge oublié où l’homme sort de la préhistoire, le tout saupoudré d’un zest d’érotisme. Conan y est décrit comme “un guerrier né, géant féroce, indomptable, ignorant la peur (…). Il a des muscles puissants, de larges épaules, une poitrine de taureau. Sa crinière noire coupée au carré retombe sur ses épaules. Ses yeux d’un bleu d’acier flamboient”. Tous les fans autoproclamés qui crient depuis des lustres que les adaptations de Frazetta, Buscema et Milius n’ont jamais illustré une version fidèle de cette description sont quand même d’une étonnante mauvaise foi.
Et donc, v’là-t-il pas que ces fans ont défendu ce reboot de 2011, qui soi-disant était bien plus fidèle que la version Milius… Sans déconner ? que reste-t-il de l’atmosphère crasseuse et vénéneuse des écrits d’Howard dans le film de Marcus Nispel ? Qu’apporte ce film lisse et impersonnel à la foisonnante et viscérale mythologie hyborienne ?

Io ! Jah rasta farai !!!
Le scénario (rédigé consécutivement par cinq professionnels !), première catastrophe d’une série interminable, est le principal gadin de cette entreprise crasse : d’une banalité affligeante, sans toile de fond, il nous balance à la va-comme-je-te-pousse une suite de péripéties linéaires et ennuyeuses, des combats inoffensifs renforcés à coup de giclures de sang virtuel en CGI (effets numériques sur fond vert), une dramaturgie minable (une demi-heure sur l’enfance d’un Conan arrogant et tête à claque, pleine de blabla, qui fait pitié en comparaison des dix minutes de l’ouverture du film originel, quasiment muettes et cathartiques !), le tout mené par des acteurs possédant le charisme d’une huitre, semblant sortir de six mois de vacances en Jamaïque… Je me suis décarcassé, dans cet article, pour essayer de démontrer à quel point le scénario du film de John Milius était profond et à quel point il parvenait davantage à extirper la subsantifique moelle du CONAN originel.
C’est ainsi que les premières minutes de ce reboot nous mettent mal à l’aise. Tout ce qu’il ne faut pas faire, le film le fait : Commencer quasiment par la même scène que celui de Milius, sans jamais être à la hauteur, ni dans l’écriture, ni dans la mise en scène ne serait-ce qu’un demi-seconde. Sur cinq scénaristes, pas un n’est parvenu à trouver une idée à lui, plutôt que de pomper sans la moindre inspiration l’intro du film de 1982. Pathétique. Nous trousser une histoire de méchant à la recherche d’un puzzle pour dominer le monde, dont le père de Conan possède la dernière pièce : on se croirait dans la série animée des années 90…
Bien que ce ne fût pas gagné d’avance, on était en droit d’attendre une version du personnage en 2011 grandiose et inédite, un spectacle jamais vu auparavant, avec un vrai souffle épique, tel que LE SEIGNEUR DES ANNEAUX de Peter Jackson, voire la série GAME OF THRONES, dont la première saison apparaissait au même moment sur le petit écran, avait su l’être (ce qui était le cas du film de Milius en 1982). Au contraire, le CONAN nouvelle version sent le vu et le re-re-vu de la première à la dernière seconde. De clichés éculés en dialogues insipides, jamais il n’élève le débat ni ne surprend. Jamais il ne retrouve l’ambiance des nouvelles d’Howard, leur charme vénéneux, leur atmosphère glauque et leur barbarie angoissante. Un pur produit commercial pour spectateur décérébré, un jeu-vidéo de vitrine sur grand écran, un film lisse comme un galet parmi d’autres, dont on oublie la totalité des scènes dès le début du générique final.

Le pire dès le début...
La sentence ma paraît sans appel : Ce lamentable navet a immédiatement rejoint les oubliettes pour aterrir dans les bacs à soldes entre LES BARBARIANS de Ruggero Deodato et le premier DONJONS & DRAGONS de Courtney Solomon. Pauvre Marcus Nispel, qui ne se remettra jamais de ce projet lui ayant complètement échappé, tant il fut drivé à l’aveuglette par une bande de producteurs véreux de la pire espèce (pas moins d’une vingtaine !).
Si l’on ne verra jamais cette bouse de 2011 trôner auprès du chef d’œuvre de Milius et de la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX, on ne la verra même pas non plus scintiller au rayon des nanars sympas, que l’on aime quand même encore se passer, comme CONAN LE DESTRUCTEUR et KALIDOR, voire la série TV avec Ralph Moeller, qui ont au moins le mérite de nous faire sourire…

Yeeeeeeeeeeaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh !!! Jah rasta faraaaaaaaaaaiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!
THAT’S ALL, FOLKS !!!
Par rapport à la version Brucienne, tu as rajouté Conan l’aventurier plus la série télé avec le boeuf allemand… Je salue ces ajouts de « qualité » ;-).
Merci de venir commenter JP ! 🙂
À l’époque brucienne, déjà, on avait noté qu’il manquait ces séries-là.
Un commentateur sur FB me fait remarquer aujourd’hui qu’il manque le film KULL LE CONQUÉRANT. Je pense qu’il a raison. Va falloir que je revoie ma copie (que j’ai quand même pas mal bossée, mais manifestement pas assez !).
Ah c’est sûr que, « quand il manque Kull », ça craint… 😀
La vache ! Je l’avais pas vu arriver… Et pourtant ! 😆